vendredi 22 mai 2009

anamnèse, épiclèse, alliance... comment comprendre ?

Excusez le mauvais libellé de ma question : Je voudrais comprendre ce que c'est anamnèse - l'épiclèse - alliance etc. déchiffrer un peu le déroulement de l'Eucharistie et y a-t-il une corrélation entre AT. et le NT, qu'est-ce que le salut ? J'espère que vous comprendrez ma question.

Vos questions mériteraient de suivre tout un cours sur l'eucharistie. Ne sachant
pas qui vous êtes, je vous donne ce que je donne un condensé de ce que je donne
à mes élèves... Tout celà mériterait de plus amples explications.
IL EST GRAND LE MYSTERE DE LA FOI, disons nous au coeur de chaque eucharistie !

En liturgie, l'anamnèse fait référence à la mémoire du ressuscité
(Jésus-Christ). Dans l'eucharistie, l'anamnèse est l'acclamation qui suit la
consécration, après la prière eucharistique : "Nous proclamons ta mort,
Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la
gloire"... Et le prêtre continue par une anamnèse aussi : faisant ici MEMOIRE,
de la mort et de la résurrection de ton Fils... Il s'agit de la réponse à la
demande de Jésus qui a demandé à ses disciples : "vous ferez celà en MEMOIRE de
moi"

L'Epiclèse (éthymologiquement : "appeler sur"), est une prière par laquelle
l'Eglise appelle l'Esprit Saint sur le Pain et le vin pour qu'ils deviennent le
corps et le sang du Christ et sur l'assemblée, pour qu'elle devienne le corps
du Christ...

Quant aux rapports entre l'eucharistie, l'Ancien et le Nouveau Testament, voici
quelques éléments qui auraient mérités d'être mis un peu plus en ordre...
Il s'agit des notes explicatives des paroles de Jésus lors du dernier repas avec
ses disciples. On les trouve dans les bibles TOB et BJ. Un peu plus loin, vous
avez quelques passages de l'Ancien Testament en lien avec les paroles de Jésus
sur le Pain et le vin et plus loin encore quelques extraits du catéchisme de
l'Eglise catholique.

En lisant et en méditant tout celà vous pourrez certainement entrer dans une
meilleure intelligence de l'eucharistie. Mais, rien ne remplace de suivre un
bon cours ou de lire un bon livre. Et il en existe...

LES RECITS DE L’INSTITUTION :
LES NOTES DES BIBLES. (TOB, BJ)

