vendredi 22 mai 2009

Prêtre et diacre ensemble : quel place pour chacun ?

Lors de la célébration d'un baptême où sont présents un diacre et un prêtre (tous les deux de la paroisse), quel est le rôle de chaqun ? Le diacre doit-il s'effacer pour laisser la place au seul prêtre, signe de l'unique Christ ou peut-on admettre que les deux ministres ordonnés se partagent les différentes parties de la célébration sans porter préjudice à la dimension théologique du sacrement ?

Vous me pardonnerez si je ne répond pas directement à vos questions, mais si je
vous invite à trouver vous-mêmes les réponses par une petite lecture et une
petite étude... Je vous livre donc ci-après quelques extraits d'une excellente
plaquette éditée par le CNPL et que l'on peut commander cnpl@cnpl.cef.fr et
qu'il convient de lire : http://cnpl.cef.fr/

Son titre est :
LES DOSSIERS DE LA COMMISSION EPISCOPALE DE LITURGIE ET DE PASTORALE
SACRAMENTELLE N° 5.
"le rôle des diacres dans l'action liturgique", fascicule II, (Sacrements, sauf
eucharistie, et autres célébrations) Octobre 1992.

ORIENTATIONS CONCERNANT LES DIVERSES CÉLÉBRATIONS

1. LES SACREMENTS DE L'INITIATION CHRÉTIENNE
Les indications fournies ci-dessous prennent appui principalement sur le Missel
romain (édition 1978) et sur quatre rituels:
- Rituel de l'initiation chrétienne des adultes (AELF 1974, en cours de
réédition), cité RICA.
- Rituel du baptême des enfants en âge de scolarité (Chalet- Tardy 1977, rééd.
1988,64 pages).
- Rituel du baptême des petits enfants (Mame- Tardy 1984, 172 pages), cité BPE.
- La célébration de la confirmation (Chalet- Tardy 1976, rééd. 1988,80 pages).
Les diacres sont ministres ordinaires du baptême" comme les évêques et les
prêtres. A ce titre, ils sont au service de l'Eglise lors des différentes
étapes de l'initiation chrétienne, depuis la première évangélisation et la
catéchèse jusqu'à la célébration même des rites, en passant par tout
l'accompagnement et le jugement pastoral à exercer en vue de l'admission aux
sacrements.
Il est possible de distinguer cinq situations liturgiques où les diacres peuvent
être amenés à exercer leur ministère:
- Célébration des différentes étapes de l'initiation chrétienne des adultes. !-
Célébration des sacrements de l'initiation chrétienne pendant la Veillée
pascale.
- Célébration du baptême pendant une eucharistie dominicale.
- Célébration du baptême en dehors d'une eucharistie.
- Célébration de la confirmation et de la première eucharistie.

1. Célébration des différentes étapes de l'initiation chrétienne des adultes
Outre sa collaboration à la pastorale précatéchuménale (RICA, n. 11), le diacre
est appelé à participer au discernement des candidats pendant la période du
catéchuménat (n. 16), à coopérer à la catéchèse dispensée pendant ce temps (nn.
19, 20, 45) ou à l'occasion de la confirmation de baptisés n'ayant pas été
catéchisés (n. 297) et à apporter son aide pour les célébrations (n. 47). De
façon plus précise, le rituel décrit ainsi les différentes interventions
possibles du diacre (sur le sens de «il peut», voir ci-dessus, p. 16) :
- Il peut présider l'entrée en catéchuménat (n. 73) ou participer aux signations
de cette célébration d'entrée en catéchuménat (n. 85).
- Il est invité à participer aux rencontres des catéchumènes (n. 105).
- Il peut présider les célébrations d'exorcismes (nn. 109, 156).
- Il peut bénir les catéchumènes (n. 119).
- Il peut donner la première onction aux catéchumènes (n. 127).
- Il peut participer à la délibération avant l'appel décisif (nn. 135, 137) et
présenter les candidats à l'appel décisif (n. 143).
- Il peut présider les célébrations de scrutins (n. 158).
- Il peut lire l'évangile et appeler les catéchumènes à recevoir le Symbole de
la foi et le Notre Père, lors des célébrations de traditions.
- Il peut prêter son concours pour l'immersion ou l'ablution lorsque les
personnes à baptiser sont nombreuses (n. 222) ; de même pour l'onction avec le
saint-chrême (n. 224).
- Il remplit son ministère habituel lors de la célébration de la confirmation et
de l'eucharistie qui suit (cf. ci-après).
- Il peut, en outre, utiliser le rite spécial prévu en cas de danger de mort (n.
280) et, à cette occasion, conférer l'onction postbaptismale avec le
saint-chrême (n. 291).
N.B.: Le Rituel du baptême des enfants en âge de scolarité ne fait aucune
mention particulière du ministère diaconal. Mais tout ce qui vient d'être dit à
propos du rituel des adultes vaut également pour cet âge.

