mercredi 16 mai 2012

Qu'est-ce que la liturgie ?


Qu’est-ce que la liturgie ?

I.                  Où se situe la liturgie dans la foi chrétienne ?
Quelques repères.

I. QU’EST-CE QUE LA LITURGIE ? (pour approfondir, lire le catéchisme de l’Eglise catholique (la 2° partie))

Étymologie du mot liturgie
a.       laos, qui a donné en français le mot laïc. Laos signifie Peuple, tribu, nation, tous ceux qui ont un même langage ; il signifie aussi les populations rassemblées ensemble n'importe où. Derrière ce terme de laos, il y a les idées de rassemblement, d’unité, d’assemblée, de plusieurs qui sont unis par une même communion.
b.      Ergon vient du mot grec 'ergo' (travailler) ; il signifie affaire, emploi, ce à quoi chacun est employé, ce que chacun entreprend de faire, entreprise, tout produit réalisé, ce qui est fait à la main, art, œuvre de  l'esprit, acte, ce qui est fait, action. Ce terme renvoi à une action où chacun est engagé, une action qui prend chacun dans la totalité de son être. Le travail de l’enfantement où une mère donne tout d’elle-même pour que son enfant accède à la vie. Derrière ce terme ergon, il y a aussi quelque chose du côté de « l’art », de l’œuvre en tant que chef d’œuvre, quelque chose qui renvoie de fait à la beauté, à l’émerveillement, au dépassement de la nature vers un au-delà, vers une nouvelle dimension de l’être. Derrière ce terme de travail, il y a quelque chose de l’ordre de la transformation, du changement, de la conversion.

Ainsi, de même que la métallurgie est le travail qui est accompli sur le métal, de même, la liturgie est le travail qui est fait sur le Peuple. Pour davantage d’éléments sur la signification de ce mot, je renvoie au CEC aux N° 1069 – 1070.[1]. On peut dire en quelques mots que la liturgie est l’ouvrage, le travail de Dieu sur son Peuple, ou encore que la liturgie est ce qui façonne le Peuple de Dieu, comme Peuple qui appartient à Dieu. La liturgie est ce qui construit, est ce qui fait l’Eglise. La liturgie est cette action qui fait passer notre humanité de ce monde au Royaume de Dieu. C’est d’abord l’œuvre de Dieu, l’œuvre du Père, du Fils, de l’Esprit Saint. L’œuvre accomplie dans le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus. C’est la raison pour laquelle nous commençons toute action liturgique par le signe de la croix au nom de la Trinité. Nous agissons au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Nous nous inscrivons dans cette action, dans l’œuvre trinitaire manifestée dans la mort de Jésus en croix : « nous proclamons ta mort, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire », chantons-nous au cœur de la prière eucharistique.

L’action liturgique se situe du côté du rassemblement, elle vise à l’unité, elle vise à donner la vie, la vie éternelle, c’est le chef d’œuvre de Dieu, qui passe par une conversion, une transformation, un changement de ceux qui sont touchés par cette œuvre, cette action. La liturgie nous déplace, nous transforme, nous façonne, et nous fait entrer progressivement dans le mystère du Christ. Il y a quelques temps, j’étais dans un monastère de bénédictines à Maumont. J’ai été impressionné par leur liturgie, par les gestes, le ton de la voix, la communion qui animait chacune des sœurs, au moins dans la mise en œuvre de la liturgie. Ce qui se passe dans les cœurs, je l’ignore, mais, cette communauté est façonnée, transformée par la liturgie. Il y a une communion qui s’exprime là, qui est extraordinaire. La liturgie rabote les volontés propres, et j’imagine, que dans cette communauté de religieuses comme partout, chacun a sa petite idée sur la liturgie, sur ce qu’il faudrait faire, sur ce qui est le mieux pour les autres et pour tous. La liturgie est cette œuvre qui invite chacun à trouver sa juste place en ce monde, vis-à-vis des autres. Elle nous rappelle l’égale dignité des enfants de Dieu. La liturgie ne nous dit pas, « il y a ceux qui savent et ceux qui ne savent pas » ; elle nous dit : « tous sont dignes de Dieu, dans le Christ », tous sont sauvés gratuitement par Dieu dans le Christ. Elle actualise la parole de St Paul : Ga 3, 26-28 : vous êtes tous fils de Dieu, par la foi, dans Christ Jésus.  27 Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ:  28 il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus.

La liturgie, par nature, exclue l’individualisme et le Bla-bla. Partout où il y a trop d’individualisme ou d’individualité et trop de parole, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas ! Ce n’est pas de la liturgie, c’est encore moins la liturgie de l’Eglise ! La liturgie est de l’ordre de l’action ! ergon et de l’action collective. « Vous ferez cela en mémoire de moi ». Il s’agit bien de l’ordre du faire. Les orientaux parlent de synergie. Une action ensemble. Si vous regardez la plupart des grandes prières de la liturgie, elles s’expriment à la première personne du pluriel : « Nous te rendons grâce, nous te le demandons, élevons notre cœur, nous te louons, nous te bénissons, nous t’adorons, nous te glorifions »

1. La liturgie, c’est d’abord l’action de Dieu en faveur de son Peuple. On parle aussi d’office divin, de l’opus Dei. L’œuvre de Dieu. Ce n’est pas d’abord nous qui faisons des choses pour Dieu. La liturgie, c’est d’abord Dieu qui nous sauve ! Dieu qui nous parle, Dieu qui vient à notre rencontre. « Ce n’est pas nous qui avons aimé dieu, C’est lui qui nous a aimé le premier » écrit St Jean dans sa première lettre. Et le premier rôle des acteurs de la liturgie, c’est de permettre à tout le peuple de reconnaître cette présence et cette action première du Seigneur, de se reconnaître sauvé ! de permettre à tout le peuple de rencontrer Dieu qui nous sauve ! D’accueillir le salut de Dieu donné dans le Christ. Il convient pour tous les acteurs de vivre une certaine chasteté, une certaine humilité… Ce n’est pas à nous que nous renvoyons, mais à Dieu qui est là et qui veut agir par nous, en nous. D’où l’importance de ce que l’on appelle l’art de célébrer. L’art d’être pleinement présent tout en s’effacant devant le mystère de cette présence active de Dieu. Ces considérations sont importantes pour un lecteur, mais aussi pour un prêtre ou pour quelqu’un qui fait chanter. Ce n’est pas mon œuvre et pourtant je dois pleinement l’habiter avec ce que je suis.