Matthieu 26, 26 – 29.
h. En insérant dans le récit de la Passion une tradition de forme et d’origine
liturgique, Mt veut montrer comment Jésus a compris sa mort, à savoir qu’il eut
pleinement conscience de verser son sang pour que soient remis les péchés des
hommes ; cette tradition manifestait l’origine et le sens d’un rite pratiqué
dans la communauté ; Mt présuppose, sans le dire explicitement comme Lc (22,
19) ou Paul (1 Co 11, 24), que les disciples doivent faire ceci en mémoire de
Jésus. Sur l’initiative de Jésus, il s’agit non pas simplement de se souvenir
de cet événement, ni de réitérer la Cène, mais d’actualiser le geste
sacrificiel accompli par Jésus à la Croix et d’anticiper le banquet
eschatologique. (TOB). On est arrivé au centre du repas pascal. C’est sur des
gestes solennels du rituel juif (bénédictions à Yahvé prononcées sur le pain et
le vin) que Jésus greffe les rites sacramentels du culte nouveau qu’il instaure.
(BJ)
i. Corps. A cause des mots prenez, mangez, cette parole ne peut être ramenée à
une simple comparaison (de même que le pain est rompu, de même mon corps le
sera). D’autre part, le verbe est (sans correspondant habituel dans la tournure
sémitique sous-jacente) ne suffit pas à établir l’identité du pain et du corps.
Pour préciser la nature de cette identité, il faut relier les paroles sur le
pain et le vin à Celui qui les prononça et au repas où elles déploient leur
sens ; il faut aussi remarquer l’atmosphère pascale de ce repas (cf. le sang de
l’alliance) et sa portée sacrificielle (sang offert pour la multitude) ; il
rendit grâce : « Rendre grâces » traduit ici le verbe grec eucharistô, dont le
substantif eucharistia, « action de grâces », a été adopté par le langage
chrétien pour désigner la dernière Cène. (BJ)
j. En versant son sang sur la croix, Jésus mène à son terme l’Alliance qui jadis
avait scellée au Sinaï par le sang des victimes (Ex 24, 4-8) ; il annonce
implicitement que s’accomplit aussi l’Alliance nouvelle prédite par les
prophètes (Jr 31, 31-34) et il proclame la valeur universelle de son sacrifice
pour la multitude, c’est à dire, selon le sens sémitique de la formule, pour
l’ensemble des hommes (Cf. Is 53, 12) (TOB). Comme Jadis au Sinaï, le sang des
victimes scella l’alliance de Yahvé avec son peuple, de même, sur la Croix, le
sang de la victime parfaite, Jésus, va sceller entre Dieu et les hommes
l’alliance « nouvelle », qu’ont annoncée les prophètes. Jésus s’attribue la
mission de rédemption universelle assignée par Isaïe au « Serviteur de Yahvé ».
L’idée de nouvelle alliance intervient chez Paul, en divers contextes qui en
révèlent la grande importance. (BJ)
k. Le dernier jour
l. Ce verset d’origine probablement non cultuelle, donne la visée eschatologique
du dernier repas de Jésus et exprime la ferme espérance de participer au Royaume
du ciel. (Cf. Mt 8, 11) (TOB). C’en est fini des repas terrestres de Jésus avec
ses disciples. (BJ)
m. Les psaumes du Hallel (Ps 113-118) dont la récitation achevait le repas
pascal.
Autres renvois signalés par la TOB.
Za 9, 11-17 : Le rétablissement d'Israël
Toi aussi, pour le sang de ton alliance, j'ai renvoyé tes captifs de la fosse
où il n'y a pas d'eau. Revenez vers la place forte, captifs pleins d'espoir.
Aujourd'hui même, je le déclare, c'est le double que je vais te rendre. Car
j'ai tendu pour moi Juda, j'ai garni l'arc avec Ephraïm; je vais exciter tes
fils, Sion, contre tes fils, Yavân, et je ferai de toi comme l'épée d'un
vaillant. Alors Yahvé apparaîtra au-dessus d'eux et sa flèche jaillira comme
l'éclair. (Le Seigneur) Yahvé sonnera de la trompe, il s'avancera dans les
ouragans du sud. Yahvé Sabaot sera leur protection, ils dévoreront, ils
piétineront les pierres de fronde, ils boiront le sang comme si c'était du vin,
ils en seront gorgés comme un vase à aspersions, comme les angles de l'autel. Et
il les sauvera, Yahvé leur Dieu, en ce jour-là, comme les brebis qui sont son
peuple ; oui, les pierres d'un diadème scintilleront sur sa terre. Qu'il sera
beau! Qu'il sera splendide! Le blé fera s'épanouir les jeunes gens et le vin
doux, les vierges.

He 9, 20 : Supériorité de l'institution par le sang du Christ : Ceci est le sang
de l'alliance que Dieu a ordonnée pour vous



Marc 14, 22-25
f. Litt. Ceci est mon sang de l’Alliance. L’expression sang de l’alliance est
celle d’Ex 24, 8.
i. Le Royaume de Dieu est ici présenté sous l’image du festin messianique. (Cf.
Is 25, 6)

