samedi 31 mars 2012

Présentation du motu proprio summorum Pontificum sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970

Présentation du motu proprio summorum Pontificum
sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970
trois ans et ½ après…
24 mars 2011

Le 7 juillet 2007, le Pape Benoit XVI a rendu public le motu proprio data « summorum pontificum », sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970. Quelle est la genèse de ce texte ? Quelle en est la raison ? Quel en est le contenu ? Quelles questions pose-t-il à notre discernement pastoral, comme délégués diocésains chargés de la pastorale liturgique et sacramentelle sur nos diocèses ? Je ne répondrai pas à toutes ces questions, mais, je vais essayer de donner quelques éclairages et nous renvoyer finalement un certain nombre de questions qui me semblent devoir être retravaillées : je pense que la matinée et la journée même ne suffiront pas !

1.      Le contexte du motu proprio.
Dans les actes du magistère récent, ce document fait suite notamment à l’exhortation apostolique post synodale sur l’eucharistie, sacrement de l’amour. Dans Sacramentum Caritatis (22 février 2007), le Pape Benoit XVI ressaisissait les travaux du synode de 2005 sur l’eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise. Ce document est en trois parties :
1.      Eucharistie, mystère à croire.
2.      Eucharistie, mystère à célébrer
3.      Eucharistie, mystère à vivre.
Le Pape y approfondit de façon très belle la foi et la Tradition de l’Eglise sur l’eucharistie, comme mystère. Dans la deuxième partie, il développe quelques paragraphes sur l’ars celebrandi (l’art de célébrer) et l’actuosa participatio (participation active). Il se situe dans la ligne de son prédécesseur Jean-Paul II, dans la suite aussi des deux autres documents précédents sur l’eucharistie : L’Eglise vit de l’Eucharistie (17 avril 2003) (Ecclesia de eucharistia) qui développe la dimension ecclésiologique de l’Eucharistie et Mane Nobiscum Domine (7 octobre 2004), qui développe notamment la place de la Parole de Dieu dans l’Eucharistie. Le thème de la parole de Dieu, mais aussi celui de l’assemblée est repris et développé dans la dernière exhortation apostolique sur la Parole de Dieu. Verbum Domini, (décembre 2010).

Il n’est pas de doute, en citant ne serait-ce que ces 4 textes doctrinaux récents, (moins de 10 ans) que depuis le concile Vatican II, l’Eglise ne cesse d’approfondir son intelligence de la liturgie et du mystère eucharistique. La focalisation de notre attention sur le Moto Proprio ne doit pas en tous les cas, nous le faire oublier, pour ne pas faire du Motu Proprio un en soi, hors sol. Il ne se situe pas hors de ce travail d’intelligence de la foi, et nous ne devons pas, nous non plus, nous situer hors de ce contexte, oublier ces prises de paroles du Magistère récent.

Je crois qu’il faut aussi mettre dans le contexte du motu proprio, l’instruction Redemptionis Sacramentum du 25 mars 2004, qui était un rappel d’un certain nombre de lois et de normes en matière de liturgie. Si l’Eglise rappelle la loi, c’est qu’elle estime que cette loi est méconnue, ou connue mais mise en oeuvre parfois de façon approximative. Je crois important de souligner qu’à Rome comme ailleurs arrivent plus souvent des courriers de plaintes que des courriers de félicitations ou de remerciements… Et le cardinal Ratzinger, comme préfet de la doctrine de la foi, était souvent le destinataire de ces courriers décrivant les différentes situations créant de la souffrance chez les fidèles. Autre chose, ces textes sont des textes généraux, pour l’Eglise universelle. Ils sont à recevoir comme tels. Ils ne visent pas la situation liturgique de toutes nos assemblées. C’est une compilation de toutes les lois par rapport à un certain nombre d’abus reçus et recensés ici ou là. Ils ne donnent pas la température de l’ars celebrandi dans nos paroisses.

Plus largement ce rappel de la loi se situe, me semble-t-il, dans un contexte culturel et social lié à notre temps, où l’homme contemporain a du mal avec l’objectivité de la loi et des normes. Nous sommes dans un contexte où la règle qui prime souvent, est celle de l’autonomie. L’homme, l’individu contemporain obéit plus facilement aux lois qu’il se donne qu’aux lois qui lui sont données. Ce contexte ne touche pas que les autres, ou les institutions hors de l’Eglise, mais, il traverse les Eglises et communautés chrétiennes de part en part, aussi bien chez ceux que nous appelons les traditionnalistes que dans nos communautés chrétiennes. C’est un trait culturel fort aujourd’hui, que dans tous les domaines de la vie, nous choisissons en en prenant et en laissant, et que bien souvent le critère du choix n’est pas forcement, la vérité universelle ou le bien de la communauté, mais le bien individuel, en fonction de ce qui me plait : « C’est mon choix » ! Ce trait culturel se retrouve par exemple dans la difficulté que l’homme contemporain a à vivre le mariage, à vivre en communauté, ou bien par rapport à l’autorité, soit pour l’exercer, soit pour l’accueillir comme telle. Nous pourrions chacun donner de multiples exemples, dans le domaine du chant, de la musique, et dans la pastorale sacramentelle au-delà de l’eucharistie dominicale. C’est bien souvent les sentiments et les gouts personnels - l’expression du moi - qui priment sur l’objectivité et le bien commun, le « nous ».

Dans le contexte du motu proprio, nous ne pouvons pas ne pas mettre aussi l’événement qu’a constitué la levée des excommunications, le 21 janvier 2009. Le communiqué de la salle de presse paru alors disait : Le décret de la Congrégation pour les évêques, daté du 21 janvier 2009, a été un acte par lequel le Saint-Père répondait simplement à des demandes répétées faites par le supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X. Sa Sainteté a voulu lever un obstacle empêchant l'ouverture du dialogue. Elle attend désormais que les 4 évêques expriment la même disponibilité, en pleine adhésion à la doctrine et à la discipline de l'Eglise.  Et si nous lisons un tant soit peu la littérature issue de la fraternité St Pie X accessible sur internet, et de son supérieur actuel, parmi les demandes répétées de leur part pour la réconciliation avec l’Eglise, il y avait plusieurs préalables au dialogue et à la communion : Et, de mémoire, le premier de ces préalables était que le Pape puisse donner la faculté à tous les prêtres du monde entier de pouvoir célébrer librement la messe selon le missel de 1962.

En mettant en corrélation ces actes, nous voyons s’exprimer de manière très forte, la volonté du Saint Père de rétablir la communion avec cette petite portion du Peuple de Dieu ; et le saint Père l’écrit très clairement dans la lettre qui accompagne le Moto Proprio : Voici la raison positive qui est le motif qui me fait actualiser par ce Motu Proprio celui de 1988. Il s’agit de parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Eglise. En regardant le passé, les divisions qui ont lacéré le corps du Christ au cours des siècles, on a continuellement l’impression qu’aux moments critiques où la division commençait à naître, les responsables de l’Eglise n’ont pas fait suffisamment pour conserver ou conquérir la réconciliation et l’unité; on a l’impression que les omissions dans l’Eglise ont eu leur part de culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider. Ce regard vers le passé nous impose aujourd’hui une obligation: faire tous les efforts afin que tous ceux qui désirent réellement l’unité aient la possibilité de rester dans cette unité ou de la retrouver à nouveau.

