Le Sens du dimanche (Blaye, le 22 avril 2012)
Il m’a été demandé de vous entretenir ce matin sur le sens du dimanche.
Je vous proposerai volontiers de faire un petit exercice concret :
quand je pense au dimanche, à quoi je pense ? La grâce matinée ? L’eucharistie,
comme un devoir à accomplir ? Est-il un temps de joie ? Pourquoi ?
Pour moi, quand je pense au dimanche, je pense spontanément à des
souvenirs d’enfance et de jeunesse. Le dimanche matin, à la maison, nous étions
souvent réveillés en musique, c’était le jour où nous prenions le temps d’être
ensemble en famille, repas amélioré à midi et plus long, balade en famille
l’après-midi, jeux de société ou film en soirée. Le dimanche nous sortait de
l’ordinaire des jours. Ce jour-là, on cirait les chaussures, on mettait des
vêtements différents des autres jours, des vêtements propres et beaux … La
table dressée le midi comportait une nappe alors qu’en semaine, c’était une
toile cirée, ce jour-là, il y avait du vin à table, et assez souvent, lors des
conversations de table, nos parents nous relançaient sur l’homélie. C’était le
jour où nous allions en famille à la messe. C’était le jour où nous
téléphonions aussi à nos grands parents, pour donner et prendre des nouvelles.
Le dimanche soir, on ne prenait pas un vrai dîner, mais souvent un chocolat
chaud ou l’équivalent d’un petit déjeuner. Du coup, maman ne faisait pas de
cuisine le dimanche après-midi. La soirée se terminait généralement par la
prière en famille devant un petit coin prière. C’est quelque chose qui me
marque encore aujourd’hui, même si je n’ai pas gardé toutes ces pratiques.
A travers cette pratique familiale, je vois quelque chose des
dynamismes fondamentaux de la foi.
-
Le rassemblement
familial et ecclésial, l’unité, un temps de réunification, après les
différentes dispersions de la semaine.
-
Des signes
simples de la joie et de la fête
-
Un temps plus
ouvert sur les autres et sur le Seigneur, un temps où toute la famille
s’élargissait à plus large qu’elle-même,
-
Un temps où la
parole, le dialogue, l’échange, prenait le pas sur le faire, les activités à
faire, l’école ou les activités extrascolaires.
-
Il y avait
vraiment quelque chose de reposant, vraiment une joie du dimanche. Le dimanche
était vraiment un jour de joie, un jour de communion. J’aspirai au dimanche.
Je parle au passé, car ce sont des souvenirs forts de mon enfance et de
mon adolescence. Aujourd’hui, dans notre société, on parle davantage du
week-end que du dimanche, car ce n’est pas un, mais deux jours feriés, pour la
plupart de nos contemporains. Je voudrais développer 4 points ce matin.
- Quelques
éléments sur les origines du dimanche. Du sabbat au dimanche. Le mot
dimanche
- Le sens
du dimanche, lui-même, dans la tradition ancienne de l’Eglise. (approche
historique)
- Le
dimanche dans la pensée de Jean-Paul II, suite au concile Vatican II
- Aujourd’hui,
le dimanche.
- Quelques
éléments sur les origines du dimanche. Du
sabbat au dimanche. Le mot dimanche
Le mot dimanche, vient du latin « dies dominicus », jour du
Seigneur, qui vient lui-même du grec kuriake
emera, jour du Seigneur, expression que l’on trouve qu’une seule fois dans
le nouveau testament, dans l’Apocalypse.
Dans la culture romaine, chaque jour de la semaine était mis en
relation avec un astre, le premier jour étant le lundi et le dernier, le
dimanche.
Lundi, jour de la Lune, Mardi, jour de Mars, Mercredi, jour de Mercure,
Jeudi, jour de Jupiter, Vendredi, Jour de Vénus. Samedi, jour de saturne… Dans notre langue, il vient
du mot sabbat. Le jour du sabbat. Dimanche, jour du soleil (Sunday)
Le peuple juif, quant à lui nomme les jours : 1°
jour, 2° jour, 3° jour, 4° jour, etc. Le 1° jour de la semaine est le dimanche
et le dernier jour est le samedi, qui ne s’appelle pas septième jour, mais jour
du sabbat, en référence à la Genèse, jour où le Seigneur s’est reposé, au terme
de la création. Le sabbat est le dernier jour.