La liturgie constitue le Peuple de Dieu. C’est d’abord le projet de Dieu de rassembler les enfants de Dieu dispersés. Dans l’Ancien Testament, on a souvent cette phrase qui revient : « vous serez mon Peuple et moi, je serai votre Dieu ». C’est son œuvre. Le baptême, l’eucharistie, c’est d’abord l’œuvre de Dieu, qui veut construire son Eglise, la constituer en son peuple, en Corps du Christ, en communauté de sauvés ! Dieu qui veut faire de l’humanité son épouse à laquelle il veut s’unir. « Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau ». La liturgie nous fait participer aux noces de Dieu avec l’humanité. Dans la liturgie, il est donc question de don mutuel, d’amour, de rencontre, de paroles échangées. Le salut auquel nous sommes appelés n’est pas un salut sans les autres. Le salut nous transforme personnellement, mais nous unit les uns aux autres ! Il y a bien une dimension personnelle dans la liturgie, mais aussi une dimension communautaire, ecclésiale.

2. La liturgie, c’est aussi et c’est tout aussi important, l’œuvre du Peuple de Dieu, comme une réponse au projet de Dieu, à l’initiative de Dieu. Dieu ne nous sauve pas sans nous. Dieu ne s’unit pas à nous sans nous.
Dieu se constitue son Peuple ; c’est le premier mouvement de la liturgie. Mouvement descendant. Le deuxième mouvement de la liturgie est ascendant. Nous faisons mémoire de l’œuvre de Dieu, nous rendons grâce, nous louons, nous adorons, nous intercédons, nous nous offrons avec le Christ, par lui, dans l’Esprit Saint au Père.

3. Le liturge : c’est le Christ. L’acteur principal de la liturgie, c’est le Christ.
C’est Jésus Christ, le Sauveur, c’est lui le grand prêtre par excellence, c’est lui qui sauve l’humanité du péché et de la mort, par sa croix et sa résurrection ; ce que l’Eglise appelle le mystère pascal. Il y a dans l’histoire de l’humanité deux événements uniques : Le premier est l’incarnation. Dieu vient chez les hommes. Le Verbe s’est fait chair. Et la résurrection : L’homme entre en Dieu. Un double événement qui s’accomplit en un double mouvement. Un mouvement descendant et un mouvement ascendant, advenu une fois pour toute dans l’histoire. L’action liturgique actualise ce mouvement, ou nous fait participer à ce mouvement. Dieu vient à notre rencontre pour nous transformer et nous conduire vers lui, dans son Fils. Vous repérez que toutes les grandes prières sont adressées au Père, Par Jésus-Christ, ton Fils notre Seigneur, qui règne avec Toi et le Saint Esprit Maintenant et pour les siècles des siècles. Et le retour à Dieu se fait aussi dans le Christ, par lui, avec lui, en lui, comme on le dit dans la doxologie de chaque prière eucharistique.

Cette action, c’est donc une action qu’il fait en nous et que nous faisons en lui (comme membre de son Corps). C’est une œuvre, un chef d’œuvre, un travail d’enfantement, une synergie. On le dit bien au début de toute célébration. « Au nom du Père, et du Fils et du saint Esprit ». Dans la liturgie, nous n’agissons pas en notre nom individuel, mais comme appartenant à la Trinité, et cette appartenance mutuelle nous vient par la grâce du baptême.

Qui agit donc dans la liturgie ?
Le Père, le Fils, le Saint Esprit, L’Eglise visible et invisible, les saints, les anges, nous-mêmes, moi, les fleuristes, l’organiste, les prêtres, l’évêque, le diacre, etc… ! La liturgie est une action très riche et mystérieuse. Elle touche à la rencontre de Dieu et de l’homme, de l’homme et de Dieu, de la Trinité, des hommes entre eux !

4. La liturgie est profondément « dialoguale » dans sa structure générale et dans ses différentes parties ; elle se vit comme un dialogue entre Dieu et l’humanité.
C’est la rencontre de l’épouse et de l’époux, de Dieu avec l’humanité, du Christ avec l’Eglise. Dieu parle, le Peuple répond. Dieu agit, le peuple rend grâce, loue, intercède, s’offre…
C’est le sens du dialogue régulier du prêtre avec l’assemblée. Le Seigneur soit avec vous, et avec votre esprit. Le prêtre tient la place du Christ époux face à l’Eglise épouse. La liturgie est un dialogue nuptial.
Le psaume qui répond à la première lecture. Dieu parle à l’humanité dans la première lecture et le Peuple répond avec les mots de Dieu, les psaumes.
De même, la prière universelle est la réponse à la Parole entendue, reçue et méditée.
La communion est la réponse à l’invitation de Jésus à sa parole à ses gestes : « Prenez, mangez en tous. »
Etc.

5. La liturgie est sacramentelle, de l’ordre du signe.
L’action liturgique utilise le langage des hommes. Quand Dieu nous parle, c’est pour que nous comprenions, il nous parle avec notre langage… et en même temps avec son langage qui nous déroute : le langage de la croix ! Sagesse de Dieu et Folie pour l’homme.
La liturgie utilise beaucoup de formes de langages. La parole, les déplacements (les processions, procession des dons, procession de communion, procession d’entrée, de sortie), les attitudes, les symboles, la lumière, les signes, les objets, des vêtements, des bâtiments, des lieux divers, la musique, le chant, le feu, l’eau, des gestes, les fleurs, des ministres, etc… Tout cela a du sens. Tous ces signes visent pour nous à accueillir la présence de Dieu qui se donne et à exprimer notre foi, notre réponse à ce don premier de Dieu.

