vendredi 22 mai 2009

Que dire sur l'adoration ?

Des copines de fac m'ont proposée de venir avec elles à l'adoration... Il y a une adoration tous les 15 jours accompagnées de chants et de prières. Peux-tu m'en dire un peu plus sur l'adoration?

Que dire sur l'adoration ? Voici quelques mots suivis de discours du Pape
Benoit XVI aux jeunes sur l'adoration, cet été à Cologne.

Ce que l'on désigne habituellement par "adoration", c'est une forme de prière
particulière dite "d'adoration" devant le Pain eucharistique qui est "exposé",
montré, dans un "ostensoir". Pour nous, il ne s'agit pas de pain, mais, de la
présence de Jésus ressuscité qui est présent au milieu de nous, avec la même
intensité de présence que quand il se manifestait ressuscité à ses disciples.
Jésus, vrai Dieu et vrai homme, est là, il se donne à nous, il se montre à nous,
caché, sous l'apparence du pain.

L'adoration, c'est ainsi l'attitude que nous devons avoir en présence de Dieu,
attitude de silence, d'amour, de présence, en présence de Dieu qui est là et
qui s'offre à nous.

Le Pape Benoit XVI dit des choses assez simples, me semble-t-il, sur
l'adoration... Voici quelques extraits de ces derniers discours sur le sujet.

Si tu es capable d'en faire un résumé simple de ce que tu comprends, je suis
preneur, car c'est un sujet pas toujours facile à aborder avec les jeunes, et
pourtant, c'est un des éléments fondamentaux de notre foi.

Discours que le pape Benoît XVI a adressé jeudi 22 décembre 2005 à la curie
romaine, à l’occasion de la présentation des vœux de Noël.

La Journée mondiale de la Jeunesse est restée dans la mémoire de tous ceux qui
étaient présents comme un grand don. Plus d'un million de jeunes se sont
rassemblés dans la ville de Cologne, située au bord du Rhin, et dans les autres
villes voisines pour écouter ensemble la Parole de Dieu, pour prier ensemble,
pour recevoir les sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie, pour
chanter et se réjouir ensemble, pour profiter de l'existence et pour adorer et
recevoir le Seigneur eucharistique au cours des grandes rencontres du samedi
soir et du dimanche. Au cours de toutes ces journées c'est simplement la joie
qui a régné. En dehors des services d'ordre, la police n'a rien eu à faire – le
Seigneur avait rassemblé sa famille, dépassant de manière évidente chaque
frontière et barrière et, dans la grande communion entre nous, il nous a fait
faire l'expérience de sa présence. Le thème choisi pour ces journées – « Allons
l'adorer » – contenait deux grandes images qui, dès le début, fournirent
l'occasion d'une juste approche. Il y avait tout d'abord l'image du pèlerinage,
l'image de l'homme qui, en regardant au-delà de ses propres affaires et du
quotidien, se met à la recherche de sa destination essentielle, de la vérité,
de la juste voie, de Dieu. Cette image de l'homme en marche vers le but de la
vie contenait en soi encore deux indications claires. Il y avait tout d'abord
l'invitation à ne pas voir le monde qui nous entoure uniquement comme la
matière brute avec laquelle nous pouvons faire quelque chose, mais à chercher à
découvrir dans celui-ci la « calligraphie du Créateur », la raison créatrice et
l'amour dont le monde est né et dont nous parle l'univers, si nous sommes
attentifs, si nos sens intérieurs s'éveillent et acquièrent la perception des
dimensions les plus profondes de la réalité. Comme deuxième élément s'ajoutait
l'invitation à se mettre à l'écoute de la révélation historique qui, seule,
peut nous offrir la clef de lecture du mystère silencieux de la création, en
nous indiquant concrètement la voie vers le Maître du monde et de l'histoire
qui se cache dans la pauvreté de l'étable de Bethléem. L'autre image contenue
dans le thème de la Journée mondiale de la Jeunesse était l'homme en adoration:
« Nous sommes venus l'adorer ». Avant toute activité et toute transformation du
monde, il doit y avoir l'adoration. Elle seule nous rend véritablement libres ;
elle seule nous donne les critères pour notre action. Précisément dans un monde
où les critères d'orientation viennent progressivement à manquer et où existe
la menace que chacun fasse de soi-même son propre critère, il est fondamental
de souligner l'adoration. Pour tous ceux qui étaient présents, le silence
intense de ce million de jeunes reste inoubliable ; un silence qui nous
unissait et qui élevait chacun quand le Seigneur dans le Sacrement était déposé
sur l'autel. Nous conservons dans nos cœurs les images de Cologne : elles sont
une indication qui continue à agir. Sans mentionner des noms en particulier, je
voudrais en cette occasion remercier tous ceux qui ont rendu possible la Journée
mondiale de la Jeunesse ; mais remercions surtout ensemble le Seigneur, car, en
définitive, Lui seul pouvait nous donner ces journées telles que nous les avons
vécues.