La première occurrence du
mot qui donnera le mot dimanche se trouve dans le livre de l’Apocalypse. 1, 10.
Je tombai en extase, le jour du Seigneur, et j'entendis derrière
moi une voix clamer, comme une trompette:
Dans le nouveau testament,
on retrouve surtout la manière juive de compter et de nommer les jours. Nous
l’avons entendu ces derniers temps dans les textes de la liturgie, par rapport
aux récits de la résurrection du Seigneur. « Le premier jour de la
semaine », est revenu plusieurs fois, il s’agit donc du dimanche,
lendemain du sabbat.
Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le
soleil s'étant levé. (Marc 16, 2)
Le soir, ce même jour, le premier de la semaine, et les portes étant closes, là où
se trouvaient les disciples, par peur des Juifs, Jésus vint et se tint au
milieu et il leur dit: "Paix à vous!"
20 Ayant dit cela, il leur montra ses mains et
son côté. Les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur. 21 Il leur
dit alors, de nouveau: "Paix à vous!
(Jean 20,19 - 20)
On peut dire que la
célébration chrétienne du 1° jour de la semaine a commencé dès la semaine qui a
suivi la résurrection du Christ. (Jn 20, 26-27). Huit jours après, ses disciples étaient de nouveau à l'intérieur et
Thomas avec eux. Jésus vient, les portes étant closes, et il se tint au milieu
et dit: "Paix à vous. 27 Puis il dit à Thomas: "Porte ton doigt
ici: voici mes mains; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne deviens
pas incrédule, mais croyant." 28 Thomas lui répondit: "Mon Seigneur et mon
Dieu!" 29 Jésus lui dit:
"Parce que tu me vois, tu crois.
Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru." (Jean
20,27)
Derrière cette expression
nouvelle de jour du Seigneur, qui se met en place dans la nouvelle
communauté chrétienne, pour désigner le 1° jour de la semaine juive, il y a un
sens très fort.
-
Dans l’ancien
testament, cette expression « le jour du Seigneur » désignait un événement
historique, le jour par excellence qui verrait le triomphe de Dieu sur ses
ennemis. On attend un jour de lumière, le jour de Dieu ; ce jour est
attendu, comme l’accomplissement de l’histoire, la victoire de Dieu. C’est
aussi un jour cultuel, le jour du Seigneur pour les juifs est le samedi, le
dernier jour de la semaine, le jour de repos, le jour de Dieu, c’est le jour du
sabbat, un jour pour Dieu. Dans le Nouveau Testament, on voit et on entend
beaucoup de choses autour du sabbat. Jésus reconnait la sainteté du sabbat, et
en même temps, il prend des libertés avec le sabbat. « Car le sabbat est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le
sabbat ». Jésus va à la Synagogue (assemblée), on y lit la Parole de Dieu,
notamment la Torah et les prophètes, on y chante les psaumes, on y proclame la
foi d’Israël, c’est le jour de l’assemblée, de la louange communautaire, jour
de rassemblement, jour de la collecte aussi. On met en commun les biens des uns
et des autres pour le bien de la communauté et particulièrement des veuves, des
enfants, des pauvres.
-
La célébration du
sabbat est mémoire de la création. « C’est
toi qui donne la vie » dit aujourd’hui la prière eucharistique n° 3,
mais elle est aussi mémoire de la rédemption, du salut de Dieu, et notamment,
mémoire de l’histoire sainte, de la sortie de l’esclavage d’Egypte par la main
de Dieu. Dans le judaïsme, ce jour est
une fête de la liberté humaine, et un avant goût du monde à venir. Il annonce
le jour de Dieu, le jour du Seigneur.
Avec l’évenement de la résurrection,
et tout ce que les chrétiens vont en comprendre, il va y avoir comme un
accomplissement et aussi un glissement de sens et aussi de pratiques.
Progressivement, mais, aussi très rapidement, les premiers chrétiens vont
délaisser le rassemblement à la synagogue le samedi, le sabbat, et le
transférer au dimanche, en lien avec la résurrection du Christ Seigneur. Nous
voyons bien en faisant l’histoire qu’un certain nombre de pratiques actuelles
ont un enracinement dans la tradition d’Israël. Comme en témoignent déjà les
actes des apôtres, on commence à se réunir : Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain;
(Actes 20, 7). Au temps des Actes, il y a déjà cette
mutation qui est en cours.