Luc 22, 15-20
x. Luc présente plusieurs éléments qui lui sont propres : le désir de Jésus (v.
15), l’évocation de la Pâque ancienne qui va s’accomplir dans le Royaume (vv.
16-18). Sa formule eucharistique est proche de celle de Paul (1 Co 11, 23-25).
y. Il se mit à table. Litt. Il s’étendit. (cf. Lc 7, 36, note z.)
z. Jésus n’emploie jamais ce terme autrement que pour désigner sa propre
passion. Il est possible que ce soit une référence aux prophéties d’Isaïe 53,
4. 8-12. Dans certains cas, le mot a le sens général de souffrances. Mais, chez
Luc, il a aussi le sens précis de mort ; ce doit être le sens ici.
b. Le repas rituel de la Pâque, mémorial de la libération d’Israël (Ex 12), est
présenté ici comme la préfiguration prophétique (le type) du repas messianique
du peuple de Dieu dans le salut définitif. Sur ce repas, cf. Lc 13, 28 note y.
c. Le Royaume est l’expression classique du judaïsme et des évangiles pour
décrire le salut comme un lieu de bonheur et de paix, dans la présence de Dieu.
d. On présente à Jésus la coupe parce qu’il est le président du repas pascal. Lc
est seul à mentionner cette première coupe, puisque Mt et Mc ne décrivent pas le
repas pascal.
e. Le mot grec est le même que pour le Royaume de Dieu au v. 16. Mais, ici, il
ne s’agit plus d’un lieu ; il est question de la seigneurie divine qui doit se
manifester en plénitude à la fin des temps.
f. Mt et Mc rapportent cette parole d’espérance après la présentation de la
coupe eucharistique.
h. Ici, comme au v. 20 et chez Paul (1 Co 11, 24-25), la parole de Jésus
s’adresse directement aux assistants (tandis qu’en Mt 26, 28 et Mc 14, 24, le
sang de Jésus est versé pour la multitude). Cette formule pourrait être une
précision liturgique à l’adresse des fidèles qui participent à l’eucharistie.
i. Cette formule, qu’on retrouve chez Paul (1 Co 11, 24-25) est absente de Mt et
Mc. Elle définit le repas eucharistique comme le mémorial du sacrifice de Jésus,
à la façon du repas pascal d’Israël (Ex 12, 14 ; 13, 9 ; Dt 16, 3 )
j. Seuls Lc et Paul (1 Co 11, 25) ont ici l’adjectif nouvelle qui rappelle la
prophétie fameuse de Jr 31, 31-34. Le sacrifice de Jésus (son sang : Ex 24, 8)
inaugure ce temps de salut.
k. La place de l’annonce de la trahison après le don du pain et du vin, à la
différence de Mt et Mc ; il veut sans doute regrouper toutes les paroles de
Jésus après son acte essentiel ; il marque aussi que Judas a participé comme
les douze au repas de la nouvelle alliance.

Saint Paul : 1 Co 11, 23-26
h. C’est-à-dire, une tradition qui remonte au Seigneur.
i. La tradition paulinienne relative au dernier repas de Jésus est très proche
de celle de Lc 22, 14-20.
l. Non que le coupable ait confondu le pain eucharistique avec les autres
aliments de son repas, mais parce qu’il n’a pas su apprécier les exigences que
comporte la réception du Corps du Christ.
Autres renvois signalés par la BJ.
Ap 22, 17, 20 ; He 8, 6–13.
Autres textes bibliques à lire en lien avec les gestes et les paroles de Jésus
rapportés par les récits de l’institution.
Exode 30, 1-10 : L’autel de l’encens ; Ez 43, 13-27 : L'autel ; Ez 45, 13-24.
Offrande pour le culte, purification, la Pâque ; Lévitique 4, 1-12 : Rituel du
sacrifice pour le péché ; Exode 24, 1-11 : Conclusion d'Alliance. 1 Co 11, 20 :
l’expression « Repas du Seigneur ». La « Fraction du pain » (Luc 24, 35 – Actes
2, 42, Actes 2, 46 ; 20, 11 : « Rompre le pain » ; dans St Jean « le Repas »
(Jn 21, 20). Festin des noces de l'Agneau (cf. Ap 19,9 ) dans la Jérusalem
céleste.