La parole « adoration » nous conduit au deuxième grand événement dont je
voudrais parler : le Synode des Evêques et l'Année de l'Eucharistie. Le pape
Jean-Paul, avec l'encyclique Ecclesia de Eucharistia et avec la Lettre
apostolique Mane nobiscum Domine, nous avait déjà donné les indications
essentielles et, dans le même temps, avec son expérience personnelle de la foi
eucharistique, il avait concrétisé l'enseignement de l'Eglise. En outre, la
Congrégation pour le Culte divin, en lien étroit avec l'encyclique, avait
publié l'instruction Redemptionis Sacramentum comme support pratique pour la
juste application de la Constitution conciliaire sur la liturgie et de la
réforme liturgique. En plus de tout cela, était-il vraiment possible de dire
encore quelque chose de nouveau, de développer ultérieurement l'ensemble de la
doctrine ? Ce fut précisément la grande expérience du Synode quand, dans les
interventions des Pères, on a vu se refléter la richesse de la vie
eucharistique de l'Eglise aujourd'hui et que s'est manifesté le caractère
intarissable de sa foi eucharistique. Ce que les Pères ont pensé et exprimé
devra être présenté, en étroite liaison avec les Propositiones du Synode, dans
un document post-synodal. Je voudrais seulement souligner ici encore une fois
ce point, que nous venons de noter dans le contexte de la Journée mondiale de
la Jeunesse: l'adoration du Seigneur ressuscité, présent dans l'Eucharistie en
chair et en sang, corps et âme, avec sa divinité et son humanité. Il est
émouvant pour moi de voir comment, partout dans l'Eglise, la joie de
l'adoration eucharistique est en train de se réveiller, et que ses fruits se
manifestent. Au cours de la période de la réforme liturgique, la Messe et
l'adoration en dehors de la Messe étaient souvent considérées comme en
opposition : le Pain eucharistique ne nous aurait pas été donné pour être
contemplé, mais pour être mangé, selon une objection alors courante. Dans
l'expérience de prière de l'Eglise s'est désormais manifestée le manque de sens
d'une telle opposition. Augustin avait déjà dit : «...nemo autem illam carnem
manducat, nisi prius adoraverit;... peccemus non adorando – Que personne ne
mange cette chair sans auparavant l'adorer ;... nous pécherions si nous ne
l'adorions pas » (cf. Enarr; in Ps 98, 9 CCL XXXOX 1385). De fait, dans
l'Eucharistie nous ne recevions pas simplement quelque chose. Celle-ci est la
rencontre et l'unification de personnes ; cependant, la personne qui vient à
notre rencontre et qui désire s'unir à nous est le Fils de Dieu. Une telle
unification ne peut se réaliser que selon la modalité de l'adoration. Recevoir
l'Eucharistie signifie adorer Celui que nous recevons. Ce n'est qu'ainsi, et
seulement ainsi, que nous devenons une seule chose avec Lui. C'est pourquoi le
développement de l'adoration eucharistique, telle qu'elle a pris forme au cours
du Moyen-âge, était la conséquence la plus cohérente du mystère eucharistique
lui-même : un accueil profond et véritable ne peut mûrir que dans l'adoration.
C'est précisément dans cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que
mûrit ensuite également la mission sociale qui est contenue dans l'Eucharistie
et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais
également et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres.