2.      Au sujet du Motu Proprio,
21.  LA LETTRE JOINTE
Le Pape a tenu à accompagner le Motu Proprio d’une lettre adressée aux évêques.
Dans l’introduction de cette lettre, il dit combien le motu proprio a suscité de la confusion, avant même d’être promulgué, soit pour l’approuver, soit pour le rejeter. Cette lettre veut répondre à deux craintes :
-          La première est celle d’amenuiser l’autorité du concile Vatican II et de voir mettre en doute une de ces décisions essentielles – la réforme liturgique.
-          La deuxième est qu’une plus large possibilité d’utiliser le Missel de 1962 puisse porter à des désordres, voire à des fractures dans les communautés paroissiales.

Le Pape est dans son rôle quand il s’agit de défendre la Tradition de l’Eglise dont fait partie le concile Vatican II ; il est tout autant dans son rôle quand il s’agit de l’Unité. Ce motu proprio avec les facultés qu’il donne a-t-il diminué l’autorité du concile Vatican II ? Après trois ans et ½ d’application, voilà une première question que nous pourrons aborder dans nos échanges. De même, avons-nous été témoins de désordres nouveaux, voire de fractures nouvelles au sein des communautés paroissiales ? Voilà une deuxième question que nous pourrons aussi nous poser tout à l’heure. La lettre du Pape est courte, dense, et il n’est pas facile de faire ressortir les points forts de son argumentation. J’essaye de ne pas trop le paraphraser.

Face à ces deux craintes, quels sont les arguments développés par le Saint Père ?
1.      Le Pape répond par l’histoire. En quelques traits, il dresse l’histoire du Missel Romain depuis le concile Vatican II, non pas toute l’histoire, la grande histoire, telle qu’elle a par exemple été davantage développée par Jean-Paul II, dans deux beaux documents peu connus[1], mais, quelques aspects de cette histoire, à savoir les points qui ont fait et qui font difficultés chez certains membres du Peuple de Dieu, par rapport au Missel Romain.
a.       Dans ce passage de la lettre, le saint Père fait référence tout à la fois au Mouvement liturgique qui a donné une remarquable formation liturgique, à Mgr Lefebvre, à beaucoup de personnes, écrit le saint Père, restées fortement attachées à l’usage ancien, à l’usage abusif du nouveau Missel, notamment par une fausse interprétation de la créativité. « les déformations arbitraires de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Eglise ». Il dit aussi que pour les disciples de Marcel LeFebre,  « la fidélité au missel ancien est devenue un signe distinctif extérieur, mais les raisons de la fracture sont à rechercher plus en profondeur ». Autrement dit, l’attachement au missel ancien a un côté symbolique… Finalement, pour le Pape, la difficulté pour eux, n’est pas le missel, mais autre chose à rechercher plus en profondeur
b.      Dans ce paragraphe, le Pape fait aussi référence à son prédécesseur, au précédant motu proprio de 1988, ecclesia dei adflicta, où Jean Paul II donna un cadre normatif pour l’usage du missel de 1962, suite aux sacres de 1988. Il faut certainement se rappeler que le cardinal Ratzinger était alors en première ligne dans l’essai de réconciliation entre Mgr Lefevre et l’Eglise. Il a vécu ces sacres comme une épreuve qui est restée comme une épine profonde en lui, et vécu aussi comme un échec. Il était missionné pour la réconciliation et cette réconciliation n’a malheureusement pas encore réussi, écrit-il.
c.       Le Pape fait référence au fait qu’aujourd’hui, une nouvelle génération qui n’a pas connu le concile est attaché à la forme antérieure de la liturgie.
d.      C’est dans sa réponse à la première crainte que le Pape introduit une formule relativement nouvelle et désormais connue : le missel de 1962 n’ayant jamais été juridiquement abrogé, on se trouve « de facto » dans l’Eglise avec un double usage d’un unique Rite. La forme actuelle est la forme ordinaire, la forme normale, la forme de 1962 est la forme dite extraordinaire.
e.       Dans l’argumentation du saint Père, je repère un passage du général au particulier : il passe du concile à la réforme liturgique au missel romain. Les trois choses sont liées, mais, distinctes. Le missel romain actuel est issu de la réforme liturgique, elle-même issue du Concile Vatican II. C’est certainement dans la difficulté d’appréhender cette distinction qu’apparait de la confusion. On est dans le « symbole » de toute part ! Accueillir le nouveau missel, c’est accueillir le concile, refuser le nouveau missel, c’est refuser le concile.

2.      La deuxième crainte touche à la question de l’unité.
a.       Derrière cette crainte, il y a aussi peut-être une forme d’appréhension que d’un seul coup, ou en quelques années, une grande partie du Peuple de Dieu revienne à l’usage antique. A cela le pape répond par deux arguments : la nécessité d’une formation et de la connaissance du latin, ainsi qu’un constat plus d’ordre sociologique : ceux qui sont attirés par la forme ancienne sont situés socialement.  Il semble que ce soit davantage un milieu social qui soit demandeur de la forme antérieure. L’usage de l’ancien Missel présuppose un minimum de formation liturgique et un accès à la langue latine ; ni l’un ni l’autre ne sont tellement fréquents… Les exagérations ne manquent pas (il ne précise pas quelles sont ces exagérations, ni où elles sont), ni parfois des aspects sociaux indûment liés à l’attitude de certains fidèles liés à l’ancienne tradition liturgique latine.
b.      De là, il affirme que les deux formes d’usage du rite Romain peuvent s’enrichir mutuellement. C’est un argument qui tient tout à la fois à la liturgie, mais aussi, je crois, au fait, que ceux qui ont rompu avec l’Eglise peuvent recevoir de la richesse de la vie actuelle de l’Eglise, mais que nous pouvons aussi recevoir d’eux. C’est un argument qui est par ailleurs, développé dans la théologie du dialogue interreligieux. Nous pouvons recevoir des hommes des autres religions comme ils peuvent recevoir de nous. Nous avons tout à gagner à nous rencontrer. Mieux vaut nous rencontrer que de nous ignorer ou même de nous battre. Ici, il pointe le thème de la « sacralité » qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien.
c.       Il revient ensuite sur l’importance de « célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions : c’est ce qui rend visible la richesse et la profondeur théologique de ce Missel ». En cela, il est dans la continuité et dans la logique de Redemptionis sacramentum. Finalement, si nous nous appliquons à bien célébrer selon la forme actuelle, ils (« les tradis ») verront combien nous avons la même foi et combien nous sommes proches.
d.      Il donne ensuite l’argument positif présenté précédemment, à savoir, plus on tarde à se rapprocher, plus il sera difficile de se rapprocher. Si nous ne consentons pas à avoir une histoire commune, alors, les chemins vont définitivement se séparer.
e.       Enfin, dans un paragraphe, il développe l’argument théologique de la continuité, de la croissance et du progrès. En ce sens il reprend de manière très ramassée des points de son discours à la curie sur les deux herméneutiques possibles à l’égard du concile Vatican II : l’herméneutique de la discontinuité et de la rupture et l’herméneutique de la continuité dans l’unité (22 décembre 2005) ; dans ce discours il avait cherché à répondre à la question : pourquoi l'accueil du Concile, dans de grandes parties de l'Eglise, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile ?
En conclusion de cette lettre, il rappelle que c’est chaque évêque qui est le modérateur de la liturgie dans son propre diocèse ; il souhaite qu’un compte rendu soit envoyé à Rome après trois ans d’entrée en vigueur du motu proprio. Si de sérieuses difficultés étaient vraiment apparues, on pourrait alors chercher des voies pour y porter remède.