2. Célébration des sacrements de l'initiation chrétienne pendant la Veillée
pascale
Après la bénédiction du feu et la préparation du cierge pascal, le diacre prend
le cierge, l'élève et chante: «Lumière du Christ». Puis il prend la tête de la
procession et se conforme aux indications données par le Missel romain, en
particulier pour les différentes stations.
Après avoir placé le cierge pascal sur son chandelier dans le choeur, le diacre
peut l'encenser et, s'il en est capable, après avoir demandé et reçu la
bénédiction du célébrant, il chante l'Exsultet à l'ambon ou à un pupitre
spécial. Au cours de la liturgie de la Parole qui suit, il proclame l'évangile
de la manière habituelle.
Si la bénédiction de l'eau peut avoir lieu aux fonts baptismaux, le diacre,
portant le cierge pascal, prend la tête de la procession. Pendant la
bénédiction de l'eau, il donne le cierge pascal au célébrant au moment voulu et
l'aide, si nécessaire, à plonger le cierge dans l'eau.
Si les futurs baptisés sont nombreux, le diacre peut baptiser lui-même et aider
le célébrant lors de l'onction avec le saint-chrême ou lors de la confirmation
(cf. ci-après, 5).
Pendant la liturgie eucharistique, le diacre fait son service comme d'habitude.
Lors de la préparation des dons, il peut recevoir les oblats des mains d'un ou
de plusieurs des nouveaux baptisés. Au cours de la prière eucharistique, il
veille à ce que soient utilisés les textes propres à la première semaine du
Temps pascal (P .E. 1, II, III) et pour les nouveaux baptisés (P .E. Il, III,
IV). Lors de la communion, il peut présenter le calice aux nouveaux baptisés et
à leurs proches. Enfin, il chante ou dit le renvoi, en y ajoutant un double
alléluia.

3. Célébration du baptême pendant une eucharistie dominicale
On observe parfois, dans la pratique actuelle, une tendance à répartir les rôles
entre le prêtre et le diacre, pour manifester la diversité des ministères dans
l'Eglise et le fait que le baptême présidé par un diacre n'est pas «un
sacrement au rabais». Cependant, il faut se rappeler que le but de la
célébration n'est pas de valoriser le ministère diaconal, mais de situer le
baptême comme sacrement de la foi et comme geste du Seigneur dans son Eglise.

On sera donc attentif à respecter la fonction de présidence qui revient ici au
prêtre et à lui réserver la réception de la renonciation à Satan et de la
profession de foi, ainsi que le rite baptismal. Sur un plan général, cqmme la
fonction de présidence manifeste de façon privilégiée le lien à l'Eglise, il
convient que soient assurées par le prêtre les interventions qui sont
directement en rapport avec l'identité chrétienne de l'assemblée (salutation
d'entrée, oraisons d'ouverture et de conclusion, bénédiction finale et actions
majeures).
Dans la mesure où il aura participé à la préparation ou aux étapes antérieures
et en vertu de sa connaissance des baptisés ou de leur famille, le diacre
proclamera l'évangile, pourra faire l'homélie, conduire la prière des fidèles,
commenter les rites, procéder à certains baptêmes si les baptisés sont
nombreux, aider à faire l'onction avec le saint-chrême, présenter le vêtement
blanc et remettre le cierge allumé. De même, au cours de la liturgie
eucharistique, il accomplira son ministère habituel, en ajoutant ce qui est
propre à la messe rituelle du baptême (cf. ci-après, 5).