Conclusion d'Alliance : Ex 24, 4-11 : Moïse mit par écrit toutes les paroles
de Yahvé puis, se levant de bon matin, il bâtit un autel au bas de la montagne,
et douze stèles pour les douze tribus d'Israël. 5 Puis il envoya de jeunes
Israélites offrir des holocaustes et immoler à Yahvé de jeunes taureaux en
sacrifice de communion. Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des
bassins, et l'autre moitié du sang, il la répandit sur l'autel. Il prit le
livre de l'Alliance et il en fit la lecture au peuple qui déclara: "Tout ce que
Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons." Moïse, ayant pris le sang, le
répandit sur le peuple et dit: "CECI EST LE SANG DE L’ALLIANCE que Yahvé a
conclue avec vous moyennant toutes ces clauses. ... Ils contemplèrent Dieu
puis ils mangèrent et burent.

L'alliance nouvelle : Jr 31, 31-34 : Voici venir des jours -- oracle de Yahvé
-- où je conclurai avec la maison d'Israël (et la maison de Juda) une ALLIANCE
NOUVELLE. Non pas comme l'alliance que j'ai conclue avec leurs pères, le jour
où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d'Egypte -- mon
alliance qu'eux-mêmes ont rompue bien que je fusse leur Maître, oracle de
Yahvé! Mais voici l'alliance que je conclurai avec la maison d'Israël après
ces jours-là, oracle de Yahvé. Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je
l'écrirai sur leur coeur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple.
Ils n'auront plus à instruire chacun son prochain, chacun son frère, en disant:
"Ayez la connaissance de Yahvé!" Car tous me connaîtront, des plus petits
jusqu'aux plus grands -- oracle de Yahvé -- parce que je vais pardonner leur
crime et ne plus me souvenir de leur péché.

Quatrième poème du Serviteur : Is 53, 11-12 : A la suite de l'épreuve endurée
par son âme, il verra la lumière et sera comblé. Par sa connaissance, le juste,
mon serviteur, justifiera les multitudes en s'accablant lui-même de leurs
fautes. 12 C'est pourquoi il aura sa part parmi LES MULTITUDES, et avec les
puissants il partagera le butin, parce qu'il s'est livré lui-même à la mort et
qu'il a été compté parmi les criminels, alors qu'il portait le péché des
multitudes et qu'il intercédait pour les criminels.

Le festin eschatologique et l'écrasement de Moab : Is 25, 6 : Yahvé Sabaot
prépare pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes
grasses, un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vins dépouillés.

La Pâque : Ex 12, 14 : Ce jour-là, VOUS EN FEREZ MEMOIRE et vous le fêterez
comme une fête pour Yahvé, dans vos générations vous la fêterez, c'est un
décret perpétuel.

Les premiers nés et les Azymes : Ex 13, 9. Ce sera pour toi un signe sur ta
main, un MEMORIAL sur ton front, afin que la loi de Yahvé soit toujours dans ta
bouche, car c'est à main forte que Yahvé t'a fait sortir d'Egypte.

Les trois fêtes: Pâque, Semaines, Tentes : Dt 16, 3. Tu ne MANGERAS pas, avec
la victime, de PAIN FERMENTE; pendant sept jours tu mangeras avec elle des
azymes -- un pain de misère -- car c'est en toute hâte que tu as quitté le
pays d'Egypte: ainsi tu te souviendras, tous les jours de ta vie, du jour où tu
sortis du pays d'Egypte.

Ap 22, 17, 20 : L'Esprit et l'Epouse disent: "Viens!" Que celui qui entend
dise: "Viens!" Et que l'homme assoiffé s'approche, que l'homme de désir reçoive
l'eau de la vie, gratuitement… 20 Le garant de ces révélations l'affirme: "Oui,
mon retour est proche!" Amen, viens, Seigneur Jésus!