Depuis le matin de Pâques, dans le Christ ressuscité, le salut est acquis pour toute l’humanité. En lui, l’humanité qui nous est commune est dans la communion du Père et de l’Esprit Saint. Mais, ce qui est dans la personne du Christ doit désormais rejoindre toute l’humanité à laquelle il s’est uni par l’incarnation. Le Christ a voulu que ce salut, cette vie qu’il possède en plénitude soit transmise à toutes les générations. C’est pourquoi avant de mourir Jésus a institué ces signes, ces gestes, ces paroles, donné pouvoir à ces apôtres et à leurs successeurs de les réaliser pour qu’ils actualisent son salut, son mystère pascal. C’est la vocation même de l’Eglise d’être ce signe, ce sacrement du salut pour toute l’humanité. Et parmi les gestes du Christ, l’Eglise en a reconnu 7 qu’elle nomme les sacrements : signes visibles accompagnés d’une parole qui font accéder à cette réalité invisible qui est le Christ ressuscité, glorieux, lui-même.

L’Eglise a classé ces sacrements en trois catégories.
Les sacrements de l’initiation
Les sacrements de la guérison
Les sacrements de la communion.

Les sacrements de l’initiation
Ce sont les sacrements qui font le chrétien.
Le baptême (l’eau) : je te baptise au nom du Père et du Fils et du saint Esprit. Plongée dans la Trinité, par l’union au mystère de la mort et de la résurrection du Christ. Le baptême nous greffe au Christ, nous sommes devenus fils de Dieu dans le fils, membre de son corps qui est l’Eglise.
La confirmation (l’huile), par le don de l’Esprit Saint, nous rend apôtre adulte dans la foi, capable de témoigner du Christ. Elle actualise pour chaque baptisé, dans sa vie, ce qui s’est passé pour les apôtres au jour de la Pentecôte. Ils avaient peur, ils étaient enfermés. Habités par l’Esprit Saint ils ont annoncé les merveilles du salut de Dieu.
L’eucharistie (le pain et le vin) « achève » l’initiation chrétienne. Ce sont les premiers mots du CEC sur l’eucharistie. Tout à la fois, sacrifice et sacrement, elle constitue pour le fidèle, la nourriture de sa vie de foi, de son espérance et de sa charité, elle vise à faire croitre le Peuple de Dieu. A la différence du baptême et de la confirmation que l’on ne reçoit qu’une seule fois, l’eucharistie est le pain pour la route, elle est la nourriture qui parachève le chrétien, qui lui permet jour après jour de s’unir au Christ et au Christ de s’unir à la vie de ses membres.

Les sacrements de la guérison
Le sacrement de pénitence et de réconciliation
Le sacrement des malades

Les sacrements de la communion.
Le sacrement du mariage
Le sacrement de l’ordre

Les sacrements n’épuisent pas toute la liturgie, car aux côtés des sacrements, Il y a l’année liturgique, la liturgie des heures, la place et le sens du dimanche, les sacramentaux, les bénédictions. Tous ces éléments constitutifs de la liturgie constituent comme un organisme vivant qui vise à sanctifier toute la vie de l’homme, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, selon un rythme à la fois quotidien, hebdomadaire, annuel et autour des grandes étapes de la vie.

Par l’usage des biens de la création, par l’intégration du temps, c’est tout le cosmos, tout l’univers créé qui est appelé à s’associer à la louange divine, à retourner à Dieu, transfigurée par le Christ, 1° né de toute créature, comme le dit St Paul aux Ephésiens.

On voit dès les actes des Apôtres qu’il nous est dit que les premiers chrétiens « étaient fidèles à la fraction du pain, à l’enseignement des apôtres et aux prières » Ac 2, 42. L’eucharistie a une place première. On l’appelle à ce moment-là la fraction du pain, ou le repas du Seigneur. On voit aussi dès les premières générations, la place primordiale du dimanche. Kyrie emera, le jour du Seigneur, le lendemain du Sabbat, où l’on fait mémoire de la résurrection du Seigneur. « Ne désertez pas votre propre assemblée, comme quelques-uns ont coutume de le faire, mais encouragez-vous mutuellement, et d'autant plus que vous voyez approcher le Jour. » He 10, 25.

Les chrétiens non pratiquants, ça ne date pas d’aujourd’hui !

Tout à l’heure j’ai parlé des deux grands évenements de l’histoire. C’est autour de ces deux évneements que se développe l’année lirturgique.

Comment la liturgie s’est-elle développée au long de l’histoire ?
La liturgie n’est pas née de rien. Fondamentalement elle a sa source dans le mystère de l’incarnation et dans le mystère de la résurrection du Christ. Mais, le Christ s’est lui-même incarné dans le Peuple de Dieu, et les gestes du Christ et la liturgie apostolique sont parties de cette tradition première d’Israël qui s’était elle-même développée au long de son histoire, au contact d’autres rites et d’autres civilisations. L’exemple le plus fort et le plus clair est celui de la fête de Pâques et de la fête de la Pentecôte.
Pour ne prendre qu’un exemple, l’eucharistie. Il est sûre qu’il y a une distance entre les récits des évangiles et st Paul et l’eucharistie aujourd’hui.
A la source des gestes du Christ et de ses paroles, il y a toute une histoire. Jésus se situe dans le cadre d’un repas rituel juif, dans lequel existait le geste de la coupe partagée et du pain rompu entre tous les convives. Dans les paroles sur le pain et le vin, il reprend des paroles de Moïse, dans l’exode, d’Isaïe, etc… Parmi les nouveautés, il y a l’association de ses gestes et de ses paroles avec sa mort sur la croix. « Ceci est mon Corps livré pour vous », « mon sang versé pour vous »
Les prières eucharistiques sont nées à partir des bénédictions juives qui existaient et qui étaient connues et pratiquées dans le Peuple Juif. Et quand on lit : « il rendit grâce », ou il le « bénit », on n’a pas le texte de l’action de grâce ni le texte de la bénédiction dite par Jésus, mais certainement que Jésus a puisé dans le trésor de la prière juive, dans les bénédictions que tout juif pieux récitait.
La liturgie de la parole qui est commune à tous les sacrements existait dans l’office synagogale.
Il faut attendre le IV° siècle pour que l’eucharistie soit définitivement séparée du repas. Nos églises sont le prolongement à la fois des synagogues et des basiliques romaines, qui n’étaient pas des lieux de culte, mais des lieux de rassemblement et d’affaires. C’est entre le IV° et le VI° siècle qu’apparaissent ce que l’on appelle les grandes familles liturgiques, avec leurs différences rituelles, autour de grandes cités où résidaient les évêques. Jérusalem, Alexandrie, Rome, Constantinople, Antioche, etc… Et qui sont à l’origine de la diversité des rites et des familles liturgiques actuelles. Les historiens de la liturgie parlent d’une période d’improvisation jusqu’au IV° siècle, puis d’une période de création et de fixation entre le IV° et le VIII° siècle. C’est dans cette période qu’apparaissent les premiers livres dans la liturgie. Jusqu’au IV° siècle, le seul livre utilisé pour la liturgie est la bible, mais en raison notamment des hérésies, on a voulu mettre par écrit les paroles, et éliminer tout ce qui n’était pas orthodoxe. Entre le IV° et le VIII° siècle, tout ce que nous avons aujourd’hui comme trésor de gestes, de prières, de rites, de calendrier est fixé. Les différents conciles, le concile de Trente au XVI° siècle et le concile Vatican II, vont toucher à la liturgie pour ramener la liturgie à la Tradition des origines. Car au fur et à mesure des années, on surajoute des choses à la liturgie… Et il faut à un moment où à un autre revenir à l’essentiel dont j’ai essaye de vous dire que c’était la célébration de la mort et de la résurrection du Christ et faire en sorte que les rites rendent davantage visible et audible cette richesse première et unique et la rende accessible à tous.