4. Célébration du baptême en dehors d'une eucharistie
Il faut ici distinguer la situation où prêtre et diacre participent à la même
célébration et celle où un diacre préside seul un baptême.

a. Participation au baptême présidé par un prêtre
Les occasions où prêtre et diacre participent ensemble à une célébration de
baptême sont le plus souvent situées au cours d'une eucharistie: Veillée
pascale, baptêmes groupés, baptêmes d'enfants en âge scolaire, etc. On se
reportera donc à ce qui est dit ci-dessus.
Si une telle situation devait se présenter en dehors d'une célébration
eucharistique, les éléments de discernement seraient les mêmes, à savoir:
- ce qui revient à la fonction de présidence assurée par le prêtre;
- ce qui correspond à la bonne connaissance que le diacre peut avoir des
baptisés et de leur famille et qui pourra colorer son éventuelle homélie, la
prière universelle, les commentaires des rites, ainsi que la présentation du
vêtement blanc et la remise du cierge allumé.

b. Baptême présidé par un diacre
La référence première est ici le rituel, que le diacre utilisera avec les
diverses possibilités d'adaptation laissées au discernement du célébrant. Il
s'agit alors le plus souvent de baptêmes d'enfants que le diacre préside comme
ministre ordinaire (BPE 11) ou à la pastorale desquels il est invité à
collaborer (BPE 42).

(Lorsqu'il s'agit de personnes appartenant à sa famille (cependant, pas ses
propres enfants) ou bien connues de lui, le diacre peut adapter davantage son
langage et prévoir une participation appropriée de chacun, en particulier des
enfants.
Il est parfois opportun de rappeler à l'assemblée brièvement œ qu'est le
ministère des diacres.
L'homélie est un moment privilégié pour rejoindre les participants. La réflexion
à partir de l'Ecriture peut être particularisée par la situation de père de
famille.
Après le baptême, il convient de garder des liens, de se retrouver à l'occasion
de fêtes ou d'anniversaires.)

Il importe de rappeler ici que le diacre peut utiliser le rituel abrégé : pour
le baptême d'un enfant en danger de mort (BPE 57 et 200-208). De même, il peut
présider la célébration d'accueil dans la communauté d'un enfant baptisé en cas
d'urgence (BPE 209-227).

5. Célébration de la confirmation et de la première eucharistie
Lors de la confirmation, que celle-ci suive immédiatement le baptême ou soit
détachée, le diacre proclame,l'évangile, peut présenter les confirmands a
l'évêque ou a son suppléant. Il peut aussi apporter à l'évêque le vase qui
contient le saint-chrême.
Au cours de la liturgie eucharistique, en plus de son rôle habituel, le diacre
peut recevoir les oblats apportés par les nouveaux baptisés ou confirmés et
leur donner la communion au calice ainsi qu'à leurs proches.
Il veillera également à ce que le célébrant ou les concélébrants utilisent les
textes propres pour les baptisés ou les confirmés dans la prière eucharistique.
Si on utilise la prière sur le peuple avant la bénédiction finale, le diacre (ou
un autre ministre) peut inviter l'assemblée à s'incliner pour recevoir la
bénédiction.

Questions autour de l'art de célébrer

1- La salutation de l'assemblée dominicale précéde-t-elle toute prise de parole
(antienne, monition, etc...) ?


La salutation de l'assemblée (signe de croix + le Seigneur soit avec vous...)
suit le chant d'entrée ou l'antienne d'ouverture et précède toute autre
monition)

PGMR N28[28] 50. Lorsque le chant d´entrée est fini, le prêtre, debout à son
siège, fait le signe de la croix avec toute l´assemblée. Ensuite, en saluant la
communauté rassemblée, il lui manifeste la présence du Seigneur. Cette
salutation et la réponse du peuple manifestent le mystère de l´Église
rassemblée.

PGMR [29] Après la salutation au peuple, le prêtre, ou le diacre, ou un autre
ministre, peut, par quelques mots très brefs, introduire les fidèles à la messe
du jour.

2- Peut-on faire une brève transition entre le Kyrie et le Gloria (mais aussi :
avant le Credo, modifier celle qui précède le Pater), comme par exemple :
"Chantons ensemble la gloire de Dieu" ?

Le rituel de la messe ne prévoit pas de formule de transition entre le Kyrie et
le Gloria qui s'enchaînent en principe normalement et tout seuls... De fait,
l'habitude s'est prise ça et là de dire "chantons le Gloire de Dieu"... C'est
me semble-t-il parce que l'animateur de chants ou l'organiste tarde à enchaîner
les deux chants... à la suite l'un de l'autre ou tarde à changer de partition...
C'est ainsi que des rites ou des formes liturgiques apparaissent.

