mercredi 19 décembre 2007

DISPOSITION ET DÉCORATION DES ÉGLISES POUR LA CÉLÉBRATION DE L´EUCHARISTIE (PGMR, Ch V.)


(Présentation générale du Missel Romain, editio tertia, 2001)

CHAPITRE V
DISPOSITION ET DÉCORATION DES ÉGLISES POUR LA CÉLÉBRATION DE L´EUCHARISTIE

I - PRINCIPES GÉNÉRAUX


[253] 288. Pour la célébration de l´Eucharistie, le peuple de Dieu se rassemble généralement dans une église ou, à défaut, dans un autre lieu honorable qui soit digne d´un si grand mystère. Ces églises ou ces autres lieux se prêteront à accomplir l´action sacrée et à obtenir la participation active des fidèles. En outre, les demeures sacrées et les objets destinés au culte divin seront vraiment dignes et beaux, capables de signifier et de symboliser les réalités surnaturelles .

[254] 289. Par conséquent, l´Église ne cesse de faire appel à la noble contribution de l’art, et elle prend en considération les valeurs artistiques de tous les peuples et de toutes les régions . Bien plus, de même qu´elle s´applique à conserver les œuvres d´art et les trésors légués par les siècles passés et, autant qu´il est nécessaire, à les adapter aux besoins nouveaux, elle s´efforce de promouvoir des créations accordés à la mentalité de chaque époque .

C´est pourquoi, dans les programmes proposés aux artistes et dans le choix des œuvres à admettre dans les églises, on recherchera une véritable qualité artistique, pour que ces œuvres nourrissent la foi et la piété, et qu´elles aient bien le sens et atteignent le résultat que l´on attend d´elles .

[255] 290. Toutes les églises seront dédicacées ou au moins bénites. Mais les églises cathédrales et paroissiales seront dédicacées selon le rite solennel. .

[256] 291. Pour la construction, la restauration et l´aménagement des édifices sacrés, les responsables consulteront la commission diocésaine de liturgie et d´art sacré. L´Evêque diocésain recourra au conseil et à l´aide de cette commission quand il s´agira de fournir des règles en ce domaine, d´approuver les projets de nouveaux édifices et de trancher les questions de quelque importance .

[279] 292. L´ornementation de l´église doit viser à une noble simplicité plutôt qu´à un luxe pompeux. Pour choisir les éléments concourant à sa beauté, on aura souci de la vérité des choses et on cherchera à assurer l´éducation des fidèles et la dignité de tout le lieu sacré.

[280] 293. Pour répondre aux besoins de notre époque, l´organisation de l´église et de ses dépendances requiert qu´on ne se préoccupe pas seulement de ce qui concerne directement la célébration des actions sacrées, mais aussi que l´on prévoie tout ce qui contribue à une juste commodité des fidèles, comme on a coutume de le prévoir dans les lieux où se tiennent des réunions.

[257] 294. Le peuple de Dieu, qui se rassemble pour la messe, forme une assemblée organique et hiérarchique, s´exprime par la diversité des ministères et des actions selon chaque partie de la célébration. Il faut que le plan d´ensemble de l´édifice sacré soit conçu de manière à offrir l´image de l´assemblée qui s´y réunit, permettre la répartition harmonieuse de tous et favoriser le juste accomplissement de chaque fonction.

Les fidèles et la chorale recevront une place qui facilite leur participation active .

Le prêtre célébrant, le diacre et les autres ministres prendront place dans le sanctuaire. On y préparera aussi les sièges des concélébrants, à moins que leur grand nombre ne fasse disposer leurs sièges dans une autre partie de l’église, mais près de l’autel.

Ces dispositions, tout en exprimant l´ordre hiérarchique et la diversité des fonctions, devront aussi assurer une unité profonde et organique de l´édifice, qui mettra en lumière l´unité de tout le peuple saint. La nature et la beauté du lieu et de tout le mobilier favoriseront la piété et manifesteront la sainteté des mystères qui s´y célèbrent.

II – LA DISPOSITION DU SANCTUAIRE POUR LA CÉLÉBRATION COMMUNAUTAIRE
III[258] 295. Le sanctuaire est le lieu où se dresse l’autel, où est proclamée la parole de Dieu, où le prêtre, le diacre et les autres ministres exercent leurs fonctions. Il convient qu’il se distingue du reste de l´église soit par une certaine élévation soit par une structure et une ornementation particulières. Il doit être assez vaste pour que la célébration de l’Eucharistie puisse être accomplie et vue facilement .

L’autel et son arrangement
[259] 296. L´autel, où le sacrifice de la croix est rendu présent sous les signes sacramentels, est aussi la table du Seigneur à laquelle, dans la messe, le peuple de Dieu est invité à participer; il est aussi le centre de l´action de grâce qui s´accomplit pleinement par l´Eucharistie.