EXTRAITS DU CATECHISME DE l'EGLISE CATHOLIQUE SUR l'EUCHARISTIE
Les signes du pain et du vin
1333 Au coeur de la célébration de l'Eucharistie il y a le pain et le vin qui,
par les paroles du Christ et par l'invocation de l'Esprit Saint, deviennent le
Corps et le Sang du Christ. Fidèle à l'ordre du Seigneur l'Eglise continue de
faire, en mémoire de Lui, jusqu'à son retour glorieux, ce qu'il a fait la
veille de sa passion: "Il prit du pain...", "Il prit la coupe remplie de
vin...". En devenant mystérieusement le Corps et le Sang du Christ, les signes
du pain et du vin continuent à signifier aussi la bonté de la création. Ainsi,
dans l'Offertoire, nous rendons grâce au Créateur pour le pain et le vin (cf.
Ps 104,13-15 ), fruit "du travail de l'homme", mais d'abord "fruit de la terre"
et "de la vigne", dons du Créateur. L'Eglise voit dans le geste de Melchisédech,
roi et prêtre, qui "apporta du pain et du vin" ( Gn 14,18 ) une préfiguration de
sa propre offrande (cf. MR, Canon Romain 95: "Supra quæ").

1334 Dans l'Ancienne Alliance, le pain et le vin sont offerts en sacrifice
parmi les prémices de la terre, en signe de reconnaissance au Créateur. Mais
ils reçoivent aussi une nouvelle signification dans le contexte de l'Exode: Les
pains azymes qu'Israël mange chaque année à la Pâque, commémorent la hâte du
départ libérateur d'Egypte; le souvenir de la manne du désert rappellera
toujours à Israël qu'il vit du pain de la Parole de Dieu (cf. Dt 8,3 ). Enfin,
le pain de tous les jours est le fruit de la Terre promise, gage de la fidélité
de Dieu à ses promesses. La "coupe de bénédiction" ( 1Co 10,16 ), à la fin du
repas pascal des juifs, ajoute à la joie festive du vin une dimension
eschatologique, celle de l'attente messianique du rétablissement de Jérusalem.
Jésus a institué son Eucharistie en donnant un sens nouveau et définitif à la
bénédiction du pain et de la coupe.

1335 Les miracles de la multiplication des pains, lorsque le Seigneur dit la
bénédiction, rompit et distribua les pains par ses disciples pour nourrir la
multitude, préfigurent la surabondance de cet unique pain de son Eucharistie
(cf. Mt 14,13-21; Mt 15,32-39 ). Le signe de l'eau changé en vin à Cana (cf. Jn
2,11 ) annonce déjà l'Heure de la glorification de Jésus. Il manifeste
l'accomplissement du repas des noces dans le Royaume du Père, où les fidèles
boiront le vin nouveau (cf. Mc 14,25 ) devenu le Sang du Christ.

1336 La première annonce de l'Eucharistie a divisé les disciples, tout comme
l'annonce de la Passion les a scandalisés: "Ce langage-là est trop fort! Qui
peut l'écouter?" ( Jn 6,60 ). L'Eucharistie et la croix sont des pierres
d'achoppement. C'est le même mystère, et il ne cesse d'être occasion de
division. "Voulez-vous partir, vous aussi?" ( Jn 6,67 ): Cette question du
Seigneur retentit à travers les âges, invitation de son amour à découvrir que
c'est Lui seul qui a "les paroles de la vie éternelle" ( Jn 6,68 ) et
qu'accueillir dans la foi le don de son Eucharistie, c'est l'accueillir
Lui-même.


L'institution de l'Eucharistie
1337 Le Seigneur, ayant aimé les siens, les aima jusqu'à la fin. Sachant que
l'heure était venue de partir de ce monde pour retourner à son Père, au cours
d'un repas, il leur lava les pieds et leur donna le commandement de l'amour
(cf. Jn 13,1-17 ). Pour leur laisser un gage de cet amour, pour ne jamais
s'éloigner des siens et pour les rendre participants de sa Pâque, il institua
l'Eucharistie comme mémorial de sa mort et de sa résurrection, et il ordonna à
ses apôtres de le célébrer jusqu'à son retour, "les établissant alors prêtres
du Nouveau Testament" (Cc. Trente: DS 1740 ).