De même, il n'est pas prévu de formule pour introduire le credo dans le missel,
"Proclamons la foi de l'Eglise"... sauf pour la liturgie de la veillée pascale
: Frères bien-aimés, (nous aussi) par le mystère pascal nous avons été mis au
tombeau avec le Christ dans le baptême, afin qu’avec lui nous vivions d’une vie
nouvelle. C’est pourquoi, après avoir terminé l’entraînement du Carême,
renouvelons la renonciation à Satan que l’on fait lors du baptême,
renouvelons notre profession de foi au Dieu vivant et vrai et à son Fils, Jésus
Christ, dans la sainte Église catholique.
Ainsi donc:

Ce n'est donc pas scandaleux d'introduire par une formule brève la proclamation
du credo.

La PGMR n° 13 rappelle dans son préambule que le concile de Trente avait prévu
que des monitions soient dites dans l'Ancien Rite, (qui restent valable dans le
nouveau). "le IIe concile du Vatican a, en outre, poussé à mettre en pratique
certaines prescriptions du concile de Trente auxquelles on n´avait pas obéi
partout, comme le devoir de faire l´homélie les dimanches et jours de fête , et
la faculté d´intercaler dans les rites quelques monitions. "

Pour ce qui concerne la monition précédant le Notre Père, le missel précise dans
la rubrique "le prêtre introduit la prière du Seigneur en disant PAR EXEMPLE".
Les deux monitions sont donc des exemples et non pas des formules obligatoires.
On peut les modifier.

3- Est-il souhaitable de laisser systématiquement un certain temps entre
"Prions" et les différentes oraisons, entre la 1ère lecture et le psaume,
celui-ci et la 2ème, celle-ci et l'évangile ?


Le silence
PGMR [23] 45. Un silence sacré, qui fait partie de la célébration, doit aussi
être observé en son temps . Sa nature dépend du moment où il trouve place dans
chaque célébration. Car, dans la préparation pénitentielle et après
l´invitation à prier, chacun se recueille; après une lecture ou l´homélie, on
médite brièvement ce qu´on a entendu; après la communion, le silence permet la
louange et la prière intérieure.

Déjà avant la célébration elle-même, il est bon de garder le silence dans
l’église, à la sacristie et dans les lieux avoisinants, pour que tous se
disposent à célébrer les saints mystères avec coeur et selon les rites.

4- Peut-on chanter : "Corps du Christ livré pour nous" au moment de l'élévation ?
Ca se fait... Même si ce n'est pas prévu par le missel. C'est une manière de
dire notre foi dans la présence réelle du Christ qui est là. Dans le rite
Romain, c'est normalement l'anamnèse qui a cette fonction. "Nous proclamons ta
mort Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection..." Pour de justes raisons
qu'il convient d'apprécier, on peut encourager ce type de chant pour aider les
fidèles à entretenir et à renouveler leur foi dans la présence du Christ dans
l'eucharistie.

5- Puis-je lire l'antienne de Communion avant, même s'il y a un chant de prévu pendant ?Soit on lit l'antienne de communion, soit on la chante, soit on prend un chant... On ne peut pas tout faire...

PGMR 87. Pour le chant de communion, on peut prendre soit l´antienne du Graduel
romain, soit avec ou sans psaume, soit l´antienne avec son psaume du Graduel
simple, ou un autre chant approprié, approuvé par la Conférence des évêques. Le
chant est exécuté soit par la chorale seule, soit par la chorale ou le chantre
avec le peuple.

S´il n´y a pas de chant, l´antienne proposée dans le missel est dite soit par
les fidèles, soit par quelques-uns d´entre eux, soit par un lecteur ou, à leur
défaut, par le prêtre, après que lui-même aura communié et avant qu´il ne
distribue la communion aux fidèles.

6- Puis-je inviter les personnes qui ne peuvent pas communier dans la procession de communion afin de leur faire un signe de croix sur le front (donner une
bénédiction ?) ?