Un
témoignage très ancien de la fin du 1° siècle, témoigne de ce glissement.
"Ceux
qui vivaient selon l'ancien ordre des choses sont venus à la Nouvelle
Espérance. Ceux-là n'observent plus le Sabbat mais le dimanche, jour où notre
vie s'est levée par le Christ et par sa mort" Saint Ignace d'Antioche,
mort vers 107.
Le jour du soleil (solis dies) fut donc rebaptisé jour du seigneur (dominicus dies) en souvenir de
la résurrection. On retrouve cette référence chrétienne dans toutes les langues
romanes actuelles.
Le
dimanche ne fut à ses débuts que jour de
célébration. C'est à l'empereur Constantin qu'on lui doit son caractère de
jour de repos, au IV° siècle. Voici la teneur de cette loi promulguée en date
du 7 mars 321 : " Que
tous les juges, les citadins et les artisans se reposent au jour vénérable du
soleil. Mais que ceux qui habitent la campagne s’adonnent paisiblement et en
toute liberté à la culture de leurs champs, attendu que souvent aucun autre
jour n’est aussi propice pour faire les semailles ou planter les vignes ; il ne
faut donc pas laisser passer le temps favorable, et frustrer ainsi, les
intentions bienveillantes du ciel. "
(Code Justinien, L. III, titre 12, loi 3. Citée en latin dans le Jour du
Seigneur, par Louis Thomas, doct. en théol., vol. II, Append. III, p. 21.
Genève et Paris, 1893.)
Notons
au passage que Constantin ne donne pas beaucoup l'exemple en appelant le
dimanche "jour du soleil" alors qu'il aurait dû dire "jour du
Seigneur".
La
pratique de la désaffection dominicale est présente dès le début de
l’Eglise :
Gardons indéfectible
la confession de l'espérance, car celui qui a promis est fidèle, 24 et faisons attention les uns aux autres pour
nous stimuler dans la charité et les oeuvres bonnes; 25 ne désertez pas votre propre assemblée, comme
quelques-uns ont coutume de le faire, mais encouragez-vous mutuellement, et
d'autant plus que vous voyez approcher le Jour. (Hébreux 10,24)
- Le sens
du dimanche, lui-même, dans la tradition ancienne de l’Eglise. (approche
historique)
Un document contemporain d'Ignace, sinon de l'Apocalypse,
la Didachè, nous permet d'entrevoir comment se tient alors
l'assemblée des fidèles :
« Le jour dominical du Seigneur, rassemblez-vous pour rompre le
pain et rendre grâce, après avoir en outre confessé vos fautes pour que votre
sacrifice soit pur. Mais que celui qui a un différend avec son compagnon ne se
joigne pas à vous avant de s'être réconcilié, de peur que
votre sacrifice ne soit profané » (Didache 14, éd. W. rordorf et A. tuilier,
éd. du Cerf, 1978 (SC 248), p. 193 ; commentaire,
ibid., pp. 63-71.)
A cette évocation sommaire, un
témoignage païen apporte une précision : dans la lettre qu'il adressa à Trajan, en 112,
Pline le Jeune, gouverneur de Bithynie, déclare que les chrétiens
arrêtés affirmaient que toute leur faute ou leur erreur s'était
bornée à se réunir habituellement à jour
fixe, avant l'aube, pour chanter entre eux un chant au Christ comme à un dieu (pline le jeune, Epistolarum lib. 10, 96; texte cité dans W. rordorf, Sabbat et Dimanche, p. 79).
Il ne fait pas de doute que le «jour fixe», dont parle
Pline, soit le dimanche. Nous apprenons en
outre que l'assemblée des chrétiens a lieu à l'aube, qu'elle comporte un chant au Christ (est-ce la prière eucharistique?) et, ainsi que le montre la suite du texte,
qu'elle est désormais distincte de
l'agape vespérale.
Cinquante ans plus tard, nous
atteignons avec saint Justin (+ 165) la première
description de l'assemblée dominicale :
Le jour qui est appelé le jour du soleil, tous (les
nôtres) qui habitent la ville ou les champs s'assemblent en un même lieu. On
lit les mémoires des Apôtres ou les écrits des prophètes... Nous nous
assemblons tous le jour du soleil, parce
que c'est le premier jour, où Dieu, tirant la matière des ténèbres, créa le monde et que, ce même jour, Jésus-Christ notre
Sauveur ressuscita des morts (S. justin,/" Apologie 67,3, éd.