CONCLUSION.
La beauté en liturgie (cf. Benoit XVI dans YouCat)

Le temps

En faisant le signe de la Croix, je prie avec mon Corps. Je fais mémoire de mon baptême, je me situe comme fils/fille de Dieu. Je me situe sous la Trinité ; c’est ce que signifie « Au nom de » , j’agis, je me situe en dépendance du mystère trinitaire. Et par le geste de la croix tracé sur mon corps, je me rappelle que c’est toute ma vie qui a été sanctifiée par la croix du Christ et que je suis fait pour vivre comme le Christ ressuscité, pour vivre en ressuscité.

Quand à l’office, nous nous inclinons pour chanter la doxologie, Gloire au Père... Mon corps m’aide à orienter mon âme vers Dieu, et à exprimer ce que mon cœur veut dire à Dieu.





[1] CEC (catéchisme de l’Eglise catholique) Que signifie le mot liturgie?
1069  Le mot "Liturgie" signifie originellement "OEUVRE publique", "service de la part de/et en faveur du peuple". Dans la tradition chrétienne il veut signifier que le Peuple de Dieu prend part à "l'OEUVRE de Dieu" (cf. Jn 17,4). Par la Liturgie le Christ, notre Rédempteur et Grand-Prêtre, continue dans son Eglise, avec elle et par elle, l'OEUVRE de notre rédemption:
1070  Le mot "Liturgie" dans le Nouveau Testament est employé pour désigner non seulement la célébration du culte divin (cf. Ac 13,2 Lc 1,23), mais aussi l'annonce de l'Evangile (cf. Rm 15,16 Ph 2,14-17 et Ph 2,30) et la charité en acte (cf. Rm 15,27 2Co 9,12 Ph 2,25). Dans toutes ces situations, il s'agit du service de Dieu et des hommes. Dans la célébration liturgique, l'Eglise est servante, à l'image de son Seigneur, l'unique "Liturge" (cf. He 8,2 et 2,6), participant à son sacerdoce (culte) prophétique (annonce) et royale (service de charité):
C'est donc à juste titre que la liturgie est considérée comme l'exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ, exercice dans lequel la sanctification de l'homme est signifiée par des signes sensibles et est réalisée d'une manière propre à chacun d'eux, dans lequel le culte public intégral est exercé par le Corps mystique de Jésus-Christ, c'est-à-dire par le Chef et par ses membres. Par suite, toute célébration liturgique, en tant qu'OEUVRE du Christ prêtre et de son Corps qui est l'Eglise, est l'ACTION sacrée par excellence dont nulle autre ACTION de l'Eglise ne peut atteindre l'efficacité au même titre et au même degré (SC 7).

jeudi 3 mai 2012

Quel est le sens du dimanche ?


Le Sens du dimanche (Blaye, le 22 avril 2012)

Il m’a été demandé de vous entretenir ce matin sur le sens du dimanche.

Je vous proposerai volontiers de faire un petit exercice concret : quand je pense au dimanche, à quoi je pense ? La grâce matinée ? L’eucharistie, comme un devoir à accomplir ? Est-il un temps de joie ? Pourquoi ?

Pour moi, quand je pense au dimanche, je pense spontanément à des souvenirs d’enfance et de jeunesse. Le dimanche matin, à la maison, nous étions souvent réveillés en musique, c’était le jour où nous prenions le temps d’être ensemble en famille, repas amélioré à midi et plus long, balade en famille l’après-midi, jeux de société ou film en soirée. Le dimanche nous sortait de l’ordinaire des jours. Ce jour-là, on cirait les chaussures, on mettait des vêtements différents des autres jours, des vêtements propres et beaux … La table dressée le midi comportait une nappe alors qu’en semaine, c’était une toile cirée, ce jour-là, il y avait du vin à table, et assez souvent, lors des conversations de table, nos parents nous relançaient sur l’homélie. C’était le jour où nous allions en famille à la messe. C’était le jour où nous téléphonions aussi à nos grands parents, pour donner et prendre des nouvelles. Le dimanche soir, on ne prenait pas un vrai dîner, mais souvent un chocolat chaud ou l’équivalent d’un petit déjeuner. Du coup, maman ne faisait pas de cuisine le dimanche après-midi. La soirée se terminait généralement par la prière en famille devant un petit coin prière. C’est quelque chose qui me marque encore aujourd’hui, même si je n’ai pas gardé toutes ces pratiques.