Ce type d'invitation n'est pas prévu dans les rubriques du missel, mais tend à
s'étendre en France, pour les enfants qui n'ont pas encore fait leur première
communion, ou pour les personnes qui ne communient pas, pour diverses raisons.
C'est un beau geste qui dit la communion spirituelle du Peuple qui s'avance
vers son Seigneur... Le mérite de ce geste est de rappeler que si nous sommes
tous appelés à vivre la communion, nous ne sommes pas tous aptes à communier,
et qu'il est requis de s'approcher de la communion avec un esprit de foi et en
étant conscient de ne pas être en état de péché grave.

Redemptionis sacramentum - 81 - De même, la coutume de l’Église affirme qu’il
est nécessaire que chacun s’éprouve soi-même, afin que celui qui a conscience
d’être en état de péché grave, ne célèbre pas la Messe ni ne communie au Corps
du Seigneur, sans avoir recouru auparavant à la confession sacramentelle, à
moins qu’il ait un motif grave et qu’il soit dans l’impossibilité de se
confesser; dans ce cas, il ne doit pas oublier qu’il est tenu par l’obligation
de faire un acte de contrition parfaite, qui inclut la résolution de se
confesser au plus tôt.

7- Y-a-t-il une obligation de lire les annonces à la fin de la messe,
puisqu'elles sont accessibles à tous ? La lecture des annonces ne rompt-elle
pas "l'équilibre" de la liturgie : prière après la communion puis envoi ? Il
est vrai que la séquence debout-assis-debout ou debout, pendant cette "litanie"
- apparemment peu incitative - me met plutôt mal à l'aise.


Voici ce qui est prévu par la PGMR

[57] 90. Relèvent du rite de conclusion :
a) De brèves annonces, si nécessaire ;
b) La salutation et la bénédiction du prêtre qui, en certains jours et à
certaines occasions, est enrichie et développée par la prière sur l´assemblée
ou une autre formule solennelle.
c) Le renvoi de l’assemblée par le prêtre ou le diacre ;
d) Le baiser de l’autel par le prêtre et le diacre, suivi de l’inclination
profonde vers l’autel par le prêtre, le diacre et les autres ministres.

anamnèse, épiclèse, alliance... comment comprendre ?

Excusez le mauvais libellé de ma question : Je voudrais comprendre ce que c'est anamnèse - l'épiclèse - alliance etc. déchiffrer un peu le déroulement de l'Eucharistie et y a-t-il une corrélation entre AT. et le NT, qu'est-ce que le salut ? J'espère que vous comprendrez ma question.

Vos questions mériteraient de suivre tout un cours sur l'eucharistie. Ne sachant
pas qui vous êtes, je vous donne ce que je donne un condensé de ce que je donne
à mes élèves... Tout celà mériterait de plus amples explications.
IL EST GRAND LE MYSTERE DE LA FOI, disons nous au coeur de chaque eucharistie !

En liturgie, l'anamnèse fait référence à la mémoire du ressuscité
(Jésus-Christ). Dans l'eucharistie, l'anamnèse est l'acclamation qui suit la
consécration, après la prière eucharistique : "Nous proclamons ta mort,
Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la
gloire"... Et le prêtre continue par une anamnèse aussi : faisant ici MEMOIRE,
de la mort et de la résurrection de ton Fils... Il s'agit de la réponse à la
demande de Jésus qui a demandé à ses disciples : "vous ferez celà en MEMOIRE de
moi"

L'Epiclèse (éthymologiquement : "appeler sur"), est une prière par laquelle
l'Eglise appelle l'Esprit Saint sur le Pain et le vin pour qu'ils deviennent le
corps et le sang du Christ et sur l'assemblée, pour qu'elle devienne le corps
du Christ...

Quant aux rapports entre l'eucharistie, l'Ancien et le Nouveau Testament, voici
quelques éléments qui auraient mérités d'être mis un peu plus en ordre...
Il s'agit des notes explicatives des paroles de Jésus lors du dernier repas avec
ses disciples. On les trouve dans les bibles TOB et BJ. Un peu plus loin, vous
avez quelques passages de l'Ancien Testament en lien avec les paroles de Jésus
sur le Pain et le vin et plus loin encore quelques extraits du catéchisme de
l'Eglise catholique.

En lisant et en méditant tout celà vous pourrez certainement entrer dans une
meilleure intelligence de l'eucharistie. Mais, rien ne remplace de suivre un
bon cours ou de lire un bon livre. Et il en existe...