L. pautigny, Picard, \904(Textes
et documents), p. 143.)
On voit comment, en un temps où il n'était évidemment
pas chômé, le dimanche rassemblait pourtant
tous les fidèles du Christ, et l'on comprend l'insistance avec laquelle, au milieu du IIIe siècle,
la Didascalie des Apôtres déclarera :
Ne mettez pas vos affaires temporelles au-dessus de la parole de Dieu, mais abandonnez tout au jour du Seigneur, et courez avec diligence à
vos églises, car c'est là votre louange envers Dieu.
Sinon, quelle excuse auront auprès de Dieu ceux qui ne se
réunissent pas au jour du Seigneur pour entendre la parole de vie et se nourrir
de la nourriture divine qui demeure éternellement (Didascalie des Apôtres 13, trad. F. nau, 2e éd., Lethielleux,
1912, p. 116.) ?
Quel écho les prescriptions du
législateur ecclésiastique trouvaient-elles près des fidèles ? Le témoignage de
Pline et celui du laïc Justin nous le laissaient deviner. Plus émouvant est
sans contredit celui des martyrs d'Abitène (près de Medjez-el-Bab en Tunisie), que l'on
pourrait appeler les
martyrs du dimanche. Arrêtés pour rassemblement illicite, trente et un hommes
et dix-huit femmes comparurent le 12 février 304, à Carthage devant le
proconsul Anulinus. Comme celui-ci leur reprochait d'avoir contrevenu aux édits impériaux,
le prêtre Saturninus répondit: «Nous devons célébrer le jour du Seigneur. C'est notre loi ». Le lecteur Emeritus, chez qui s'était réunie la
communauté, tint le même langage : « Oui,
c'est dans ma maison que nous avons célébré le jour du Seigneur. Nous ne pouvons pas vivre sans célébrer le jour du
Seigneur».
La vierge Victoria déclara
fièrement: «J'ai été à l'assemblée, parce
que je suis chrétienne» .
Synthèse sur les fondamentaux du
dimanche aux 1° siècles.
La pratique ancienne des chrétiens était donc :
- De se rassembler le dimanche. Le rassemblement,
l’assemblée. C’est l’origine du sens de l’Eglise, convoquée pour être
rassemblée… Les chrétiens ne sont pas ceux qui vivent leur foi de manière
privée ou individuelle. Mais, le baptême a fait de nous les membres du
corps du Christ. Nous formons un même corps. Le dimanche manifeste
l’Eglise, le corps du Christ. Le rassemblement dominical manifeste cette
appartenance au Christ. Les fidèles sont ceux qui appartiennent au Christ.
- L’écoute de la Parole de Dieu et la mémoire du
salut de Dieu dans l’histoire.
- L’action de grâce, le partage, la collecte (que
l’on voit d’ailleurs aussi chez Paul[1])
la « fraction du pain ». (le nom le plus ancien pour désigner
l’eucharistie)
- Le jour du repos, en mémoire du 7° jour où Dieu
s’est reposé.
Ce sont ainsi les moyens fondamentaux de la célébration de la
résurrection du Seigneur.
- Le
dimanche dans la pensée de Jean-Paul II, suite au concile Vatican II
Nous
approchons de l’anniversaire de l’ouverture du concile Vatican II. Le concile
s’est exprimé sur le dimanche.
Revalorisation du dimanche
106 L'Eglise célèbre le mystère pascal, en vertu
d'une Tradition apostolique qui remonte au jour même de la résurrection du
Christ, chaque huitième jour, qui est nommé à bon droit le jour du Seigneur, ou
dimanche. Ce jour-là, en effet, les fidèles doivent se rassembler pour que,
entendant la parole de Dieu et participant à l'Eucharistie, ils se souviennent
de la passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus, et rendent
grâces à Dieu qui les "a régénérés pour une vivante espérance par la
résurrection de Jésus- Christ d'entre les morts" 1P 1,3 .