A travers cette pratique familiale, je vois quelque chose des dynamismes fondamentaux de la foi.
-                     Le rassemblement familial et ecclésial, l’unité, un temps de réunification, après les différentes dispersions de la semaine.
-                     Des signes simples de la joie et de la fête
-                     Un temps plus ouvert sur les autres et sur le Seigneur, un temps où toute la famille s’élargissait à plus large qu’elle-même,
-                     Un temps où la parole, le dialogue, l’échange, prenait le pas sur le faire, les activités à faire, l’école ou les activités extrascolaires.
-                     Il y avait vraiment quelque chose de reposant, vraiment une joie du dimanche. Le dimanche était vraiment un jour de joie, un jour de communion. J’aspirai au dimanche.

Je parle au passé, car ce sont des souvenirs forts de mon enfance et de mon adolescence. Aujourd’hui, dans notre société, on parle davantage du week-end que du dimanche, car ce n’est pas un, mais deux jours feriés, pour la plupart de nos contemporains. Je voudrais développer 4 points ce matin.
  1. Quelques éléments sur les origines du dimanche. Du sabbat au dimanche. Le mot dimanche
  2. Le sens du dimanche, lui-même, dans la tradition ancienne de l’Eglise. (approche historique)
  3. Le dimanche dans la pensée de Jean-Paul II, suite au concile Vatican II
  4. Aujourd’hui, le dimanche.


  1. Quelques éléments sur les origines du dimanche. Du sabbat au dimanche. Le mot dimanche
Le mot dimanche, vient du latin « dies dominicus », jour du Seigneur, qui vient lui-même du grec kuriake emera, jour du Seigneur, expression que l’on trouve qu’une seule fois dans le nouveau testament, dans l’Apocalypse.

Dans la culture romaine, chaque jour de la semaine était mis en relation avec un astre, le premier jour étant le lundi et le dernier, le dimanche.
Lundi, jour de la Lune, Mardi, jour de Mars, Mercredi, jour de Mercure, Jeudi, jour de Jupiter, Vendredi, Jour de Vénus. Samedi,  jour de saturne… Dans notre langue, il vient du mot sabbat. Le jour du sabbat. Dimanche, jour du soleil (Sunday)

Le peuple juif, quant à lui nomme les jours : 1° jour, 2° jour, 3° jour, 4° jour, etc. Le 1° jour de la semaine est le dimanche et le dernier jour est le samedi, qui ne s’appelle pas septième jour, mais jour du sabbat, en référence à la Genèse, jour où le Seigneur s’est reposé, au terme de la création. Le sabbat est le dernier jour.

La première occurrence du mot qui donnera le mot dimanche se trouve dans le livre de l’Apocalypse. 1, 10. Je tombai en extase, le jour du Seigneur, et j'entendis derrière moi une voix clamer, comme une trompette:

Dans le nouveau testament, on retrouve surtout la manière juive de compter et de nommer les jours. Nous l’avons entendu ces derniers temps dans les textes de la liturgie, par rapport aux récits de la résurrection du Seigneur. « Le premier jour de la semaine », est revenu plusieurs fois, il s’agit donc du dimanche, lendemain du sabbat.
Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil s'étant levé. (Marc  16, 2)
Le soir, ce même jour, le premier de la semaine, et les portes étant closes, là où se trouvaient les disciples, par peur des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu et il leur dit: "Paix à vous!"  20 Ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur.  21 Il leur dit alors, de nouveau: "Paix à vous! (Jean  20,19 - 20)

On peut dire que la célébration chrétienne du 1° jour de la semaine a commencé dès la semaine qui a suivi la résurrection du Christ. (Jn 20, 26-27). Huit jours après, ses disciples étaient de nouveau à l'intérieur et Thomas avec eux. Jésus vient, les portes étant closes, et il se tint au milieu et dit: "Paix à vous.  27 Puis il dit à Thomas: "Porte ton doigt ici: voici mes mains; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne deviens pas incrédule, mais croyant."  28 Thomas lui répondit: "Mon Seigneur et mon Dieu!"  29 Jésus lui dit:  "Parce que tu me vois, tu crois.  Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru." (Jean  20,27)

Derrière cette expression nouvelle de jour du Seigneur, qui se met en place dans la nouvelle communauté chrétienne, pour désigner le 1° jour de la semaine juive, il y a un sens très fort.
-          Dans l’ancien testament, cette expression « le jour du Seigneur » désignait un événement historique, le jour par excellence qui verrait le triomphe de Dieu sur ses ennemis. On attend un jour de lumière, le jour de Dieu ; ce jour est attendu, comme l’accomplissement de l’histoire, la victoire de Dieu. C’est aussi un jour cultuel, le jour du Seigneur pour les juifs est le samedi, le dernier jour de la semaine, le jour de repos, le jour de Dieu, c’est le jour du sabbat, un jour pour Dieu. Dans le Nouveau Testament, on voit et on entend beaucoup de choses autour du sabbat. Jésus reconnait la sainteté du sabbat, et en même temps, il prend des libertés avec le sabbat. « Car le sabbat est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat ». Jésus va à la Synagogue (assemblée), on y lit la Parole de Dieu, notamment la Torah et les prophètes, on y chante les psaumes, on y proclame la foi d’Israël, c’est le jour de l’assemblée, de la louange communautaire, jour de rassemblement, jour de la collecte aussi. On met en commun les biens des uns et des autres pour le bien de la communauté et particulièrement des veuves, des enfants, des pauvres.
-          La célébration du sabbat est mémoire de la création. « C’est toi qui donne la vie » dit aujourd’hui la prière eucharistique n° 3, mais elle est aussi mémoire de la rédemption, du salut de Dieu, et notamment, mémoire de l’histoire sainte, de la sortie de l’esclavage d’Egypte par la main de Dieu.  Dans le judaïsme, ce jour est une fête de la liberté humaine, et un avant goût du monde à venir. Il annonce le jour de Dieu, le jour du Seigneur.