1338 Les trois évangiles synoptiques et S. Paul nous ont transmis le récit de
l'institution de l'Eucharistie; de son côté, S. Jean rapporte les paroles de
Jésus dans la synagogue de Capharnaüm, paroles qui préparent l'institution de
l'Eucharistie: Le Christ se désigne comme le pain de vie, descendu du ciel (cf.
Jn 6 ).

1339 Jésus a choisi le temps de la Pâque pour accomplir ce qu'il avait annoncé
à Capharnaüm: donner à ses disciples son Corps et son Sang:

Vint le jour des Azymes, où l'on devait immoler la pâque. (Jésus) envoya alors
Pierre et Jean: 'Allez dit-il, nous préparer la Pâque, que nous la mangions'...
Ils s'en allèrent donc ... et préparèrent la Pâque. L'heure venue, il se mit à
table avec ses apôtres et leur dit: 'J'ai désiré avec ardeur manger cette pâque
avec vous avant de souffrir; car je vous le dis, je ne la mangerai jamais plus
jusqu'à ce qu'elle s'accomplisse dans le Royaume de Dieu' ... Puis, prenant du
pain et rendant grâces, il le rompit et le leur donna, en disant: 'Ceci est mon
Corps, qui va être donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi'. Il fit de
même pour la coupe après le repas, disant: ''Cette coupe est la nouvelle
Alliance en mon Sang, qui va être versé pour vous' ( Lc 22,7-20 cf. Mt
26,17-29; Mc 14,12-25; 1Co 11,23-26 ).

1340 En célébrant la dernière Cène avec ses apôtres au cours du repas pascal,
Jésus a donné son sens définitif à la pâque juive. En effet, le passage de
Jésus à son Père par sa mort et sa résurrection, la Pâque nouvelle, est
anticipée dans la Cène et célébrée dans l'Eucharistie qui accomplit la pâque
juive et anticipe la pâque finale de l'Eglise dans la gloire du Royaume.


"Faites ceci en mémoire de moi"
1341 Le commandement de Jésus de répéter ses gestes et ses paroles "jusqu'à ce
qu'il vienne", ne demande pas seulement de se souvenir de Jésus et de ce qu'il a
fait. Il vise la célébration liturgique, par les apôtres et leurs successeurs,
du mémorial du Christ, de sa vie, de sa mort, de sa résurrection et de son
intercession auprès du Père.

1342 Dès le commencement l'Eglise a été fidèle à l'ordre du Seigneur. De
l'Eglise de Jérusalem il est dit:

Ils se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion
fraternelle, à la fraction du pain et aux prières... Jour après jour, d'un seul
coeur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs
maisons, prenant leur nourriture avec joie et simplicité de coeur ( Ac 2,42; Ac
2,46 ).

1343 C'était surtout "le premier jour de la semaine", c'est-à-dire le jour du
dimanche, le jour de la résurrection de Jésus, que les chrétiens se
réunissaient "pour rompre le pain" ( Ac 20,7 ). Depuis ces temps-là jusqu'à nos
jours la célébration de l'Eucharistie s'est perpétuée, de sorte qu'aujourd'hui
nous la rencontrons partout dans l'Eglise, avec la même structure fondamentale.
Elle demeure le centre de la vie de l'Eglise.

1344 Ainsi, de célébration en célébration, annonçant le mystère pascal de
Jésus "jusqu'à ce qu'Il vienne" ( 1Co 11,26 ), le peuple de Dieu en pèlerinage
"s'avance par la porte étroite de la Croix" ( AGD 1 ) vers le banquet céleste,
quand tous les élus s'assiéront à la table du Royaume.