Homélie de Benoît XVI prononcée lors de la messe de clôture des JMJ à Cologne


COLOGNE, Dimanche 21 août 2005 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous l’homélie
que Benoît XVI a prononcée ce dimanche lors de la messe de clôture des XXe
Journées mondiales de la Jeunesse de Cologne, qui s’est déroulée à Marienfeld,
à un peu moins de 30 kilomètres de Cologne.
* * *


[En allemand]

Chers jeunes!

Devant la sainte Hostie, dans laquelle Jésus s’est fait pour nous pain qui
soutient et nourrit notre vie de l’intérieur (cf. Jn 6, 35), nous avons
commencé hier soir le cheminement intérieur de l’adoration. Dans l’Eucharistie,
l’adoration doit devenir union. Dans la Célébration eucharistique, nous nous
trouvons en cette "heure" de Jésus dont parle l’Évangile de Jean. Grâce à
l’Eucharistie son "heure" devient notre heure, sa présence au milieu de nous.
Avec ses disciples, Il a célébré la cène pascale d’Israël, le mémorial de
l’action libératrice de Dieu qui avait conduit Israël de l’esclavage à la
liberté. Jésus suit les rites d’Israël. Il récite sur le pain la prière de
louange et de bénédiction. Mais ensuite, se produit quelque chose de nouveau.
Il ne remercie pas Dieu seulement pour ses grandes œuvres du passé; il le
remercie pour sa propre exaltation, qui se réalisera par la Croix et la
Résurrection, et il s’adresse aussi aux disciples avec des mots qui contiennent
la totalité de la Loi et des Prophètes: "Ceci est mon Corps donné pour vous en
sacrifice. Ce calice est la Nouvelle Alliance en mon Sang". Il distribue alors
le pain et le calice, et en même temps il leur confie la mission de redire et
de refaire toujours de nouveau en sa mémoire ce qu’il est en train de dire et
de faire en ce moment.

Qu’est ce qui est en train de se passer? Comment Jésus peut-il donner son Corps
et son Sang? Faisant du pain son Corps et du vin son Sang, il anticipe sa mort,
il l’accepte au plus profond de lui-même et il la transforme en un acte d’amour.
Ce qui de l’extérieur est une violence brutale, devient de l’intérieur l’acte
d’un amour qui se donne totalement. Telle est la transformation substantielle
qui s’est réalisée au Cénacle et qui visait à faire naître un processus de
transformations, dont le terme ultime est la transformation du monde jusqu’à ce
que Dieu soit tout en tous (cf. 1 Co 15, 28). Depuis toujours, tous les hommes,
d’une manière ou d’une autre, attendent dans leur cœur un changement, une
transformation du monde. Maintenant se réalise l’acte central de transformation
qui est seul en mesure de renouveler vraiment le monde: la violence se
transforme en amour et donc la mort en vie. Puisque cet acte change la mort en
amour, la mort comme telle est déjà dépassée au plus profond d’elle-même, la
résurrection est déjà présente en elle. La mort est, pour ainsi dire,
intimement blessée, de telle sorte qu’elle ne peut avoir le dernier mot. Pour
reprendre une image qui nous est familière, il s'agit d’une fission nucléaire
portée au plus intime de l’être – la victoire de l’amour sur la haine, la
victoire de l’amour sur la mort. Seule l’explosion intime du bien qui vainc le
mal peut alors engendrer la chaîne des transformations qui, peu à peu,
changeront le monde. Tous les autres changements demeurent superficiels et ne
sauvent pas. C’est pourquoi nous parlons de rédemption: ce qui du plus profond
était nécessaire se réalise, et nous pouvons entrer dans ce dynamisme. Jésus
peut distribuer son Corps, parce qu’il se donne réellement lui-même.