Aussi, le jour dominical est-il le jour de fête primordial qu'il faut proposer
et inculquer à la piété des fidèles, de sorte qu'il devienne aussi jour de joie
et de cessation du travail. Les autres célébrations, à moins qu'elles ne soient
véritablement de la plus haute importance, ne doivent pas l'emporter sur lui,
car il est le fondement et le noyau de toute l'année liturgique. (1963
Sacrosanctum Concilium 106)
C’est un texte dense, très dense ! On retrouve bien
ce qui a été exprimé jusqu’ici. Il y a cette insistance sur
- le mystère pascal, le lien entre le dimanche et Pâques, mais aussi, (On parle d’ailleurs du dimanche comme de la Pâques hebdomadaire)
- le 8° jour : cf. les baptistères octogonaux.
- Le rassemblement, l’écoute de la parole de Dieu, l’eucharistie,
- La fête, jour de joie
- Jour de repos.
- Aucune autre fête ne doit primer sur le dimanche ! (pas de dimanche à thème…)
Jean-Paul II
a écrit une lettre sur le sens du dimanche, avec 5 chapitres :
1. Le jour du Seigneur : la célébration de l’œuvre
du Créateur.
2. Le jour du Christ : le jour du Seigneur
ressuscité et du don de l’Esprit Saint.
3. Le jour d’Eglise : l’assemblée eucharistique au
cœur du dimanche.
4. Le jour des hommes : le dimanche, jour de joie,
de repos et de solidarité.
5. Le jour des jours : le dimanche fête primordiale
révélant le sens du temps.
Je vous
donne quelques citations significatives de Jean-Paul II…
69. Le dimanche doit également donner aux fidèles l' occasion de se consacrer aux œuvres de miséricorde,
de charité et d' apostolat. La
participation intérieure à la joie du Christ ressuscité doit pousser aussi à
partager pleinement l' amour qui
anime son cœur: il n' y a pas de joie
sans amour!
72. L' Eucharistie est un
événement de fraternité et un appel à vivre la fraternité. Il rayonne de la
Messe dominicale une onde de charité, destinée à se diffuser dans toute la vie
des fidèles, en commençant par animer aussi la façon de vivre le reste du
dimanche. Si c' est un jour de joie,
il faut que le chrétien dise par ses attitudes concrètes qu' on ne peut être heureux « tout seul ». Il regarde
autour de lui, pour découvrir les personnes qui peuvent avoir besoin de son
sens de la solidarité. Il peut arriver que, dans son voisinage ou dans le
cercle de ses connaissances, il y ait des malades, des personnes âgées, des
enfants, des immigrés, qui, précisément le dimanche, ressentent plus vivement
encore leur solitude, leur pauvreté, la souffrance liée à leur condition. A
leur égard, l' engagement ne peut
certainement pas se limiter à des initiatives dominicales sporadiques, mais
pourquoi, sur le fond de cette attitude d' engagement
plus global, ne pas donner durant le jour du Seigneur une place plus grande au
partage, en utilisant toutes les ressources dont dispose la charité chrétienne?
Inviter à sa table une personne seule, faire une visite à des malades, donner à
manger à une famille dans le besoin, consacrer une heure à certaines activités
bénévoles et de solidarité, ce serait à coup sûr une façon d' introduire dans la vie la charité du Christ puisée
à la Table eucharistique.
- Aujourd’hui,
le dimanche.
- Qu’est-ce qu’un dimanche autrement ? C’est un
dimanche où les paroissiens sont invités à ne pas s’enfuir dès que la
messe est finie, c’est un dimanche où ceux qui ne pratiquent que peu sont
invités à venir, c’est un dimanche où nous sommes invités à vivre comme
une communauté chrétienne.
Nous sentons aujourd’hui, au moins dans notre pays et
en divers endroits de notre diocèse une recherche sur la manière de vivre le
dimanche ; on parle par exemple, de « dimanche autrement »,
certainement pour exprimer que le dimanche n’est pas seulement le jour où il
faut aller à la messe. Beaucoup de nos contemporains et parfois de bons
chrétiens pratiquants ont encore cette pensée encrée en eux. Ils vont à la
messe par devoir. Mais, de plus en plus, dans des paroisses et dans des
communautés, dans des familles, une recherche se fait pour déployer davantage
les dynamismes de l’eucharistie en dehors de l’eucharistie elle-même. Le sens
du dimanche ne se limite pas à l’accomplissement d’un précepte. Il y a une
nouveauté qui est jaillie de l’amour de Dieu : la vie nouvelle, la
résurrection, l’Eglise, la fidélité de Dieu, la miséricorde et le pardon,
manifestés dans la résurrection du Christ. Tout cela est au cœur de
l’eucharistie, mais tout cela est appelé à se déployer au-delà de l’assemblée
elle-même, pour toucher chaque membre de la communauté ecclésiale. L’Eglise, la
paroisse, la communauté chrétienne ne se limite pas à ceux qui vont à la messe
du dimanche. Certes, la messe est la source et le sommet de toute la vie
chrétienne. Mais, entre la source et le sommet, il y a tout un espace pour la
vie de l’Eglise et de la communauté dans son ensemble.