LES RECITS DE L’INSTITUTION :
LES NOTES DES BIBLES. (TOB, BJ)

Matthieu 26, 26 – 29.
h. En insérant dans le récit de la Passion une tradition de forme et d’origine
liturgique, Mt veut montrer comment Jésus a compris sa mort, à savoir qu’il eut
pleinement conscience de verser son sang pour que soient remis les péchés des
hommes ; cette tradition manifestait l’origine et le sens d’un rite pratiqué
dans la communauté ; Mt présuppose, sans le dire explicitement comme Lc (22,
19) ou Paul (1 Co 11, 24), que les disciples doivent faire ceci en mémoire de
Jésus. Sur l’initiative de Jésus, il s’agit non pas simplement de se souvenir
de cet événement, ni de réitérer la Cène, mais d’actualiser le geste
sacrificiel accompli par Jésus à la Croix et d’anticiper le banquet
eschatologique. (TOB). On est arrivé au centre du repas pascal. C’est sur des
gestes solennels du rituel juif (bénédictions à Yahvé prononcées sur le pain et
le vin) que Jésus greffe les rites sacramentels du culte nouveau qu’il instaure.
(BJ)
i. Corps. A cause des mots prenez, mangez, cette parole ne peut être ramenée à
une simple comparaison (de même que le pain est rompu, de même mon corps le
sera). D’autre part, le verbe est (sans correspondant habituel dans la tournure
sémitique sous-jacente) ne suffit pas à établir l’identité du pain et du corps.
Pour préciser la nature de cette identité, il faut relier les paroles sur le
pain et le vin à Celui qui les prononça et au repas où elles déploient leur
sens ; il faut aussi remarquer l’atmosphère pascale de ce repas (cf. le sang de
l’alliance) et sa portée sacrificielle (sang offert pour la multitude) ; il
rendit grâce : « Rendre grâces » traduit ici le verbe grec eucharistô, dont le
substantif eucharistia, « action de grâces », a été adopté par le langage
chrétien pour désigner la dernière Cène. (BJ)
j. En versant son sang sur la croix, Jésus mène à son terme l’Alliance qui jadis
avait scellée au Sinaï par le sang des victimes (Ex 24, 4-8) ; il annonce
implicitement que s’accomplit aussi l’Alliance nouvelle prédite par les
prophètes (Jr 31, 31-34) et il proclame la valeur universelle de son sacrifice
pour la multitude, c’est à dire, selon le sens sémitique de la formule, pour
l’ensemble des hommes (Cf. Is 53, 12) (TOB). Comme Jadis au Sinaï, le sang des
victimes scella l’alliance de Yahvé avec son peuple, de même, sur la Croix, le
sang de la victime parfaite, Jésus, va sceller entre Dieu et les hommes
l’alliance « nouvelle », qu’ont annoncée les prophètes. Jésus s’attribue la
mission de rédemption universelle assignée par Isaïe au « Serviteur de Yahvé ».
L’idée de nouvelle alliance intervient chez Paul, en divers contextes qui en
révèlent la grande importance. (BJ)
k. Le dernier jour
l. Ce verset d’origine probablement non cultuelle, donne la visée eschatologique
du dernier repas de Jésus et exprime la ferme espérance de participer au Royaume
du ciel. (Cf. Mt 8, 11) (TOB). C’en est fini des repas terrestres de Jésus avec
ses disciples. (BJ)
m. Les psaumes du Hallel (Ps 113-118) dont la récitation achevait le repas
pascal.
Autres renvois signalés par la TOB.
Za 9, 11-17 : Le rétablissement d'Israël
Toi aussi, pour le sang de ton alliance, j'ai renvoyé tes captifs de la fosse
où il n'y a pas d'eau. Revenez vers la place forte, captifs pleins d'espoir.
Aujourd'hui même, je le déclare, c'est le double que je vais te rendre. Car
j'ai tendu pour moi Juda, j'ai garni l'arc avec Ephraïm; je vais exciter tes
fils, Sion, contre tes fils, Yavân, et je ferai de toi comme l'épée d'un
vaillant. Alors Yahvé apparaîtra au-dessus d'eux et sa flèche jaillira comme
l'éclair. (Le Seigneur) Yahvé sonnera de la trompe, il s'avancera dans les
ouragans du sud. Yahvé Sabaot sera leur protection, ils dévoreront, ils
piétineront les pierres de fronde, ils boiront le sang comme si c'était du vin,
ils en seront gorgés comme un vase à aspersions, comme les angles de l'autel. Et
il les sauvera, Yahvé leur Dieu, en ce jour-là, comme les brebis qui sont son
peuple ; oui, les pierres d'un diadème scintilleront sur sa terre. Qu'il sera
beau! Qu'il sera splendide! Le blé fera s'épanouir les jeunes gens et le vin
doux, les vierges.