22.  LE MOTU PROPRIO LUI-MÊME
Il comprend une introduction et un texte de type législatif de 12 articles.
a.      L’introduction au Motu Proprio
Dans l’introduction Benoit XVI, en faisant mémoire de St Grégoire, de St Pie V, et de plusieurs autres de ses prédécesseurs plus immédiats, rappelle que les Papes ont toujours veillés sur la liturgie car celle-ci est le lieu et l’expression de la communion des Eglises particulières avec l’Eglise universelle et parce que la lex orandi correspond à sa lex credendi. Il y a une fécondité de la liturgie, sous ses diverses formes, pour les personnes et pour les cultures. Il rappelle l’édition « partielle » des livres liturgiques issus de la réforme du concile Vatican II, note la 3° édition du Missel par Jean-Paul II. Ce faisant, il rappelle ainsi que la liturgie est un organisme vivant et les formes que prend la liturgie sont l’expression finalement d’une recherche qui a traversé toute l’histoire de l’Eglise. Il rappelle les facultés offertes par son prédécesseur aux nombreux fidèles qui se sont attachés et restent attachés aux formes liturgiques précédentes, qui avaient profondément imprégnées leur culture et leur esprit.
b.      Les 12 articles législatifs du Motu Proprio
Je ne fais qu’énoncer les nouveautés apportées par ce texte par rapport aux deux documents précédents de Jean-Paul II. En fait, dès 1984, quattuor adhinc annnos la faculté était laissée aux fidèles et aux prêtres de célébrer selon la forme de 1962 ; cette mise en oeuvre se faisait par le biais des évêques qui pouvait confier des chapelles. Benoit XVI libéralise complètement l’usage de l’ancien rite, antérieur à 1970. Tout prêtre peut désormais célébrer dans cette forme, sans avoir à en demander une autorisation préalable à qui que ce soit. Et ce, pour la messe, mais aussi le bréviaire romain, et tous les sacrements. La nouveauté du texte est qu’il renvoie la décision non plus aux évêques, mais aux curés, pour des groupes dits « stables » de fidèles qui en feraient la demande. Par rapport à la forme de 1962, l’autorisation est donnée de faire les lectures en langue vernaculaire. En revanche rien n’est dit sur les nouveaux saints du calendrier ou sur l’usage d’autres préfaces. L’évêque peut ériger une paroisse en paroisse personnelle. La commission Ecclesia Dei continue à exercer sa mission.

3.      La mise en œuvre du Motu Proprio
Nous pourrons échanger sur cet aspect. Pour ma part, je n’ai que les éléments du diocèse de Bordeaux… Il est sûre que dans une réconciliation, il y a des pas à faire de toute part. Si on s’attend mutuellement sans faire de pas, sans nouer de dialogue, alors, la réconciliation n’avancera pas et n’aboutira pas. Je suis témoin que les choses à Bordeaux avancent tout doucement, mais avancent.

Sur l’application du Motu Proprio, je voudrais faire une petite remarque qui est une question à laquelle je n’ai pas de réponse.
Comment interpréter le fait que si le St Père a offert la possibilité à tous de célébrer tous les actes liturgiques dans la forme antérieure, aucun de ces livres n’aient été publiés ou republiés ? Car pour célébrer sous la forme ancienne, il faut avoir les livres… Pas uniquement le missel, mais aussi l’évangéliaire, le rituel romain, les divers livres de chants, le Pontifical, le cérémonial des évêques, le processional, le bréviaire romain… En effet, le droit de l’Eglise (Canon 838 § 2) dit qu’ « il revient au siège apostolique d’organiser la sainte liturgie et d’éditer les livres liturgiques...». Hors, à ce jour, à ma connaissance, rien n’a bougé à Rome et en dehors des communtautés « tradis » qui rééditent ces livres, je ne connais pas de diocèses ou d’assemblée d’évêques qui aient pris une telle initiative. Pour la petite anecdote, en réponse à cette question posée à Rome, j’ai reçu en cadeau une édition universitaire du Missel de 1962, mais, pas de livre liturgique. Et aucune réponse sur la sortie prochaine des autres livres liturgiques.
D'après le Père Nicolas Richer (Agen), il y aurait eu une nouvelle édition du missel de 1962, sortie de la librairie Vaticane.