[En anglais]
Cette première transformation fondamentale de la violence en amour, de la mort
en vie, entraîne à sa suite les autres transformations. Le pain et le vin
deviennent son Corps et son Sang. Cependant, la transformation ne doit pas s’en
arrêter là, c'est plutôt à ce point qu'elle doit commencer pleinement. Le Corps
et le Sang du Christ nous sont donnés afin que, nous-mêmes, nous soyons
transformés à notre tour. Nous-mêmes, nous devons devenir Corps du Christ,
consanguins avec Lui. Tous mangent l’unique pain, mais cela signifie qu’entre
nous nous devenions une seule chose. L’adoration, avons-nous dit, devient ainsi
union. Dieu n’est plus seulement en face de nous, comme le Totalement autre. Il
est au-dedans de nous, et nous sommes en Lui. Sa dynamique nous pénètre et, à
partir de nous, elle veut se propager aux autres et s’étendre au monde entier,
pour que son amour devienne réellement la mesure dominante du monde. Je trouve
une très belle allusion à ce nouveau pas que la dernière Cène nous pousse à
faire dans les différents sens que le mot "adoration" a en grec et en latin. Le
mot grec est proskynesis. Il signifie le geste de la soumission, la
reconnaissance de Dieu comme notre vraie mesure, dont nous acceptons de suivre
la règle. Il signifie que liberté ne veut pas dire jouir de la vie, se croire
absolument autonomes, mais s’orienter selon la mesure de la vérité et du bien,
pour devenir de cette façon, nous aussi, vrais et bons. Cette attitude est
nécessaire, même si, dans un premier temps, notre soif de liberté résiste à une
telle perspective. Il ne sera possible de la faire totalement nôtre que dans le
second pas que la dernière Cène nous entrouvre. Le mot latin pour adoration est
ad-oratio – contact bouche à bouche, baiser, accolade et donc en définitive
amour. La soumission devient union, parce que celui auquel nous nous soumettons
est Amour. Ainsi la soumission prend un sens, parce qu’elle ne nous impose pas
des choses étrangères, mais nous libère à partir du plus profond de notre être.

[En français]
Revenons encore à la dernière Cène. La nouveauté qui s’y est produite, résidait
dans la nouvelle profondeur que prenait l’ancienne prière de bénédiction
d’Israël, qui devient alors la parole de la transformation et nous donne à nous
de participer à l’heure du Christ. Jésus ne nous a pas donné la mission de
répéter la Cène pascale, qui, du reste, en tant qu’anniversaire, ne peut pas se
répéter à volonté. Il nous a donné la mission d’entrer dans son "heure". Nous y
entrons grâce à la parole qui vient du pouvoir sacré de la consécration – une
transformation qui se réalise par la prière de louange, qui nous met en
continuité avec Israël et avec toute l’histoire du salut, et qui en même temps
nous donne la nouveauté vers laquelle cette prière tendait par sa nature la
plus profonde. Cette prière – appelée par l’Église "prière eucharistique" –
constitue l’Eucharistie. Elle est parole de pouvoir, qui transforme les dons de
la terre de façon tout à fait nouvelle en don de soi de Dieu et qui nous engage
dans ce processus de transformation. C’est pourquoi nous appelons cet événement
Eucharistie, traduction du mot hébraïque beracha – remerciement, louange,
bénédiction, et ainsi transformation à partir du Seigneur: présence de son
"heure". L’heure de Jésus est l’heure où l’amour est vainqueur. En d’autres
termes: c’est Dieu qui a vaincu, parce qu’il est l’Amour. L’heure de Jésus veut
devenir notre heure et elle le deviendra, si nous-mêmes, par la célébration de
l’Eucharistie, nous nous laissons entraîner dans ce processus de
transformations que le Seigneur a en vue. L’Eucharistie doit devenir le centre
de notre vie. Ce n’est ni positivisme ni soif de pouvoir, si l’Église nous dit
que l’Eucharistie fait partie du dimanche. Au matin de Pâques, les femmes en
premier, puis les disciples, eurent la grâce de voir le Seigneur. Depuis lors,
ils surent que désormais le premier jour de la semaine, le dimanche, serait son
jour à Lui, le jour du Christ. Le jour du commencement de la création devenait
le jour du renouvellement de la création. Création et rédemption vont ensemble.
C’est pour cela que le dimanche est aussi important. Il est beau qu’aujourd’hui,
dans de nombreuses cultures, le dimanche soit un jour libre ou, qu’avec le
samedi, il constitue même ce qu’on appelle le "week-end" libre. Ce temps libre,
toutefois, demeure vide si Dieu n’y est pas présent. Chers amis! Quelquefois,
dans un premier temps, il peut s’avérer plutôt mal commode de devoir prévoir
aussi la Messe dans le programme du dimanche. Mais si vous en prenez
l’engagement, vous constaterez aussi que c’est précisément ce qui donne le
juste centre au temps libre. Ne vous laissez pas dissuader de participer à
l’Eucharistie dominicale et aidez aussi les autres à la découvrir. Parce que la
joie dont nous avons besoin se dégage d’elle, nous devons assurément apprendre à
en comprendre toujours plus la profondeur, nous devons apprendre à l’aimer.
Engageons-nous en ce sens – cela en vaut la peine! Découvrons la profonde
richesse de la liturgie de l’Église et sa vraie grandeur: nous ne faisons pas
la fête pour nous, mais c’est au contraire le Dieu vivant lui-même qui prépare
une fête pour nous. En aimant l’Eucharistie, vous redécouvrirez aussi le
sacrement de la Réconciliation, dans lequel la bonté miséricordieuse de Dieu
permet toujours un nouveau commencement à notre vie.