Avec l’évenement de la résurrection, et tout ce que les chrétiens vont en comprendre, il va y avoir comme un accomplissement et aussi un glissement de sens et aussi de pratiques. Progressivement, mais, aussi très rapidement, les premiers chrétiens vont délaisser le rassemblement à la synagogue le samedi, le sabbat, et le transférer au dimanche, en lien avec la résurrection du Christ Seigneur. Nous voyons bien en faisant l’histoire qu’un certain nombre de pratiques actuelles ont un enracinement dans la tradition d’Israël. Comme en témoignent déjà les actes des apôtres, on commence à se réunir : Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain; (Actes  20, 7). Au temps des Actes, il y a déjà cette mutation qui est en cours.

Un témoignage très ancien de la fin du 1° siècle, témoigne de ce glissement.
"Ceux qui vivaient selon l'ancien ordre des choses sont venus à la Nouvelle Espérance. Ceux-là n'observent plus le Sabbat mais le dimanche, jour où notre vie s'est levée par le Christ et par sa mort" Saint Ignace d'Antioche, mort vers 107.

Le jour du soleil (solis dies) fut donc rebaptisé jour du seigneur (dominicus dies) en souvenir de la résurrection. On retrouve cette référence chrétienne dans toutes les langues romanes actuelles.
Le dimanche ne fut à ses débuts que jour de célébration. C'est à l'empereur Constantin qu'on lui doit son caractère de jour de repos, au IV° siècle. Voici la teneur de cette loi promulguée en date du 7 mars 321 : " Que tous les juges, les citadins et les artisans se reposent au jour vénérable du soleil. Mais que ceux qui habitent la campagne s’adonnent paisiblement et en toute liberté à la culture de leurs champs, attendu que souvent aucun autre jour n’est aussi propice pour faire les semailles ou planter les vignes ; il ne faut donc pas laisser passer le temps favorable, et frustrer ainsi, les intentions bienveillantes du ciel. " (Code Justinien, L. III, titre 12, loi 3. Citée en latin dans le Jour du Seigneur, par Louis Thomas, doct. en théol., vol. II, Append. III, p. 21. Genève et Paris, 1893.)
Notons au passage que Constantin ne donne pas beaucoup l'exemple en appelant le dimanche "jour du soleil" alors qu'il aurait dû dire "jour du Seigneur".

La pratique de la désaffection dominicale est présente dès le début de l’Eglise :
Gardons indéfectible la confession de l'espérance, car celui qui a promis est fidèle,  24 et faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les oeuvres bonnes;  25 ne désertez pas votre propre assemblée, comme quelques-uns ont coutume de le faire, mais encouragez-vous mutuellement, et d'autant plus que vous voyez approcher le Jour. (Hébreux  10,24)

  1. Le sens du dimanche, lui-même, dans la tradition ancienne de l’Eglise. (approche historique)

Un document contemporain d'Ignace, sinon de l'Apocalypse, la Didachè, nous permet d'entrevoir comment se tient alors l'assemblée des fidèles :
« Le jour dominical du Seigneur, rassemblez-vous pour rompre le pain et rendre grâce, après avoir en outre confessé vos fautes pour que votre sacrifice soit pur. Mais que celui qui a un différend avec son compagnon ne se joigne pas à vous avant de s'être réconcilié, de peur que votre sacrifice ne soit profané » (Didache 14, éd. W. rordorf et A. tuilier, éd. du Cerf, 1978 (SC 248), p. 193 ; commentaire, ibid., pp. 63-71.)

A cette évocation sommaire, un témoignage païen apporte une préci­sion : dans la lettre qu'il adressa à Trajan, en 112, Pline le Jeune, gouver­neur de Bithynie, déclare que les chrétiens arrêtés affirmaient que toute leur faute ou leur erreur s'était bornée à se réunir habituellement à jour fixe, avant l'aube, pour chanter entre eux un chant au Christ comme à un dieu (pline le jeune, Epistolarum lib. 10, 96; texte cité dans W. rordorf, Sabbat et Dimanche, p. 79).

Il ne fait pas de doute que le «jour fixe», dont parle Pline, soit le dimanche. Nous apprenons en outre que l'assemblée des chrétiens a lieu à l'aube, qu'elle comporte un chant au Christ (est-ce la prière eucharisti­que?) et, ainsi que le montre la suite du texte, qu'elle est désormais distincte de l'agape vespérale.

Cinquante ans plus tard, nous atteignons avec saint Justin (+ 165) la première description de l'assemblée dominicale :
Le jour qui est appelé le jour du soleil, tous (les nôtres) qui habitent la ville ou les champs s'assemblent en un même lieu. On lit les mémoires des Apôtres ou les écrits des prophètes... Nous nous assemblons tous le jour du soleil, parce que c'est le premier jour, où Dieu, tirant la matière des ténèbres, créa le monde et que, ce même jour, Jésus-Christ notre Sauveur ressuscita des morts (S. justin,/" Apologie 67,3, éd. L. pautigny, Picard, \904(Textes et documents), p. 143.)

On voit comment, en un temps où il n'était évidemment pas chômé, le dimanche rassemblait pourtant tous les fidèles du Christ, et l'on com­prend l'insistance avec laquelle, au milieu du IIIe siècle, la Didascalie des Apôtres déclarera :

Ne mettez pas vos affaires temporelles au-dessus de la parole de Dieu, mais abandonnez tout au jour du Seigneur, et courez avec diligence à vos églises, car c'est là votre louange envers Dieu. Sinon, quelle excuse auront auprès de Dieu ceux qui ne se réunissent pas au jour du Seigneur pour entendre la parole de vie et se nourrir de la nourriture divine qui demeure éternellement (Didascalie des Apôtres 13, trad. F. nau, 2e éd., Lethielleux, 1912, p. 116.)  ?