CONCLUSION
En conclusion je voudrais donner 8 points qui me paraissent plus fondamentaux qui me semblent devoir être retravaillés. Ils demandent, je crois, plusieurs approches : historique, philosophique, anthropologique, culturel et théologique. Ils pourront faire l’objet d’un échange en fonction aussi d’autres questions que vous vous posez et en fonction de la manière dont vous percevez le retentissement de ce Motu Proprio dans la vie de vos diocèses et de vos assemblées.
1.      Du côté des  « tradis », quelles sont les raisons de la fracture à rechercher plus en profondeur ? Le Pape ne donne pas les raisons, mais certainement que le groupe de dialogue et de travail qu’il a créé en 2009 doit chercher à mettre ces raisons davantage en lumière. Le cardinal Eyt, dans une conférence donnée en 1996 au centre St Louis des Français à Rome[2] avait développé la question du traditionalisme et de la Tradition, en montrant que la mouvance lefevriste se situait en France, dans la continuité avec le mouvement de contre révolution. Dans cette conférence il interrogeait par exemple : « A cause de la place qu’y tient la Tradition, le catholicisme n’a-t-il pas tendance au refus de tout changement, de tout développement, de tout progrès ? »… « Le présent et l’avenir ne répètent jamais le passé, purement et simplement. Ils ne peuvent non plus jamais s’en abstraire. C’est dans ce lien créatif que la Tradition prend sa place »[3]. (p. 232). Pages 235-236, le cardinal Eyt développe les 4 caractéristiques de l’intégrisme :
a.       La confusion de l’histoire avec une forme de mythologie appliquée au passé. Le passé serait « un long fleuve tranquille », dont tel ou tel événement (la révolution française, le concile Vatican II) est venu brutalement interrompre le cours. Jusque-là, les hommes auraient baigné dans une continuité heureuse, pleine et sereine dans laquelle la vérité avait partie totalement liée avec l’évidence.
b.      Un « totalitarisme sacral » : nous nous trouvons en présence d’une seule source de vérité présentant dans un unique courant ce qui concerne la foi, la morale, la politique, la science, l’art, l’éducation, etc. sans que puissent être repérés des ordres distincts et relativement autonomes de vérité.
c.       Le formalisme. Rites, vêtements liturgiques, langue, musique et chant… prennent une place essentielle et vitale. L’histoire des rites et des institutions, l’histoire et la diversité des formes sont niées. La liturgie ne peut évoluer au nom de la Tradition « pérenne ».
d.      Un risque très fréquent d’attitudes et de comportements de condamnation et d’exclusion.
Je pense que comme délégués chargés de la pastorale liturgique et sacramentelle, il nous faut chercher à comprendre et à connaître ce qu’est la grande Tradition de l’Eglise dans laquelle le concile Vatican II et la réforme liturgique sont allés puiser les sources du renouveau liturgique. Nous verrons que la Grande Tradition de l’Eglise est faite de plusieurs traditions légitimes, ne serait-ce que les différentes familles liturgiques ; à l’intérieur de la Tradition, il y a de multiples formes qui ont existé sur tous les aspects de la liturgie, mais qu’au-delà de la variété des formes, il y a une Unité profonde du rite romain, une unité qui n’est pas formelle, mais une unité fondée sur les paroles et les actes du Christ. Le concile parlait de la partie immuable de la liturgie, car d’institution divine[4].
2.      Que percevons-nous comme confusions dans nos communautés ecclésiales et qui appellent des formations, des distinctions ?
3.      Le Pape parle d’aspects sociaux indûment liés à l’attitude de certains fidèles liés à l’ancienne tradition liturgique latine. Repérons-nous cela dans nos diocèses et que pouvons-nous en dire ?
4.      Notre culture a été portée par une certaine idée du progrès qui montre aujourd’hui ses limites... On a beaucoup progressé dans le domaine de la connaissance et des techniques, mais, ces progrès ne rendent pas les hommes meilleurs ; la capacité à vivre ensemble en paix n’a pas beaucoup progressé. Il y a un grand désenchantement du monde. Les guerres continuent, de nouveaux problèmes apparaissent, écologiques, le nucléaire que l’on croyait avoir dompté, finalement ne donne pas toutes les sécurités attendues. Sans parler d’internet et de multiples autres problèmes de pauvreté, de faim dans le monde, etc... J’évoque ce thème du progrès, car, il est présent dans le premier paragraphe du concile Vatican II, dans le premier N° de la constitution sur la sainte liturgie[5]. Si on peut parler de progrès en liturgie (ou de régression), comment en parler de manière juste ? Pour reprendre l’expression fréquente dans la bouche du Pape, il y a là aussi, je crois, beaucoup de confusion… Pour ma part, je crois qu’il y a eu un vrai progrès en liturgie. Mais, il faut certainement contribuer à transformer l’essai…
5.      Un seul rite, deux formes. Il me semble que cet état de fait pose la question de la ritualité. Qu’est-ce que la ritualité ? Qu’est-ce qu’un rite ? A quoi le rite oblige-t-il ? Autrement dit, qu’est-ce qui est nécessaire dans un rite, pour qu’il y ait rite et pour qu’il produise ce qu’il doit produire ? Quelle est la nécessité des rites ? Quels sont les rites fondamentaux nécessaires à la vie de l’homme. Quels sont les éléments qui ne changent pas dans le rite : « le fond ». Et quels sont les éléments qui peuvent être changeants, sans qu’ils touchent à la nature profonde du rite ?  « la forme » du rite. Qu’est-ce qui a fait que certains n’avaient plus l’impression d’être à la messe quand d’autres pensaient célébrer la vraie messe ? On pourrait parler au présent. Qu’est-ce qui fait que certains n’ont plus l’impression d’être à la messe, quand d’autres pensent qu’il s’agit enfin d’une vraie messe ?
6.      Lié à ce thème de la ritualité, il y a les deux thèmes de l’adaptation et de la créativité. Que signifie adapter ? Jusqu’où adapter ? Où se situe la créativité en liturgie ? Quelle est la part de l’homme dans la célébration liturgique ? Quelle est la part que l’on doit nécessairement recevoir, quelle est la part où l’on doit nécessairement créer, s’engager ? Quelle est la juste créativité en liturgie ? Qu’est-ce que ça veut dire créer en liturgie ? A partir d’où la liturgie est-elle à ce point déformée qu’elle n’exprime plus ce qu’elle doit exprimer ?
7.      La sacralité : Dans sa lettre, le Pape Benoit XVI écrit :« Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise, et de leur donner leur juste place ». Le sacré est une réalité complexe à appréhender, mais, de nombreuses études ont été consacrées à cette réalité qui traverse toutes les cultures et toutes les civilisations. Quelle est la sacralité proprement chrétienne ? Qu’est-ce qui est sacré en liturgie et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Y a-t-il une objectivité du sacré liturgique ?
8.      L’ars Celebrandi : Si je reprends un peu d’histoire de la liturgie à grands traits, nécessairement caricaturaux, il me semble que le mouvement liturgique a développé toute une intelligence de la liturgie, par le recours à l’histoire, la redécouverte et le travail des sources, qui ont dévoilé un peu mieux à l’Eglise la richesse théologique et spirituelle de sa liturgie. Il y a eu, en lien avec ce mouvement liturgique et le renouveau théologique, patristique et biblique, mais aussi en lien avec les deux grandes guerres mondiales et le concile, toute une approche du Peuple de Dieu, des gens… qui a montré que face à une telle richesse il était devenu insupportable que les fidèles soient « comme des spectateurs étrangers et muets ».[6] (L’expression est dans le concile, mais, de mémoire, elle est reprise du Pape Pie XI). A une époque on s’est focalisé sur le rite en lui-même et sur le prêtre et sur la validité, à une autre époque, poussé par les concepts d’adaptation et de participation, on s’est davantage focalisé sur la réceptivité des fidèles du Peuple de Dieu, quitte à donner l’impression à certains d’avoir abandonné le rite. Il me semble que l’on assiste aujourd’hui à une forme de recentrage qui se cherche et qui est promouvoir. Ce recentrage cherche tout à la fois une fidélité aux rites et une fidélité aux personnes. Je crois que la clef de l’ars celebrandi est là. L’art de célébrer finalement avec une liturgie bimillénaire d’une richesse inouïe, avec des personnes du 3° millénaire, de cette époque qu’on appelle la post-modernité. C’est bien aussi ce concept d’ars celebrandi qu’il faut continuer à creuser, et d’un point de vue technique, et d’un point de vue spirituel, et d’un point de vue rituel, et d’un point de vue biblique, théologique et pastoral.