[En italien]
Qui a découvert le Christ se doit de conduire les autres vers Lui. On ne peut
garder pour soi une grande joie. Il faut la transmettre. Dans de vastes parties
du monde, il existe aujourd’hui un étrange oubli de Dieu. Il semble que rien ne
change même s’il n’est pas là. Mais, en même temps, il existe aussi un
sentiment de frustration, d’insatisfaction de tout et de tous. On ne peut alors
que s’exclamer: Il n’est pas possible que ce soit cela la vie! Non vraiment. Et
alors conjointement à l’oubli de Dieu, il existe comme un "boom" du religieux.
Je ne veux pas discréditer tout ce qu’il y a dans cette tendance. Il peut y
avoir aussi la joie sincère de la découverte. Mais dans ce contexte, la
religion devient presque un produit de consommation. On choisit ce qui plaît,
et certains savent aussi en tirer un profit. Mais la religion recherchée comme
une sorte de "bricolage", en fin de compte ne nous aide pas. Elle est commode,
mais dans les moments de crise, elle nous abandonne à nous-mêmes. Aidez les
hommes à découvrir la véritable étoile qui nous indique la route: Jésus Christ!
Nous aussi, nous cherchons à le connaître toujours mieux pour pouvoir conduire
les autres vers lui de manière convaincante. C’est pourquoi il est si important
d’aimer la Sainte Écriture et, par conséquent, de connaître la foi de l’Église
qui nous ouvre le sens de l’Écriture. C’est l’Esprit Saint qui guide l’Église
dans sa foi en croissance, et c’est Lui qui l’a faite et qui la fait pénétrer
toujours plus dans les profondeurs de la vérité (cf. Jn 16, 13). Le Pape
Jean-Paul II nous a donné une œuvre merveilleuse, dans laquelle la foi des
siècles est expliquée de façon synthétique: le Catéchisme de l’Église
catholique. Moi-même, récemment, j’ai pu présenter l’Abrégé de ce Catéchisme,
qui a été élaboré à la demande du Pape défunt. Ce sont deux livres fondamentaux
que je voudrais vous recommander à tous.

[En espagnol]
Évidemment, les livres à eux seuls ne suffisent pas. Formez des communautés
fondées sur la foi! Au cours des dernières décennies sont nés des mouvements et
des communautés dans lesquelles la force de l’Évangile se fait sentir avec
vigueur. Cherchez la communion dans la foi en étant ensemble des compagnons de
route qui continuent à suivre le chemin du grand pèlerinage que les Mages
d’Orient nous ont indiqué les premiers ! La spontanéité des nouvelles
communautés est importante, mais il est aussi important de conserver la
communion avec le Pape et avec les Évêques. Ce sont eux qui garantissent qu’on
ne recherche pas des sentiers privés, mais au contraire qu’on vit dans la
grande famille de Dieu que le Seigneur a fondée avec les douze Apôtres.