[260] 297. Dans un lieu destiné au culte, la célébration de l´Eucharistie doit s´accomplir sur un autel ; en dehors d´un lieu sacré, elle peut encore s´accomplir sur une table convenable, où l´on mettra toujours la nappe et le corporal, la croix et le chandelier.

[261] 298. Il convient que dans toutes les églises, il y ait un autel fixe, qui signifie, de manière claire et permanente, le Christ Jésus, pierre vivante (1P 2, 4 ; cf. Ep 2,20 ) ; mais dans les autres lieux destinés aux célébrations sacrées, l’autel peut être mobile.

L´autel est appelé fixe, s´il est construit de telle sorte qu´il adhère au pavement et ne puisse donc pas être déplacé; on l´appelle mobile s´il peut être déplacé.

[262] 299. Il convient, partout où c’est possible, que l’autel majeur soit élevé à une distance du mur qui permette d´en faire aisément le tour et d´y célébrer en se tournant vers le peuple. On lui donnera l´emplacement qui en fera le centre où convergera spontanément l´attention de toute l´assemblée des fidèles . Habituellement, il sera fixe et dédicacé.

[265] 300. L’autel, fixe ou mobile, sera dédicacé selon le rite du Pontifical romain; cependant, l’autel mobile pourra être simplement béni.

[263-264] 301. Selon une coutume et un symbolisme traditionnels dans l´Église, la table d´un autel fixe sera de pierre naturelle. Cependant On pourra aussi employer, au jugement de la Conférence des évêques, une autre matière digne, solide et bien travaillée. Les colonnes ou la base soutenant la table, peuvent être de n´importe quel autre matériau, pourvu qu´il soit digne et solide.

L´autel mobile peut être construit en n´importe quelles matières nobles et solides, et qui, selon les traditions et les coutumes des diverses régions, conviennent à l´usage liturgique.

[266] 302. On gardera l´usage de déposer sous l´autel, pour sa dédicace, des reliques de saints, même non martyrs. On veillera cependant à vérifier l´authenticité de ces reliques.

[267]

303. Dans la construction des églises nouvelles, il importe de n’élever qu’un autel, pour qu’il soit signe, au milieu de l’assemblée des fidèles, de l’unique Christ et de l’unique Eucharistie de l’Eglise.

Dans les églises déjà construites, lorsque la situation de l’ancien autel rend difficile la participation du peuple et qu’on ne peut le déplacer sans porter atteinte à sa valeur artistique, on élèvera un autre autel fixe, construit avec art et qui sera dédicacé ; et c’est seulement sur cet autel que s’accompliront les célébrations liturgiques. Pour éviter que l’attention des fidèles ne soit distraite du nouvel autel, on ne donnera pas à l’ancien une décoration particulière.

[268] 304. Par respect pour la célébration du mémorial du Seigneur, pour le banquet où nous sont donnés le Corps et le Sang du Seigneur, on mettra sur l´autel au moins une nappe blanche qui par sa forme, ses dimensions et sa décoration s´accorde avec la forme de cet autel.

305. On observera la modération pour orner l’autel. Pendant l’Avent, l’autel sera orné de fleurs avec la modération qui convient au caractère de ce temps et sans anticiper la joie plénière de la Nativité du Seigneur. Pendant le carême, la décoration de fleurs à l’autel est interdite, à l’exception du quatrième dimanche (Laetare), des solennités et des fêtes.
La décoration florale doit toujours être mesurée, et plutôt que sur la table de l’autel, il est préférable de disposer les fleurs autour de l’autel.

306. On ne mettra sur la table de l’autel que ce qui est requis pour la célébration de la messe, c’est-à-dire l’Evangéliaire, depuis le début de la célébration jusqu’à la proclamation de l’évangile ; et depuis la présentation des dons jusqu’à la purification des vases, le calice, la patène, le ciboire si c’est nécessaire, enfin le corporal, le purificatoire et le missel.
On disposera en outre de manière discrète ce qui pourrait être nécessaire pour amplifier la voix du prêtre.

[269] 307. Les chandeliers qui sont requis, pour chacune des actions liturgiques (cf. n. 117), afin d´exprimer notre vénération et le caractère festif de la célébration, seront placés compte tenu de la structure de l´autel et du sanctuaire, ou bien sur l´autel, ou bien autour de lui, pour réaliser un ensemble harmonieux, et sans que les fidèles soient gênés pour bien voir ce qui se fait à l´autel ou ce que l´on y dépose.