Annexe :
 lettre circulaire datée au Vatican du 3 Octobre 1984
et adressée par la congrégation pour le culte divin aux Présidents des conférences épiscopales.

Excellence, Il y a quatre ans, à la demande du Souverain Pontife Jean Paul II, les évêques de toutes l’Église furent invités à présenter une relation :
- sur la façon dont les prêtres et les fidèles de leurs diocèses avaient accueilli le Missel promulgué en 1970 par le pape Paul VI, obéissant ainsi aux décisions du concile Vatican II ;
- sur les difficultés rencontrées dans la réalisation de la réforme liturgique ;
- sur les éventuelles résistances qu’il a peut-être fallu vaincre.

Le résultat de cette consultation a été envoyé à tous les évêques (cf. notitiae n.185, décembre 1981). D’après leurs réponses, il semblait que le problème des prêtres et des fidèles attachés à ce que l’on appelle le " rite tridentin " était pour ainsi réglé.
Mais comme ce problème subsiste, le Souverain Pontife, désirant donner satisfaction à ces groupes, offre aux évêques diocésains la faculté d’user d’un Indult pour permettre aux prêtres et aux fidèles, énumérés explicitement dans la requête présentée à leur évêque, de célébrer la Messe en utilisant le Missel Romain édité officiellement en 1962, tout en observant les normes suivantes :
1.        Qu’il soit bien clair que ces prêtres et ces fidèles n’ont rien à voir avec ceux qui mettent en doute la légitimité et la rectitude doctrinale du Missel Romain promulgué par le Pape Paul VI en 1970 et que leur position soit sans aucune ambiguïté et publiquement reconnue.
2.        Que cette célébration ne soit faite que pour les groupes qui la demandent ; qu’elle ait lieu dans les églises et les chapelles que l’évêque du diocèse indiquera (et pas dans les églises paroissiales, à moins que l’évêque ne le permette pour des cas extraordinaires) ; et qu’elle se fasse aux jours et dans les conditions approuvées par l’évêque, qu’il s’agisse des célébrations habituelles ou exceptionnelles.
3.        Cette célébration devra se faire en suivant le Missel Romain de 1962 et en latin.
4.        On ne devra faire aucun mélange entre les textes et les rites des deux missels.
Chaque évêque informera cette Congrégation des autorisations accordées par lui et, un an après la concession de cet Indult, des résultats de son application.
Cette concession, qui montre le souci du Père commun pour tous ses enfants, devra être utilisée sans préjudice de l’observance de la réforme liturgique dans la vie des communautés ecclésiales.  
Je profite de cette occasion pour me dire dans le Seigneur, votre très dévoué.
+ AUGUSTIN MAYER Archevêque tit. de Satrianum
+ VIRGILIO NOE

LETTRE DU PAPE  BENOÎT XVI AUX ÉVÊQUES QUI ACCOMPAGNE LA LETTRE APOSTOLIQUE "MOTU PROPRIO DATA" SUMMORUM PONTIFICUM SUR L'USAGE DE  LA LITURGIE ROMAINE  ANTÉRIEURE À LA RÉFORME DE 1970