[En allemand]
Encore une fois je dois revenir à l’Eucharistie. "Puisqu’il y a un seul pain, la
multitude que nous sommes est un seul corps" dit saint Paul (1 Co 10, 17). En
cela il entend dire: Puisque nous recevons le même Seigneur et que Lui nous
accueille et nous attire en lui, nous sommes une seule chose aussi entre nous.
Cela doit se manifester dans la vie. Cela doit se voir dans la capacité à
pardonner. Cela doit se manifester dans la sensibilité aux besoins de l’autre.
Cela doit se manifester dans la disponibilité à partager. Cela doit se
manifester dans l’engagement envers le prochain, celui qui est proche comme
celui qui est extérieurement loin, mais qui nous regarde toujours de près. Il
existe aujourd’hui des formes de bénévolat, des modèles de service mutuel, dont
notre société a précisément un besoin urgent. Nous ne devons pas, par exemple,
abandonner les personnes âgées à leur solitude, nous ne devons pas passer à
côté de ceux qui souffrent. Si nous pensons et si nous vivons dans la communion
avec le Christ, alors nos yeux s’ouvriront. Alors nous ne nous contenterons plus
de vivoter, préoccupés seulement de nous-mêmes, mais nous verrons où et comment
nous sommes nécessaires. En vivant et en agissant ainsi, nous nous apercevrons
bien vite qu’il est beaucoup plus beau d’être utiles et d’être à la disposition
des autres que de se préoccuper seulement des facilités qui nous sont offertes.
Je sais que vous, en tant que jeunes, vous aspirez aux grandes choses, que vous
voulez vous engager pour un monde meilleur. Montrez-le aux hommes, montrez-le au
monde, qui attend justement ce témoignage des disciples de Jésus Christ et qui,
surtout par votre amour, pourra découvrir l’étoile que, comme croyants, nous
suivons.
Allons de l’avant avec le Christ et vivons notre vie en vrais adorateurs de Dieu
! Amen !

ENTRER DANS L’ADORATION AVEC LE PAPE BENOIT XVI
14 septembre 2008 : Méditation pour la procession eucharistique sur la Prairie


Seigneur Jésus, tu es là ! Et vous, mes frères, mes sœurs, mes amis, Vous êtes là, avec moi, devant Lui ! Seigneur, voici deux mille ans, tu as accepté de monter sur une Croix d'infamie pour ensuite ressusciter et demeurer à jamais avec nous (...) tes frères, tes sœurs ! Et vous, mes frères, mes sœurs, mes amis, Vous acceptez de vous laisser saisir par Lui. Nous Le contemplons.
Nous L'adorons. Nous L'aimons. Nous cherchons à L'aimer davantage.

Nous contemplons Celui qui, au cours de son repas pascal, a donné son Corps et son Sang à ses disciples, pour être avec eux « tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 20).
Nous adorons Celui qui est au principe et au terme de notre foi, Celui sans qui nous ne serions pas là ce soir, Celui sans qui nous ne serions pas du tout, Celui sans qui rien ne serait, rien, absolument rien ! Lui, par qui « tout a été fait » (Jn 1, 3), Lui en qui nous avons été créés, pour l'éternité, Lui qui nous a donné son propre Corps et son propre Sang, Il est là, ce soir, devant nous, offert à nos regards.
Nous aimons - et nous cherchons à aimer davantage - Celui qui est là, devant nous, offert à nos regards, à nos questions peut-être, à notre amour.
Que nous marchions - ou que nous soyons cloués sur un lit de souffrance, que nous marchions dans la joie - ou que nous soyons dans le désert de l'âme (cf. Nb 21, 5), Seigneur, prends-nous tous dans ton Amour : dans l'Amour infini, qui est éternellement Celui du Père pour le Fils et du Fils pour le Père, celui du Père et du Fils pour l'Esprit, et de l'Esprit pour le Père et pour le Fils.
L'Hostie Sainte exposée à nos yeux dit cette Puissance infinie de l'Amour manifestée sur la Croix glorieuse. L'Hostie Sainte nous dit l'incroyable abaissement de Celui qui s'est fait pauvre pour nous faire riches de Lui, Celui qui a accepté de tout perdre pour nous gagner à son Père. L'Hostie Sainte est le Sacrement vivant, efficace de la présence éternelle du Sauveur des hommes à son Église.