C’est ainsi que l’on voit fleurir ici ou là diverses
initiatives de rassemblements au-delà de l’eucharistie. Des temps conviviaux et
fraternels, des temps de formation, des temps de catéchèse, des temps de
retraite et de prière prolongée, des temps de partage, des temps de réflexion,
etc… Dans certains endroits, j’entends parler de « la messe qui prend son
temps », où un temps de lecture et de partage de la parole de Dieu permet
aux chrétiens de s’exprimer, de se confronter à la parole de Dieu, d’échanger,
de chercher comment cette parole les rejoint. Depuis quelques mois, dans notre
diocèse, il y a une initiative qui s’appelle « la messe ailleurs »,
pour rappeler que nous sommes en chemin. Cette initiative cherche aussi à
proposer à des sympathisants des chrétiens, pas forcement pratiquants, une
manière de célébrer qui les aident à entrer dans le mystère eucharistique, avec
ce qu’ils sont… Dans de multiples lieux, souvent, il y a des messes des
familles, adaptées à un public particulier, qui n’est pas encore initié à
l’eucharistie, mais pour aider à cette initiation à l’eucharistie et encourager
à manifester et à vivre cette appartenance à la communauté chrétienne. Je vois
aussi dans une autre paroisse, la préparation à la première communion pour les
enfants du catéchisme se fait le dimanche matin, avec les enfants et avec leurs
parents, avec des temps et des pédagogies spécifiques pour les uns et les autres.
Il y a les messes d’aumônerie, etc…
Dans une société où ce qui a de la valeur, c’est ce
qui est efficace, c’est ce qui rapporte, c’est l’action, c’est ce qui passe
dans les médias, c’est le commerce, c’est l’argent, etc, nous devons
certainement retrouver la dimension de gratuité du dimanche. Vivre le dimanche,
pour le dimanche, vivre le dimanche pour le Seigneur, pour son corps, dans son
corps qui est l’Eglise, dans la totalité de son corps qui est l’Eglise, vivre
le dimanche gratuitement, pour lui-même, car il est tout simplement un don du
Seigneur, le don du repos… dans une société ou plus personne n’a le temps, tout
le monde est pressé.
Conclusion
A toutes les époques, l’Eglise a réaffirmé
l’importance du dimanche. Elle le fait encore aujourd’hui et les communautés
chrétiennes cherchent comment vivre ce dimanche en plénitude dans les
circonstances qui sont les notres. Les premiers chrétiens ont dû, en quelque
sorte, « créer » ce jour à partir de leur foi au Christ ressuscité.
Le Seigneur nous appelle à donner à l’homme toute sa dimension d’être spirituel
appelé à la louange, et à l’espérance. La vie chrétienne se déroule tous les
jours, pas que le dimanche, mais la vie chrétienne se déroule en célébrant le
dimanche. En se réunissant le dimanche, les chrétiens manifestent que celui qui
les fait vivre, c’est le Christ ressuscité. C’est pourquoi, il nous faut
certainement continuer à approfondir dans nos communautés, dans nos secteurs,
ce sens, pour voir les conséquences concrètes, les initiatives nouvelles à
prendre, les tournant à susciter, pour que l’Eglise prenne corps ce jour-là,
qu’elle approfondisse sa mission, qu’elle entraine les baptisés à vivre leur
existence comme une existence pascale.
[1] Quant à la
collecte en faveur des saints, suivez, vous aussi, les instructions que j'ai
données aux Eglises de la Galatie. Que
le premier jour de la semaine, chacun de vous mette de côté chez lui ce qu'il
aura pu épargner, en sorte qu'on n'attende pas que je vienne pour recueillir
les dons. Et une fois près de vous, j'enverrai, munis de lettres, ceux que vous
aurez jugés aptes, porter vos libéralités à Jérusalem ; et s'il vaut la peine
que j'y aille aussi, ils feront le voyage avec moi. (1 Corinthiens 16, 2)
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