Chers frères dans l’Episcopat,
C’est avec beaucoup de confiance et d’espérance que je remets entre vos mains de Pasteurs le texte d’une nouvelle Lettre Apostolique « Motu Proprio data », sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970. Ce document est le fruit de longues réflexions, de multiples consultations, et de la prière.
Des nouvelles et des jugements formulés sans information suffisante, ont suscité beaucoup de confusion. On trouve des réactions très diverses les unes des autres, qui vont de l’acceptation joyeuse à une dure opposition, à propos d’un projet dont le contenu n’était, en réalité, pas connu.
Deux craintes s’opposaient plus directement à ce document, et je voudrais les examiner d’un peu plus près dans cette lettre.
En premier lieu il y a la crainte d’amenuiser ainsi l’Autorité du Concile Vatican II, et de voir mettre en doute une de ses décisions essentielles – la réforme liturgique.
Cette crainte n’est pas fondée. A ce propos, il faut dire avant tout que le Missel, publié par Paul VI et réédité ensuite à deux reprises par Jean-Paul II, est et demeure évidemment la Forme normale – la Forma ordinaria – de la liturgie Eucharistique. La dernière version du Missale Romanum, antérieure au Concile, qui a été publiée sous l’autorité du Pape Jean XXIII en 1962 et qui a été utilisée durant le Concile, pourra en revanche être utilisée comme Forma extraordinaria de la Célébration liturgique. Il n’est pas convenable de parler de ces deux versions du Missel Romain comme s’il s’agissait de « deux Rites ». Il s’agit plutôt d’un double usage de l’unique et même Rite.
Quant à l’usage du Missel de 1962, comme Forma extraordinaria de la Liturgie de la Messe, je voudrais attirer l’attention sur le fait que ce Missel n’a jamais été juridiquement abrogé, et que par conséquent, en principe, il est toujours resté autorisé. Lors de l’introduction du nouveau Missel, il n’a pas semblé nécessaire de publier des normes propres concernant la possibilité d’utiliser le Missel antérieur. On a probablement supposé que cela ne concernerait que quelques cas particuliers, que l’on résoudrait localement, au cas par cas. Mais, par la suite, il s’est vite avéré que beaucoup de personnes restaient fortement attachées à cet usage du Rite romain, qui leur était devenu familier depuis l’enfance. Ceci s’est produit avant tout dans les pays où le mouvement liturgique avait donné à de nombreuses de personnes une remarquable formation liturgique, ainsi qu’une familiarité profonde et intime avec la Forme antérieure de la Célébration liturgique. Nous savons tous qu’au sein du mouvement conduit par l’Archevêque Mgr Lefebvre, la fidélité au Missel ancien est devenue un signe distinctif extérieur; mais les raisons de la fracture qui naissait sur ce point étaient à rechercher plus en profondeur. Beaucoup de personnes qui acceptaient clairement le caractère contraignant du Concile Vatican II, et qui étaient fidèles au Pape et aux Evêques, désiraient cependant retrouver également la forme de la sainte Liturgie qui leur était chère ; cela s’est produit avant tout parce qu’en de nombreux endroits on ne célébrait pas fidèlement selon les prescriptions du nouveau Missel; au contraire, celui-ci finissait par être interprété comme une autorisation, voire même une obligation de créativité; cette créativité a souvent porté à des déformations de la Liturgie à la limite du supportable. Je parle d’expérience, parce que j’ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j’ai constaté combien les déformations arbitraires de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Eglise.
C’est pour ce motif que le Pape Jean-Paul II s’est vu dans l’obligation de donner, avec le Motu proprio « Ecclesia Dei » du 2 juillet 1988, un cadre normatif pour l’usage du Missel de 1962; ce cadre ne contenait cependant pas de prescriptions détaillées, mais faisait appel de manière plus générale à la générosité des Evêques envers les « justes aspirations » des fidèles qui réclamaient cet usage du Rite romain. A cette époque, le Pape voulait ainsi aider surtout la Fraternité Saint Pie X à retrouver la pleine unité avec le successeur de Pierre, en cherchant à guérir une blessure perçue de façon toujours plus douloureuse. Cette réconciliation n’a malheureusement pas encore réussi; cependant, une série de communautés a profité avec gratitude des possibilités offertes par ce Motu proprio. Par contre, en dehors de ces groupes, pour lesquels manquaient des normes juridiques précises, la question de l’usage du Missel de 1962 est restée difficile, avant tout parce que les Evêques craignaient, dans ces situations, que l’on mette en doute l’autorité du Concile. Aussitôt après le Concile Vatican II, on pouvait supposer que la demande de l’usage du Missel de 1962 aurait été limitée à la génération plus âgée, celle qui avait grandi avec lui, mais entretemps il est apparu clairement que des personnes jeunes découvraient également cette forme liturgique, se sentaient attirées par elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement. C’est ainsi qu’est né le besoin d’un règlement juridique plus clair, que l’on ne pouvait pas prévoir à l’époque du Motu Proprio de 1988; ces Normes entendent également délivrer les Evêques de la nécessité de réévaluer sans cesse la façon de répondre aux diverses situations.
En second lieu, au cours des discussions sur ce Motu Proprio attendu, a été exprimée la crainte qu’une plus large possibilité d’utiliser le Missel de 1962 puisse porter à des désordres, voire à des fractures dans les communautés paroissiales. Cette crainte ne me paraît pas non plus réellement fondée. L’usage de l’ancien Missel présuppose un minimum de formation liturgique et un accès à la langue latine; ni l’un ni l’autre ne sont tellement fréquents. De ces éléments préalables concrets découle clairement le fait que le nouveau Missel restera certainement la Forme ordinaire du Rite Romain, non seulement en raison des normes juridiques, mais aussi à cause de la situation réelle dans lesquelles se trouvent les communautés de fidèles.
Il est vrai que les exagérations ne manquent pas, ni parfois des aspects sociaux indûment liés à l’attitude de certains fidèles liés à l’ancienne tradition liturgique latine. Votre charité et votre prudence pastorale serviront de stimulant et de guide pour perfectionner les choses. D’ailleurs, les deux Formes d’usage du Rite Romain peuvent s’enrichir réciproquement: dans l’ancien Missel pourront être et devront être insérés les nouveaux saints, et quelques-unes des nouvelles préfaces. La Commission « Ecclesia Dei », en lien avec les diverses entités dédiées à l’usus antiquior, étudiera quelles sont les possibilités pratiques. Dans la célébration de la Messe selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien. La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel.
J’en arrive ainsi à la raison positive qui est le motif qui me fait actualiser par ce Motu Proprio celui de 1988. Il s’agit de parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Eglise. En regardant le passé, les divisions qui ont lacéré le corps du Christ au cours des siècles, on a continuellement l’impression qu’aux moments critiques où la division commençait à naître, les responsables de l’Eglise n’ont pas fait suffisamment pour conserver ou conquérir la réconciliation et l’unité; on a l’impression que les omissions dans l’Eglise ont eu leur part de culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider. Ce regard vers le passé nous impose aujourd’hui une obligation: faire tous les efforts afin que tous ceux qui désirent réellement l’unité aient la possibilité de rester dans cette unité ou de la retrouver à nouveau. Il me vient à l’esprit une phrase de la seconde épître aux Corinthiens, où Saint Paul écrit: « Nous vous avons parlé en toute liberté, Corinthiens; notre coeur s'est grand ouvert. Vous n'êtes pas à l'étroit chez nous; c'est dans vos coeurs que vous êtes à l'étroit. Payez-nous donc de retour; … ouvrez tout grand votre coeur, vous aussi ! » (2Co 6,11-13). Paul le dit évidemment dans un autre contexte, mais son invitation peut et doit aussi nous toucher, précisément sur ce thème. Ouvrons généreusement notre cœur et laissons entrer tout ce à quoi la foi elle-même fait place.
Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise, et de leur donner leur juste place. Evidemment, pour vivre la pleine communion, les prêtres des communautés qui adhèrent à l’usage ancien ne peuvent pas non plus, par principe, exclure la célébration selon les nouveaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté.
Pour conclure, chers Confrères, il me tient à cœur de souligner que ces nouvelles normes ne diminuent aucunement votre autorité et votre responsabilité, ni sur la liturgie, ni sur la pastorale de vos fidèles. Chaque Evêque est en effet le « modérateur » de la liturgie dans son propre diocèse (cf. Sacrosanctum Concilium, n. 22 : « Sacrae liturgiae moderatio ab Ecclesiae auctoritate unice pendet : quae quidem est apud Apostolicam Sedem et, ad normam iuris, apud Episcopum »).
Rien n’est donc retiré à l’autorité de l’Evêque dont le rôle demeurera de toute façon celui de veiller à ce que tout se passe dans la paix et la sérénité. Si quelque problème devait surgir et que le curé ne puisse pas le résoudre, l’Ordinaire local pourra toujours intervenir, en pleine harmonie cependant avec ce qu’établissent les nouvelles normes du Motu proprio.
Je vous invite en outre, chers Confrères, à bien vouloir écrire au Saint-Siège un compte-rendu de vos expériences, trois ans après l’entrée en vigueur de ce Motu proprio. Si de sérieuses difficultés étaient vraiment apparues, on pourrait alors chercher des voies pour y porter remède.
Chers Frères, c’est en esprit de reconnaissance et de confiance que je confie à votre cœur de Pasteurs ces pages et les normes du Motu proprio. Souvenons-nous toujours des paroles de l’Apôtre Paul, adressées aux prêtres d’Ephèse : « Soyez attentifs à vous-mêmes, et à tout le troupeau dont l'Esprit-Saint vous a établis gardiens, pour paître l'Eglise de Dieu, qu'il s'est acquise par le sang de son propre Fils » (Ac 20,28).
Je confie à la puissante intercession de Marie, Mère de l’Eglise, ces nouvelles normes, et j’accorde de tout mon cœur ma Bénédiction Apostolique à vous, chers Confrères, aux curés de vos diocèses, et à tous les prêtres vos collaborateurs ainsi qu’à tous vos fidèles.
Fait auprès de Saint-Pierre, le 7 juillet 2007.
BENEDICTUS PP. XVI



LETTRE APOSTOLIQUE EN FORME DE MOTU PROPRIO
LETTRE APOSTOLIQUE EN FORME DE MOTU PROPRIO DU SOUVERAIN PONTIFE
sur l’usage de la Liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970

LES SOUVERAINS PONTIFES ont toujours veillé jusqu’à nos jours à ce que l’Église du Christ offre à la divine Majesté un culte digne, « à la louange et à la gloire de son nom » et « pour le bien de toute sa sainte Église ».