Mes frères, mes sœurs, mes amis, Acceptons, acceptez de vous offrir à Celui qui nous a tout donné, qui est venu non pour juger le monde, mais pour le sauver (cf. Jn 3, 17), acceptez de reconnaître la présence agissante en vos vies de Celui qui est ici présent, exposé à nos regards. Acceptez de Lui offrir vos propres vies!
Marie, la Vierge sainte, Marie, l'Immaculée Conception, a accepté, voici deux mille ans, de tout donner, d'offrir son corps pour accueillir le Corps du Créateur. Tout est venu du Christ, même Marie ; tout est venu par Marie, même le Christ.
Marie, la Vierge sainte, est avec nous ce soir, devant le Corps de son Fils, cent cinquante ans après s'être révélée à la petite Bernadette.
Vierge sainte, aidez-nous à contempler, aidez-nous à adorer, aidez-nous à aimer, à aimer davantage Celui qui nous a tant aimés, pour vivre éternellement avec Lui.
Une foule immense de témoins est invisiblement présente à nos côtés, tout près de cette grotte bénie et devant cette église voulue par la Vierge Marie ;
la foule de tous ceux et de toutes celles qui ont contemplé, vénéré, adoré, la présence réelle de Celui qui s'est donné à nous jusqu'à sa dernière goutte de sang ;
la foule de tous ceux et de toutes celles qui ont passé des heures à L'adorer dans le Très Saint Sacrement de l'autel.
Ce soir, nous ne les voyons pas, mais nous les entendons qui nous disent, à chacun et à chacune d'entre nous : « Viens, laisse-toi appeler par le Maître ! Il est là ! Il t'appelle (cf. Jn 11, 28) ! Il veut prendre ta vie et l'unir à la sienne. Laisse-toi saisir par Lui. Ne regarde plus tes blessures, regarde les siennes. Ne regarde pas ce qui te sépare encore de Lui et des autres ; regarde l'infinie distance qu'Il a abolie en prenant ta chair, en montant sur la Croix que Lui ont préparée les hommes et en se laissant mettre à mort pour te montrer son amour. Dans ses blessures, Il te prend ; dans ses blessures, II t'y cache (...), ne te refuse pas à son Amour ! ».
La foule immense de témoins qui s'est laissée saisir par son Amour, c'est la foule des saints du ciel qui ne cessent d'intercéder pour nous. Ils étaient pécheurs et le savaient, mais ils ont accepté de ne pas regarder leurs blessures et de ne plus regarder que les blessures de leur Seigneur, pour y découvrir la gloire de la Croix, pour y découvrir la victoire de la Vie sur la mort. Saint Pierre-Julien Eymard nous dit tout, lorsqu'il s'écrie : « La sainte Eucharistie, c'est Jésus-Christ passé, présent et futur » ( Sermons et instructions paroissiales d'après 1856, 4-2,1. De la méditation).
Jésus-Christ passé, dans la vérité historique de la soirée au cénacle, où nous ramène toute célébration de la sainte Messe.
Jésus-Christ présent, parce qu'il nous dit : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps, ceci est mon sang ». « Ceci EST », au présent, ici et maintenant, comme dans tous les ici et maintenant de l'histoire des hommes. Présence réelle, présence qui dépasse nos pauvres lèvres, nos pauvres cœurs, nos pauvres pensées. Présence offerte à nos regards comme ici, ce soir, près de cette grotte où Marie s'est révélée comme l'Immaculée Conception.
L'Eucharistie est aussi Jésus-Christ futur, Jésus-Christ à venir. Lorsque nous contemplons l'Hostie Sainte, son Corps de gloire transfiguré et ressuscité, nous contemplons ce que nous contemplerons dans l'éternité, en y découvrant le monde entier porté par son Créateur à chaque seconde de son histoire. Chaque fois que nous Le mangeons, mais aussi chaque fois que nous Le contemplons, nous L'annonçons, jusqu'à ce qu'Il revienne, « donec veniat ». C'est pourquoi nous Le recevons avec un infini respect.
Certains parmi nous ne peuvent pas ou ne peuvent pas encore Le recevoir dans le Sacrement, mais ils peuvent Le contempler avec foi et amour, et exprimer le désir de pouvoir s'unir à Lui. C'est un désir qui a une grande valeur aux yeux de Dieu. Ceux-ci attendent son retour avec plus d'ardeur ; Ils attendent Jésus-Christ à venir.
Lorsqu'une amie de Bernadette lui posa la question le lendemain de sa première communion : « De quoi as-tu été la plus heureuse : de la première communion ou des apparitions ? », Bernadette répondit : « Ce sont deux choses qui vont ensemble, mais ne peuvent être comparées - J'ai été heureuse dans les deux » (Emmanuélite Estrade, 4 juin 1858). Et son curé témoignait à l'Évêque de Tarbes au sujet de sa première communion : « Bernadette fut d'un grand recueillement, d'une attention qui ne laissait rien à désirer ... Elle apparaissait bien pénétrée de l'action sainte qu'elle faisait. Tout se développe en elle d'une façon étonnante ».
Avec Pierre-Julien Eymard et avec Bernadette, nous invoquons le témoignage de tant et tant de saints et de saintes qui ont eu pour la sainte Eucharistie le plus grand amour. Nicolas Cabasilas s'écrie et nous dit ce soir : « Si le Christ demeure en nous, de quoi avons-nous besoin ? Que nous manque-t-il ? Si nous demeurons en Christ, que pouvons-nous désirer de plus ? Il est notre hôte et notre demeure. Heureux sommes-nous d'être Sa maison ! Quelle joie d'être nous-mêmes la demeure d'un tel habitant ! » (La vie en Jésus-Christ, IV, 6).
Le bienheureux Charles de Foucauld est né en 1858, l'année même des apparitions de Lourdes. Non loin de son corps raidi par la mort, se trouvait, comme le grain de blé jeté à terre, la lunule contenant le Saint-Sacrement que frère Charles adorait chaque jour durant de longues heures. Le Père de Foucauld nous livre la prière de l'intime de son cœur, une prière adressée à notre Père, mais qu'avec Jésus nous pouvons en toute vérité faire nôtre devant la Sainte Hostie:

« 'Mon Père, je remets mon esprit entre Vos mains'.
C'est la dernière prière de notre Maître, de notre Bien-Aimé... Puisse-t-elle être la nôtre, et qu'elle soit non seulement celle de notre dernier instant, mais celle de tous nos instants :
Mon Père, je me remets entre vos mains ; mon Père, je me confie à vous ; mon Père, je m'abandonne à Vous ; mon Père, faites de moi ce qu'il Vous plaira ; quoi que Vous fassiez de moi, je Vous remercie ; merci de tout ; je suis prêt à tout, j'accepte tout ; je Vous remercie de tout. Pourvu que Votre volonté se fasse en moi, mon Dieu, pourvu que Votre volonté se fasse en toutes Vos créatures, en tous Vos enfants, en tous ceux que Votre cœur aime, je ne désire rien d'autre, mon Dieu ; je remets mon âme entre Vos mains ; je Vous la donne, mon Dieu, avec tout l'amour de mon cœur, parce que je Vous aime, et que ce m'est un besoin d'amour de me donner, de me remettre entre Vos mains, sans mesure, avec une infinie confiance, car Vous êtes mon Père » (Méditation sur les Saints Évangiles).

Frères et sœurs bien-aimés, pèlerins d'un jour et habitants de ces vallées, frères évêques, prêtres, diacres, religieux, religieuses, vous tous qui voyez devant vous l'infini abaissement du Fils de Dieu et la gloire infinie de la Résurrection, restez en silence et adorez votre Seigneur, notre Maître et Seigneur Jésus le Christ. Restez en silence, puis parlez et dites au monde : nous ne pouvons plus taire ce que nous savons. Allez dire au monde entier les merveilles de Dieu, présent à chaque moment de nos vies, en tout lieu de la terre. Que Dieu nous bénisse et nous garde, qu'Il nous conduise sur le chemin de la vie éternelle, Lui qui est la Vie, pour les siècles des siècles. Amen.

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On y trouve quelques causeries faites ici ou là ainsi que des textes, des références...
Il est tout à fait irrégulier dans ses contributions.
On peut chercher et trouver d'excellentes contribution sur le portail du Service National de Pastorale Liturgique et Sacramentelle : http://www.liturgiecatholique.fr/ ou bien sur les liens de ce blog ; liens variés...

Abbé Pierre Deprecq

Toute question de LITURGIE a sa réponse...

Quel est le sens de la liturgie? de la bénédiction? de l'encensement? des sacrements? Que signifient les gestes du prêtre ? ...
Toute question de LITURGIE a sa réponse...
Ce blog donne un écho de quelques questions et réponses à reçues et données à partir du site du diocèse de Bordeaux : http://catholique-bordeaux.cef.fr/
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