Quel écho les prescriptions du législateur ecclésiastique trouvaient-elles près des fidèles ? Le témoignage de Pline et celui du laïc Justin nous le laissaient deviner. Plus émouvant est sans contredit celui des martyrs d'Abitène (près de Medjez-el-Bab en Tunisie), que l'on pourrait appeler les martyrs du dimanche. Arrêtés pour rassemblement illicite, trente et un hommes et dix-huit femmes comparurent le 12 février 304, à Carthage devant le proconsul Anulinus. Comme celui-ci leur reprochait d'avoir contrevenu aux édits impériaux, le prêtre Saturninus répondit: «Nous devons célébrer le jour du Seigneur. C'est notre loi ». Le lecteur Emeritus, chez qui s'était réunie la communauté, tint le même langage : « Oui, c'est dans ma maison que nous avons célébré le jour du Seigneur. Nous ne pouvons pas vivre sans célébrer le jour du Seigneur». La vierge Victoria déclara fièrement: «J'ai été à l'assemblée, parce que je suis chrétienne» .

Synthèse sur les fondamentaux du dimanche aux 1° siècles.
La pratique ancienne des chrétiens était donc :
  1. De se rassembler le dimanche. Le rassemblement, l’assemblée. C’est l’origine du sens de l’Eglise, convoquée pour être rassemblée… Les chrétiens ne sont pas ceux qui vivent leur foi de manière privée ou individuelle. Mais, le baptême a fait de nous les membres du corps du Christ. Nous formons un même corps. Le dimanche manifeste l’Eglise, le corps du Christ. Le rassemblement dominical manifeste cette appartenance au Christ. Les fidèles sont ceux qui appartiennent au Christ.
  2. L’écoute de la Parole de Dieu et la mémoire du salut de Dieu dans l’histoire.
  3. L’action de grâce, le partage, la collecte (que l’on voit d’ailleurs aussi chez Paul[1]) la « fraction du pain ». (le nom le plus ancien pour désigner l’eucharistie)
  4. Le jour du repos, en mémoire du 7° jour où Dieu s’est reposé.
Ce sont ainsi les moyens fondamentaux de la célébration de la résurrection du Seigneur.

  1. Le dimanche dans la pensée de Jean-Paul II, suite au concile Vatican II
Nous approchons de l’anniversaire de l’ouverture du concile Vatican II. Le concile s’est exprimé sur le dimanche.

Revalorisation du dimanche
            106   L'Eglise célèbre le mystère pascal, en vertu d'une Tradition apostolique qui remonte au jour même de la résurrection du Christ, chaque huitième jour, qui est nommé à bon droit le jour du Seigneur, ou dimanche. Ce jour-là, en effet, les fidèles doivent se rassembler pour que, entendant la parole de Dieu et participant à l'Eucharistie, ils se souviennent de la passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus, et rendent grâces à Dieu qui les "a régénérés pour une vivante espérance par la résurrection de Jésus- Christ d'entre les morts" 1P 1,3 . Aussi, le jour dominical est-il le jour de fête primordial qu'il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles, de sorte qu'il devienne aussi jour de joie et de cessation du travail. Les autres célébrations, à moins qu'elles ne soient véritablement de la plus haute importance, ne doivent pas l'emporter sur lui, car il est le fondement et le noyau de toute l'année liturgique. (1963 Sacrosanctum Concilium 106)

C’est un texte dense, très dense ! On retrouve bien ce qui a été exprimé jusqu’ici. Il y a cette insistance sur
  1. le mystère pascal, le lien entre le dimanche et Pâques, mais aussi, (On parle d’ailleurs du dimanche comme de la Pâques hebdomadaire)
  2. le 8° jour : cf. les baptistères octogonaux.
  3. Le rassemblement, l’écoute de la parole de Dieu, l’eucharistie,
  4. La fête, jour de joie
  5. Jour de repos.
  6. Aucune autre fête ne doit primer sur le dimanche ! (pas de dimanche à thème…)

Jean-Paul II a écrit une lettre sur le sens du dimanche, avec 5 chapitres :
1.      Le jour du Seigneur : la célébration de l’œuvre du Créateur.
2.      Le jour du Christ : le jour du Seigneur ressuscité et du don de l’Esprit Saint.
3.      Le jour d’Eglise : l’assemblée eucharistique au cœur du dimanche.
4.      Le jour des hommes : le dimanche, jour de joie, de repos et de solidarité.
5.      Le jour des jours : le dimanche fête primordiale révélant le sens du temps.

Je vous donne quelques citations significatives de Jean-Paul II…

69. Le dimanche doit également donner aux fidèles l'occasion de se consacrer aux œuvres de miséricorde, de charité et d'apostolat. La participation intérieure à la joie du Christ ressuscité doit pousser aussi à partager pleinement l'amour qui anime son cœur: il n'y a pas de joie sans amour!

72. L'Eucharistie est un événement de fraternité et un appel à vivre la fraternité. Il rayonne de la Messe dominicale une onde de charité, destinée à se diffuser dans toute la vie des fidèles, en commençant par animer aussi la façon de vivre le reste du dimanche. Si c'est un jour de joie, il faut que le chrétien dise par ses attitudes concrètes qu'on ne peut être heureux « tout seul ». Il regarde autour de lui, pour découvrir les personnes qui peuvent avoir besoin de son sens de la solidarité. Il peut arriver que, dans son voisinage ou dans le cercle de ses connaissances, il y ait des malades, des personnes âgées, des enfants, des immigrés, qui, précisément le dimanche, ressentent plus vivement encore leur solitude, leur pauvreté, la souffrance liée à leur condition. A leur égard, l'engagement ne peut certainement pas se limiter à des initiatives dominicales sporadiques, mais pourquoi, sur le fond de cette attitude d'engagement plus global, ne pas donner durant le jour du Seigneur une place plus grande au partage, en utilisant toutes les ressources dont dispose la charité chrétienne? Inviter à sa table une personne seule, faire une visite à des malades, donner à manger à une famille dans le besoin, consacrer une heure à certaines activités bénévoles et de solidarité, ce serait à coup sûr une façon d'introduire dans la vie la charité du Christ puisée à la Table eucharistique.



  1. Aujourd’hui, le dimanche.
  2. Qu’est-ce qu’un dimanche autrement ? C’est un dimanche où les paroissiens sont invités à ne pas s’enfuir dès que la messe est finie, c’est un dimanche où ceux qui ne pratiquent que peu sont invités à venir, c’est un dimanche où nous sommes invités à vivre comme une communauté chrétienne.