Depuis des temps immémoriaux et aussi à l’avenir, le principe à observer est que «chaque Église particulière doit être en accord avec l’Église universelle, non seulement quant à la doctrine de la foi et aux signes sacramentels, mais aussi quant aux usages reçus universellement de la tradition apostolique ininterrompue, qui sont à observer non seulement pour éviter des erreurs, mais pour transmettre l’intégrité de la foi, parce que la lex orandi de l’Église correspond à sa lex credendi[1] ».

Parmi les Pontifes qui ont eu ce soin se distingue le nom de saint Grégoire le Grand qui fut attentif à transmettre aux nouveaux peuples de l’Europe tant la foi catholique que les trésors du culte et de la culture accumulés par les Romains au cours des siècles précédents. Il ordonna de déterminer et de conserver la forme de la liturgie sacrée, aussi bien du Sacrifice de la Messe que de l’Office divin, telle qu’elle était célébrée à Rome. Il encouragea vivement les moines et les moniales qui, vivant sous la Règle de saint Benoît, firent partout resplendir par leur vie, en même temps que l’annonce de l’Évangile, cette très salutaire manière de vivre de la Règle, « à ne rien mettre au-dessus de l’oeuvre de Dieu» (chap. 43). Ainsi, la liturgie selon les coutumes de Rome féconda non seulement la foi et la piété mais aussi la culture de nombreux peuples. C’est un fait en tout cas que la liturgie latine de l’Église sous ses diverses formes, au cours des siècles de l’ère chrétienne, a été un stimulant pour la vie spirituelle d’innombrables saints et qu’elle a affermi beaucoup de peuples par la religion et fécondé leur piété.

Au cours des siècles, beaucoup d’autres Pontifes romains se sont particulièrement employés à ce que la liturgie accomplisse plus efficacement cette tâche ; parmi eux se distingue saint Pie V, qui, avec un grand zèle pastoral, suivant l’exhortation du Concile de Trente, renouvela tout le culte de l’Église, fit éditer des livres liturgiques corrigés et «réformés selon la volonté des Pères », et les donna à l’Église latine pour son usage.

Parmi les livres liturgiques du Rite romain, la première place revient évidemment au Missel romain, qui se répandit dans la ville de Rome puis, les siècles suivants, prit peu à peu des formes qui ont des similitudes avec la forme en vigueur dans les générations récentes.

C’est le même objectif qu’ont poursuivi les Pontifes romains au cours des siècles suivants en assurant la mise à jour des rites et des livres liturgiques ou en les précisant, et ensuite, depuis le début de ce siècle, en entreprenant une réforme plus générale[2] ». Ainsi firent mes prédécesseurs Clément VIII, Urbain VIII, saint Pie X[3], Benoît XV et le bienheureux Jean XXIII.

Plus récemment, le Concile Vatican II exprima le désir que l’observance et le respect dus au culte divin soient de nouveau réformés et adaptés aux nécessités de notre temps. Poussé par ce désir, mon prédécesseur le Souverain Pontife Paul VI approuva en 1970 des livres liturgiques restaurés et partiellement rénovés de l’Église latine ; ceux-ci, traduits partout dans le monde en de nombreuses langues modernes, ont été accueillis avec plaisir par les Évêques comme par les prêtres et les fidèles. Jean-Paul II reconnut la troisième édition type du Missel romain. Ainsi, les Pontifes romains se sont employés à ce que « cet édifice liturgique, pour ainsi dire, […] apparaisse de nouveau dans la splendeur de sa dignité et de son harmonie[4] ».

Dans certaines régions, toutefois, de nombreux fidèles se sont attachés et continuent à être attachés avec un tel amour et une telle passion aux formes liturgiques précédentes, qui avaient profondément imprégné leur culture et leur esprit, que le Souverain Pontife Jean-Paul II, poussé par la sollicitude pastorale pour ces fidèles, accorda en 1984, par un indult spécial Quattuor abhinc annos de la Congrégation pour le Culte divin, la faculté d’utiliser le Missel romain publié en 1962 par Jean XXIII ; puis de nouveau en 1988, par la lettre apostolique Ecclesia Dei en forme de motu proprio, Jean-Paul II exhorta les Évêques à utiliser largement et généreusement cette faculté en faveur de tous les fidèles qui en feraient la demande.

Les prières instantes de ces fidèles ayant déjà été longuement pesées par mon prédécesseur Jean-Paul II, ayant moi-même entendu les Pères Cardinaux au consistoire qui s’est tenu le 23 mars 2006, tout bien considéré, après avoir invoqué l’Esprit Saint et l’aide de Dieu, par la présente Lettre apostolique je DECIDE ce qui suit :

Art. 1. Le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la « lex orandi» de l’Église catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même « lex orandi » de l’Église et être honoré en raison de son usage vénérable et antique. Ces deux expressions de la « lex orandi » de l’Église n’induisent aucune division de la « lex credendi » de l’Église ; ce sont en effet deux mises en oeuvre de l’unique rite romain.

Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition type du Missel romain promulgué par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église. Mais les conditions établies par les documents précédents Quattuor abhinc annos et Ecclesia Dei pour l’usage de ce Missel sont remplacées par ce qui suit :

Art. 2. Aux Messes célébrées sans peuple, tout prêtre catholique de rite latin, qu’il soit séculier ou religieux, peut utiliser le Missel romain publié en 1962 par le bienheureux Pape Jean XXIII ou le Missel romain promulgué en 1970 par le Souverain Pontife Paul VI, et cela quel que soit le jour, sauf le Triduum sacré. Pour célébrer ainsi selon l’un ou l’autre Missel, le prêtre n’a besoin d’aucune autorisation, ni du Siège apostolique ni de son Ordinaire.

Art. 3. Si des communautés d’Instituts de vie consacrée et de Sociétés de vie apostolique de droit pontifical ou de droit diocésain désirent, pour la célébration conventuelle ou «communautaire », célébrer dans leurs oratoires propres la Messe selon l’édition du Missel romain promulgué en 1962, cela leur est permis. Si une communauté particulière ou tout l’Institut ou Société veut avoir de telles célébrations souvent ou habituellement ou de façon permanente, cette façon de faire doit être déterminée par les Supérieurs majeurs selon les règles du droit et les lois et statuts particuliers.

Art. 4. Aux célébrations de la Messe dont il est question ci-dessus à l’art. 2 peuvent être admis, en observant les règles du droit, des fidèles qui le demandent spontanément.