1356 Si les chrétiens célèbrent l'Eucharistie depuis les origines, et sous une
forme qui, dans sa substance, n'a pas changé à travers la grande diversité des
âges et des liturgies, c'est parce que nous nous savons liés par l'ordre du
Seigneur, donné la veille de sa passion: "faites ceci en mémoire de moi" ( 1Co
11,24-25 ).

1357 Cet ordre du Seigneur, nous l'accomplissons en célébrant le mémorial de
son sacrifice . Ce faisant, nous offrons au Père ce qu'il nous a Lui-même
donné: les dons de sa création, le pain et le vin, devenus, par la puissance de
l'Esprit Saint et par les paroles du Christ, le Corps et le Sang du Christ: le
Christ est ainsi rendu réellement et mystérieusement présent.
1358
Il nous faut donc considérer l'Eucharistie:
- comme action de grâce et louange au Père,
- comme mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps,
- comme présence du Christ par la puissance de sa Parole et de son Esprit.


L'action de grâce et la louange au Père
1359 L'Eucharistie, sacrement de notre salut accompli par le Christ sur la
croix, est aussi un sacrifice de louange en action de grâce pour l'oeuvrre de
la création. Dans le sacrifice eucharistique, toute la création aimée par Dieu
est présentée au Père à travers la mort et la résurrection du Christ. Par le
Christ, l'Eglise peut offrir le sacrifice de louange en action de grâce pour
tout ce que Dieu a fait de bon, de beau et de juste dans la création et dans
l'humanité.

1360 L'Eucharistie est un sacrifice d'action de grâce au Père, une bénédiction
par laquelle l'Eglise exprime sa reconnaissance à Dieu pour tous ses bienfaits,
pour tout ce qu'il a accompli par la création, la rédemption et la
sanctification. Eucharistie signifie d'abord: action de grâce.

1361 L'Eucharistie est aussi le sacrifice de louange, par lequel l'Eglise
chante la gloire de Dieu au nom de toute la création. Ce sacrifice de louange
n'est possible qu'à travers le Christ: Il unit les fidèles à sa personne, à sa
louange et à son intercession, en sorte que le sacrifice de louange au Père est
offert par le Christ et avec lui pour être accepté en lui.


Le mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps, l'Eglise
1362 L'Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ, l'actualisation et
l'offrande sacramentelle de son unique sacrifice, dans la liturgie de l'Eglise
qui est son Corps. Dans toutes les prières eucharistiques nous trouvons, après
les paroles de l'institution, une prière appellée anamnèse ou mémorial.

1363 Dans le sens de l'Ecriture Sainte le mémorial n'est pas seulement le
souvenir des événements du passé, mais la proclamation des merveilles que Dieu
a accomplies pour les hommes (cf. Ex 13,3 ). Dans la célébration liturgique de
ces événements, ils deviennent d'une certaine façon présents et actuels. C'est
de cette manière qu'Israël comprend sa libération d'Egypte: chaque fois qu'est
célébrée la pâque, les événements de l'Exode sont rendus présents à la mémoire
des croyants afin qu'ils y conforment leur vie.

1364 Le mémorial reçoit un sens nouveau dans le Nouveau Testament. Quand
l'Eglise célèbre l'Eucharistie, elle fait mémoire de la Pâque du Christ, et
celle-ci devient présente: le sacrifice que le Christ a offert une fois pour
toutes sur la Croix demeure toujours actuel (cf. He 7,25-27 ): "Toutes les fois
que le sacrifice de la croix par lequel le Christ notre pâque a été immolé se
célèbre sur l'autel, l'oeuvre de notre rédemption s'opère" ( LG 3 ).

1365 Parce qu'elle est mémorial de la Pâque du Christ, l'Eucharistie est aussi
un sacrifice. Le caractère sacrificiel de l'Eucharistie est manifesté dans les
paroles mêmes de l'institution: "Ceci est mon Corps qui va être donné pour
vous" et "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon Sang, qui va être versé
pour vous" ( Lc 22,19-20 ). Dans l'Eucharistie le Christ donne ce corps même
qu'il a livré pour nous sur la croix, le sang même qu'il a "répandu pour une
multitude en rémission des péchés" ( Mt 26,28 ).