[270] 308. De même, sur l´autel ou à proximité, il y aura une croix, bien visible pour l´assemblée, et portant l’image du Christ crucifié. Il convient que cette croix demeure près de l’autel même en dehors des célébrations liturgiques, pour rappeler à l’esprit des fidèles la passion salutaire du Seigneur.

L’ambon
[272] 309. La dignité de la parole de Dieu requiert qu´il existe dans l´église un lieu qui favorise l´annonce de cette Parole et vers lequel, pendant la liturgie de la Parole, se tourne spontanément l´attention des fidèles .

Il convient que ce lieu soit en règle générale un ambon stable et non un simple pupitre mobile. On aménagera l´ambon, en fonction des données architecturales de chaque église, de telle sorte que les fidèles voient et entendent bien les ministres ordonnés et les lecteurs.

C´est uniquement de l´ambon que sont prononcés les lectures, le psaume responsorial et la louange pascale; On peut aussi prononcer à l´ambon l´homélie et les intentions de la prière universelle. La dignité de l’ambon exige que seul le ministre de la Parole y monte.
Il convient qu’un nouvel ambon soit béni avant d’être mis à l’usage liturgique, selon le rite prévu dans le Rituel romain .

Le siège pour le prêtre célébrant et les autres sièges
[271] 310. Le siège du prêtre célébrant doit exprimer la fonction de celui qui préside l´assemblée et dirige sa prière. Par conséquent, il sera bien placé s´il est tourné vers le peuple, et situé à l´extrémité du sanctuaire, à moins que la structure de l´édifice ou d´autres circonstances ne s´y opposent, par exemple si la trop grande distance rend difficile la communication entre le prêtre et l´assemblée des fidèles, ou si le tabernacle se trouve derrière l’autel, au milieu. On évitera toute apparence de trône . Il convient de bénir le siège avant qu’il soit mis à l’usage liturgique, selon le rite prévu dans le Rituel romain .

On disposera aussi dans le sanctuaire des sièges pour les prêtres concélébrants, ainsi que pour les prêtres, revêtus de l’habit de chœur, qui assistent à la célébration sans concélébrer.

On placera le siège du diacre près de celui du prêtre célébrant. Pour les autres ministres, on disposera les sièges de manière à les distinguer clairement des sièges du clergé, et afin qu’ils puissent accomplir facilement leurs fonctions .

III - LA DISPOSITION DE L’EGLISE

La place destinée aux fidèles
[273] 311. On aménagera la place destinée aux fidèles avec tout le soin désirable, pour qu´ils puissent participer comme il se doit, par le regard et par l´esprit, aux célébrations sacrées. Il convient ordinairement de mettre à leur disposition des bancs ou des chaises. On doit réprouver l´usage de réserver des sièges à certaines personnes privées . La disposition des bancs ou des chaises, notamment dans les églises nouvellement construites, permettra aux fidèles d´adopter facilement les attitudes requises par les différents moments de la célébration, et de se déplacer sans encombre pour aller recevoir la sainte communion.

On veillera à ce que les fidèles puissent non seulement voir le prêtre, le diacre et les lecteurs, mais encore, grâce à l´emploi des moyens techniques modernes, à ce qu´ils puissent aisément les entendre.

La place de la chorale et des instruments de musique
[274] 312. Selon la disposition de chaque église, on placera la chorale de telle sorte qu´apparaisse clairement sa nature: elle fait partie de l´assemblée des fidèles réunie dans l´église, et elle accomplit une fonction particulière; ainsi, l´accomplissement de sa fonction sera rendu aisé ; et on donnera toute facilité à chacun de ses membres d’une participation plénière à la messe, qui est la participation sacramentelle .

[275] 313. L´orgue et les autres instruments de musique légitimement approuvés seront placés dans un endroit approprié, pour qu´ils puissent soutenir le chant aussi bien du peuple que de la chorale et, s´ils jouent seuls, qu´ils puissent être bien entendus par tous. Il convient de bénir l’orgue avant qu’il ne soit mis à l’usage liturgique, selon le rite prévu dans le Rituel romain .

Pendant l’Avent, on se servira de l’orgue et des autres instruments de musique avec la modération qui convient au caractère de ce temps, et sans anticiper sur la joie plénière de la Nativité du Seigneur.
Pendant le Carême, le son de l’orgue et des autres instruments n’est autorisé que pour soutenir le chant, à l’exception du quatrième dimanche (Laetare), des solennités et des fêtes.

Le lieu de la réserve eucharistique
[276-277] 314. En fonction des données architecturales de l´église et conformément aux coutumes locales légitimes, la Sainte Eucharistie sera conservée dans un tabernacle placé en un lieu très noble et insigne, bien visible et bien décorée, et permettant la prière .
Le tabernacle sera normalement unique, inamovible, fait d’un matériau solide et à l’abri de toute violation, non transparent et fermé, de telle façon que soit évité au maximum tout danger de profanation . Il convient de plus que le tabernacle soit béni avant d’être mis à l’usage liturgique selon le rite prévu dans le Rituel romain .