Nous sentons aujourd’hui, au moins dans notre pays et en divers endroits de notre diocèse une recherche sur la manière de vivre le dimanche ; on parle par exemple, de « dimanche autrement », certainement pour exprimer que le dimanche n’est pas seulement le jour où il faut aller à la messe. Beaucoup de nos contemporains et parfois de bons chrétiens pratiquants ont encore cette pensée encrée en eux. Ils vont à la messe par devoir. Mais, de plus en plus, dans des paroisses et dans des communautés, dans des familles, une recherche se fait pour déployer davantage les dynamismes de l’eucharistie en dehors de l’eucharistie elle-même. Le sens du dimanche ne se limite pas à l’accomplissement d’un précepte. Il y a une nouveauté qui est jaillie de l’amour de Dieu : la vie nouvelle, la résurrection, l’Eglise, la fidélité de Dieu, la miséricorde et le pardon, manifestés dans la résurrection du Christ. Tout cela est au cœur de l’eucharistie, mais tout cela est appelé à se déployer au-delà de l’assemblée elle-même, pour toucher chaque membre de la communauté ecclésiale. L’Eglise, la paroisse, la communauté chrétienne ne se limite pas à ceux qui vont à la messe du dimanche. Certes, la messe est la source et le sommet de toute la vie chrétienne. Mais, entre la source et le sommet, il y a tout un espace pour la vie de l’Eglise et de la communauté dans son ensemble.

C’est ainsi que l’on voit fleurir ici ou là diverses initiatives de rassemblements au-delà de l’eucharistie. Des temps conviviaux et fraternels, des temps de formation, des temps de catéchèse, des temps de retraite et de prière prolongée, des temps de partage, des temps de réflexion, etc… Dans certains endroits, j’entends parler de « la messe qui prend son temps », où un temps de lecture et de partage de la parole de Dieu permet aux chrétiens de s’exprimer, de se confronter à la parole de Dieu, d’échanger, de chercher comment cette parole les rejoint. Depuis quelques mois, dans notre diocèse, il y a une initiative qui s’appelle « la messe ailleurs », pour rappeler que nous sommes en chemin. Cette initiative cherche aussi à proposer à des sympathisants des chrétiens, pas forcement pratiquants, une manière de célébrer qui les aident à entrer dans le mystère eucharistique, avec ce qu’ils sont… Dans de multiples lieux, souvent, il y a des messes des familles, adaptées à un public particulier, qui n’est pas encore initié à l’eucharistie, mais pour aider à cette initiation à l’eucharistie et encourager à manifester et à vivre cette appartenance à la communauté chrétienne. Je vois aussi dans une autre paroisse, la préparation à la première communion pour les enfants du catéchisme se fait le dimanche matin, avec les enfants et avec leurs parents, avec des temps et des pédagogies spécifiques pour les uns et les autres. Il y a les messes d’aumônerie, etc…

Dans une société où ce qui a de la valeur, c’est ce qui est efficace, c’est ce qui rapporte, c’est l’action, c’est ce qui passe dans les médias, c’est le commerce, c’est l’argent, etc, nous devons certainement retrouver la dimension de gratuité du dimanche. Vivre le dimanche, pour le dimanche, vivre le dimanche pour le Seigneur, pour son corps, dans son corps qui est l’Eglise, dans la totalité de son corps qui est l’Eglise, vivre le dimanche gratuitement, pour lui-même, car il est tout simplement un don du Seigneur, le don du repos… dans une société ou plus personne n’a le temps, tout le monde est pressé.

Conclusion
A toutes les époques, l’Eglise a réaffirmé l’importance du dimanche. Elle le fait encore aujourd’hui et les communautés chrétiennes cherchent comment vivre ce dimanche en plénitude dans les circonstances qui sont les notres. Les premiers chrétiens ont dû, en quelque sorte, « créer » ce jour à partir de leur foi au Christ ressuscité. Le Seigneur nous appelle à donner à l’homme toute sa dimension d’être spirituel appelé à la louange, et à l’espérance. La vie chrétienne se déroule tous les jours, pas que le dimanche, mais la vie chrétienne se déroule en célébrant le dimanche. En se réunissant le dimanche, les chrétiens manifestent que celui qui les fait vivre, c’est le Christ ressuscité. C’est pourquoi, il nous faut certainement continuer à approfondir dans nos communautés, dans nos secteurs, ce sens, pour voir les conséquences concrètes, les initiatives nouvelles à prendre, les tournant à susciter, pour que l’Eglise prenne corps ce jour-là, qu’elle approfondisse sa mission, qu’elle entraine les baptisés à vivre leur existence comme une existence pascale.


[1] Quant à la collecte en faveur des saints, suivez, vous aussi, les instructions que j'ai données aux Eglises de la Galatie.  Que le premier jour de la semaine, chacun de vous mette de côté chez lui ce qu'il aura pu épargner, en sorte qu'on n'attende pas que je vienne pour recueillir les dons. Et une fois près de vous, j'enverrai, munis de lettres, ceux que vous aurez jugés aptes, porter vos libéralités à Jérusalem ; et s'il vaut la peine que j'y aille aussi, ils feront le voyage avec moi. (1 Corinthiens  16, 2) 

Ce blog est au service de ceux qui cherchent entrer plus avant dans l'intelligence de la liturgie

On y trouve quelques causeries faites ici ou là ainsi que des textes, des références...
Il est tout à fait irrégulier dans ses contributions.
On peut chercher et trouver d'excellentes contribution sur le portail du Service National de Pastorale Liturgique et Sacramentelle : http://www.liturgiecatholique.fr/ ou bien sur les liens de ce blog ; liens variés...

Abbé Pierre Deprecq

Toute question de LITURGIE a sa réponse...

Quel est le sens de la liturgie? de la bénédiction? de l'encensement? des sacrements? Que signifient les gestes du prêtre ? ...
Toute question de LITURGIE a sa réponse...
Ce blog donne un écho de quelques questions et réponses à reçues et données à partir du site du diocèse de Bordeaux : http://catholique-bordeaux.cef.fr/
à la rubrique "UN PRÊTRE VOUS REPOND"