1366 L'Eucharistie est donc un sacrifice parce qu'elle représente (rend
présent) le sacrifice de la croix, parce qu'elle en est le mémorial et parce
qu'elle en applique le fruit:

(Le Christ) notre Dieu et Seigneur, s'offrit lui-même à Dieu le Père une fois
pour toutes, mourant en intercesseur sur l'autel de la Croix, afin de réaliser
pour eux (les hommes) une rédemption éternelle. Cependant, comme sa mort ne
devait pas mettre fin à son sacerdoce ( He 7,24; He 7,27 ), à la dernière Cène,
"la nuit où il fut livré" ( 1Co 11,13 ), il voulait laisser à l'Eglise, son
épouse bien-aimée, un sacrifice visible (comme le réclame la nature humaine),
où serait représenté le sacrifice sanglant qui allait s'accomplir une unique
fois sur la croix, dont la mémoire se perpétuerait jusqu'à la fin des siècles (
1Co 11,23 ) et dont la vertu salutaire s'appliquerait à la rédemption des péchés
que nous commettons chaque jour (Cc. Trente: DS 1740 ).

1367 Le sacrifice du Christ et le sacrifice de l'Eucharistie sont un unique
sacrifice: "C'est une seule et même victime, c'est le même qui offre maintenant
par le ministère des prêtres, qui s'est offert lui-même alors sur la Croix.
Seule la manière d'offrir diffère" (Cc. Trente, sess. 22a, Doctrina de ss.
Missae sacrificio, c. 2: DS 1743 ). "Et puisque dans ce divin sacrifice qui
s'accomplit à la messe, ce même Christ, qui s'est offert lui-même une fois de
manière sanglante sur l'autel de la Croix, est contenu et immolé de manière non
sanglante, ce sacrifice est vraiment propitiatoire" (ibid.).

1368 L'Eucharistie est également le sacrifice de l'Eglise. L'Eglise, qui est
le Corps du Christ, participe à l'offrande de son Chef. Avec Lui, elle est
offerte elle-même tout entière. Elle s'unit à son intercession auprès du Père
pour tous les hommes. Dans l'Eucharistie, le sacrifice du Christ devient aussi
le sacrifice des membres de son Corps. La vie des fidèles, leur louange, leur
souffrance, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du Christ et à sa
totale offrande, et acquièrent ainsi une valeur nouvelle. Le sacrifice du
Christ présent sur l'autel donne à toutes les générations de chrétiens la
possibilité d'être unis à son offrande.

Dans les catacombes, l'Eglise est souvent représentée comme une femme en
prière, les bras largement ouverts en attitude d'orante. Comme le Christ qui a
étendu les bras sur la croix, par lui, avec lui et en lui, elle s'offre et
intercède pour tous les hommes.

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Ce blog est au service de ceux qui cherchent entrer plus avant dans l'intelligence de la liturgie

On y trouve quelques causeries faites ici ou là ainsi que des textes, des références...
Il est tout à fait irrégulier dans ses contributions.
On peut chercher et trouver d'excellentes contribution sur le portail du Service National de Pastorale Liturgique et Sacramentelle : http://www.liturgiecatholique.fr/ ou bien sur les liens de ce blog ; liens variés...

Abbé Pierre Deprecq

Toute question de LITURGIE a sa réponse...

Quel est le sens de la liturgie? de la bénédiction? de l'encensement? des sacrements? Que signifient les gestes du prêtre ? ...
Toute question de LITURGIE a sa réponse...
Ce blog donne un écho de quelques questions et réponses à reçues et données à partir du site du diocèse de Bordeaux : http://catholique-bordeaux.cef.fr/
à la rubrique "UN PRÊTRE VOUS REPOND"