Art. 5, § 1. Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il appréciera lui-même ce qui convient pour le bien de ces fidèles en harmonie avec la sollicitude pastorale de la paroisse, sous le gouvernement de l’Évêque selon les normes du canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Église.

§ 2. La célébration selon le Missel du bienheureux Jean XXIII peut avoir lieu les jours ordinaires ; mais les dimanches et les jours de fêtes, une Messe sous cette forme peut aussi être célébrée.

§ 3. Le curé peut aussi autoriser aux fidèles ou au prêtre qui le demandent, la célébration sous cette forme extraordinaire dans des cas particuliers comme des mariages, des obsèques ou des célébrations occasionnelles, par exemple des pèlerinages.

§ 4. Les prêtres utilisant le Missel du bienheureux Jean XXIII doivent être idoines et non empêchés par le droit.

§ 5. Dans les églises qui ne sont ni paroissiales ni conventuelles, il appartient au Recteur de l’église d’autoriser ce qui est indiqué ci-dessus.

Art. 6. Dans les Messes selon le Missel du B. Jean XXIII célébrées avec le peuple, les lectures peuvent aussi être proclamées en langue vernaculaire, utilisant des éditions reconnues par le Siège apostolique.

Art. 7. Si un groupe de fidèles laïcs dont il est question à l’article 5 § 1 n’obtient pas du curé ce qu’ils lui ont demandé, ils en informeront l’Évêque diocésain. L’Évêque est instamment prié d’exaucer leur désir. S’il ne peut pas pourvoir à cette forme de célébration, il en sera référé à la Commission pontificale Ecclesia Dei.

Art. 8. L’Évêque qui souhaite pourvoir à une telle demande de fidèles laïcs, mais qui, pour différentes raisons, en est empêché, peut en référer à la Commission pontificale Ecclesia Dei, qui lui fournira conseil et aide.

Art. 9, § 1. De même, le curé, tout bien considéré, peut concéder l’utilisation du rituel ancien pour l’administration des sacrements du Baptême, du Mariage, de la Pénitence et de l’Onction des Malades, s’il juge que le bien des âmes le réclame.

§ 2. Aux Ordinaires est accordée la faculté de célébrer le sacrement de la Confirmation en utilisant le Pontifical romain ancien, s’il juge que le bien des âmes le réclame.

§ 3. Tout clerc dans les ordres sacrés a le droit d’utiliser aussi le Bréviaire romain promulgué par le bienheureux Pape Jean XXIII en 1962.

Art. 10. S’il le juge opportun, l’Ordinaire du lieu a le droit d’ériger une paroisse personnelle au titre du canon 518, pour les célébrations selon la forme ancienne du rite romain, ou de nommer soit un recteur soit un chapelain, en observant les règles du droit.

Art. 11. La Commission pontificale Ecclesia Dei, érigée par le Pape Jean-Paul II en 1988[5],
continue à exercer sa mission.

Cette commission aura la forme, la charge et les normes que le Pontife romain lui-même voudra lui attribuer.

Art. 12. Cette commission, outre les facultés dont elle jouit déjà, exercera l’autorité du Saint-Siège, veillant à l’observance et à l’application de ces dispositions.

Tout ce que j’ai établi par la présente Lettre apostolique en forme de Motu proprio, j’ordonne que cela ait une valeur pleine et stable, et soit observé à compter du 14 septembre de cette année, nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 7 juillet de l’an du Seigneur 2007, en la troisième année de mon pontificat.

BENEDICTUS Pp. XVI



[1] PRESENTATION GENERALE DU MISSEL ROMAIN, troisième édition, 2002, n. 397.

[2] 2 JEAN-PAUL II, Lettre ap. Vicesimus quintus annus (4 décembre 1988), n. 3 : AAS 81 (1989), p. 899 ; La Documentation catholique 86 (1989), pp. 518-519.

[3] Ibidem

[4] Motu proprio Abhinc duos annos (23 octobre 1913) : AAS 5 (1913), pp. 449-450 ; cf. JEAN-PAUL II, Lettre ap. Vicesimus quintus annus, n. 3 : AAS 81 (1989), p. 899; La Documentation 86 (1989), p. 519.

[5] Cf. JEAN-PAUL II, Motu proprio Ecclesia Dei adflicta (2 juillet 1988), n. 6 : AAS 80 (1988), p. 1498: La Documentation catholique 85 (1988), pp. 788-789.


[1]     a.       LETTRE APOSTOLIQUE VICESIMUS QUINTUS ANNUS DU SOUVERAIN PONTIFE JEAN-PAUL II (4 décembre 1988). 25 ans après sacrosanctum concilium
b.      LETTRE APOSTOLIQUE SPIRITUS ET SPONSA DU PAPE JEAN-PAUL II POUR LE XL ANNIVERSAIRE DE LA CONSTITUTION  SACROSANCTUM  CONCILIUM SUR LA SAINTE LITURGIE (4 décembre 2003). 40 ans après sacrosanctum concilium
[2] Esprit et Vie, n° 20-21, 16-23.905.1996 1° partie « doctrine », repris dans La joie et l’espérance du cardinal Pierre Eyt, textes édités par François Brian et Didier Monget, Cerf, Paris 2009, pages 217 - 237
[3] idem
[4] SC n° 21.  Pour que le peuple chrétien obtienne plus sûrement des grâces abondantes dans la liturgie, la sainte Mère l'Eglise veut travailler sérieusement à la restauration générale de la liturgie elle-même. Car celle-ci comporte une partie immuable, celle qui est d'institution divine, et des parties sujettes au changement qui peuvent varier au cours des âges ou même le doivent, s'il s'y est introduit des éléments qui correspondent mal à la nature intime de la liturgie elle-même, ou si ces parties sont devenues inadaptées.
 Cette restauration doit consister à organiser les textes et les rites de telle façon qu'ils expriment avec plus de clarté les réalités saintes qu'ils signifient, et que le peuple chrétien, autant qu'il est possible, puisse facilement les saisir et y participer par une célébration pleine, active et communautaire.
[5] 1. Puisque le saint Concile se propose de faire progresser la vie chrétienne de jour en jour chez les fidèles ; de mieux adapter aux nécessités de notre époque celles des institutions qui sont sujettes à des changements ; de favoriser tout ce qui peut contribuer à l'union de tous ceux qui croient au Christ, et de fortifier tout ce qui concourt à appeler tous les hommes dans le sein de l'Eglise, il estime qu'il lui revient à un titre particulier de veiller aussi à la restauration et au progrès de la liturgie.
[6] SC n° 48. Aussi l'Eglise se soucie-t-elle d'obtenir que les fidèles n'assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent consciemment, pieusement et activement à l'action sacrée, soient formés par la parole de Dieu, se restaurent à la table du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu ; qu'offrant la victime sans tache, son seulement par les mains du prêtre, mais aussi ensemble avec lui, ils apprennent à s'offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés, par la médiation du Christ(38),dans l'unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement Dieu soit en tous.

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