315. En raison du signe, il convient que, sur l’autel où la messe est célébrée, il n’y ait pas le tabernacle où le Saint Sacrement est conservé .

Dès lors, il importe que le tabernacle soit placé, au jugement de l’évêque diocésain :
a. soit dans le sanctuaire, en dehors de l’autel de la célébration, sous la forme et dans le lieu qui conviennent, sans exclure l’ancien autel qui ne servira plus à la célébration (cf. n. 306) ;
b. soit encore dans un oratoire adapté à l’adoration et à la prière des fidèles , qui soit organiquement lié à l’église et bien visible des fidèles.

316. Selon la coutume traditionnelle, une lampe spéciale, alimentée d’huile ou de cire, brillera perpétuellement près du tabernacle, en signe d’honneur près de la présence du Christ .

317. On n’oubliera aucunement tout ce qui est prescrit, selon les normes du droit, sur la réserve eucharistique .

Les images sacrés
[278] 318. Dans la liturgie terrestre, l’Eglise participe par un avant-goût à la liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte Cité de Jérusalem vers laquelle elle tend dans son pèlerinage, là où le Christ siège à la droite de Dieu, et en vénérant la mémoire des saints, elle espère partager un jour leur compagnie .
C’est pourquoi, selon une très ancienne tradition de l´Église, les images du Seigneur, de la Sainte Vierge et des saints, sont montrées à la vénération des fidèles ; dans les édifices sacrés, elles y sont déposées de manière à conduire les fidèles vers les mystères de la foi qui y sont célébrés. Aussi, on veillera à ce que leur nombre n’augmente pas sans discrétion et qu´elles soient disposées de manière à ne pas détourner de la célébration elle-même l´attention des fidèles . On n´aura pas plus d´une seule image du même saint. D´une façon générale, dans l´ornementation et l´aménagement de l´église pour ce qui regarde les images, on aura en vue la piété de toute la communauté ainsi que la beauté et la dignité des images.


Le sacristain et la sacristie
En lien avec le maître des cérémonies, mais dans un rôle second, le sacristain préparer les célébrations de l’évêque. Il disposera avec soin les livres liturgiques pour la proclamation de la parole de Dieu, le livre des oraisons, les vêtements liturgiques et tout ce qui est nécessaire pour la célébration. Il veillera à la sonnerie des cloches pour les célébrations. Il aura soin de garder le silence et la discrétion dans la sacristie et le secretarium . Il ne négligera pas ce qui concerne le matériel sacré conservé par la tradition locale, mais le maintiendra dans le meilleur état possible. S’il faut acquérir de nouveaux objets, il les choisira selon les règles de l’art contemporain, mais sans tenir compte du seul caractère de nouveauté.

En ce qui concerne la décoration du lieu de la célébration, on veillera avant tout à la propreté du sol, des murs et de tous les objets et représentations que l’on utilise ou qui sont proposés au regard. On évitera toute somptuosité comme toute avarice pour l’ornementation ; on observera plutôt les règles d’une noble simplicité, de l’élégance, d’un art de qualité. Le génie des peuples et la tradition locale indiqueront ce qu’il faut employer et comment le disposer, « pourvu qu’il serve les édifices et les rites sacrés avec le respect et l’honneur qui leur sont dus »

Le décor de l’église doit être tel qu’il apparaisse comme un signe d’amour et de respect envers Dieu, et suggère au peuple de Dieu le caractère propre des fêtes ainsi que la joie du cœur et la piété.

Cérémonial des évêques n° 37 - 38.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ce blog est au service de ceux qui cherchent entrer plus avant dans l'intelligence de la liturgie

On y trouve quelques causeries faites ici ou là ainsi que des textes, des références...
Il est tout à fait irrégulier dans ses contributions.
On peut chercher et trouver d'excellentes contribution sur le portail du Service National de Pastorale Liturgique et Sacramentelle : http://www.liturgiecatholique.fr/ ou bien sur les liens de ce blog ; liens variés...

Abbé Pierre Deprecq

Toute question de LITURGIE a sa réponse...

Quel est le sens de la liturgie? de la bénédiction? de l'encensement? des sacrements? Que signifient les gestes du prêtre ? ...
Toute question de LITURGIE a sa réponse...
Ce blog donne un écho de quelques questions et réponses à reçues et données à partir du site du diocèse de Bordeaux : http://catholique-bordeaux.cef.fr/
à la rubrique "UN PRÊTRE VOUS REPOND"