He 9, 20 : Supériorité de l'institution par le sang du Christ : Ceci est le sang
de l'alliance que Dieu a ordonnée pour vous



Marc 14, 22-25
f. Litt. Ceci est mon sang de l’Alliance. L’expression sang de l’alliance est
celle d’Ex 24, 8.
i. Le Royaume de Dieu est ici présenté sous l’image du festin messianique. (Cf.
Is 25, 6)

Luc 22, 15-20
x. Luc présente plusieurs éléments qui lui sont propres : le désir de Jésus (v.
15), l’évocation de la Pâque ancienne qui va s’accomplir dans le Royaume (vv.
16-18). Sa formule eucharistique est proche de celle de Paul (1 Co 11, 23-25).
y. Il se mit à table. Litt. Il s’étendit. (cf. Lc 7, 36, note z.)
z. Jésus n’emploie jamais ce terme autrement que pour désigner sa propre
passion. Il est possible que ce soit une référence aux prophéties d’Isaïe 53,
4. 8-12. Dans certains cas, le mot a le sens général de souffrances. Mais, chez
Luc, il a aussi le sens précis de mort ; ce doit être le sens ici.
b. Le repas rituel de la Pâque, mémorial de la libération d’Israël (Ex 12), est
présenté ici comme la préfiguration prophétique (le type) du repas messianique
du peuple de Dieu dans le salut définitif. Sur ce repas, cf. Lc 13, 28 note y.
c. Le Royaume est l’expression classique du judaïsme et des évangiles pour
décrire le salut comme un lieu de bonheur et de paix, dans la présence de Dieu.
d. On présente à Jésus la coupe parce qu’il est le président du repas pascal. Lc
est seul à mentionner cette première coupe, puisque Mt et Mc ne décrivent pas le
repas pascal.
e. Le mot grec est le même que pour le Royaume de Dieu au v. 16. Mais, ici, il
ne s’agit plus d’un lieu ; il est question de la seigneurie divine qui doit se
manifester en plénitude à la fin des temps.
f. Mt et Mc rapportent cette parole d’espérance après la présentation de la
coupe eucharistique.
h. Ici, comme au v. 20 et chez Paul (1 Co 11, 24-25), la parole de Jésus
s’adresse directement aux assistants (tandis qu’en Mt 26, 28 et Mc 14, 24, le
sang de Jésus est versé pour la multitude). Cette formule pourrait être une
précision liturgique à l’adresse des fidèles qui participent à l’eucharistie.
i. Cette formule, qu’on retrouve chez Paul (1 Co 11, 24-25) est absente de Mt et
Mc. Elle définit le repas eucharistique comme le mémorial du sacrifice de Jésus,
à la façon du repas pascal d’Israël (Ex 12, 14 ; 13, 9 ; Dt 16, 3 )
j. Seuls Lc et Paul (1 Co 11, 25) ont ici l’adjectif nouvelle qui rappelle la
prophétie fameuse de Jr 31, 31-34. Le sacrifice de Jésus (son sang : Ex 24, 8)
inaugure ce temps de salut.
k. La place de l’annonce de la trahison après le don du pain et du vin, à la
différence de Mt et Mc ; il veut sans doute regrouper toutes les paroles de
Jésus après son acte essentiel ; il marque aussi que Judas a participé comme
les douze au repas de la nouvelle alliance.

Saint Paul : 1 Co 11, 23-26
h. C’est-à-dire, une tradition qui remonte au Seigneur.
i. La tradition paulinienne relative au dernier repas de Jésus est très proche
de celle de Lc 22, 14-20.
l. Non que le coupable ait confondu le pain eucharistique avec les autres
aliments de son repas, mais parce qu’il n’a pas su apprécier les exigences que
comporte la réception du Corps du Christ.
Autres renvois signalés par la BJ.
Ap 22, 17, 20 ; He 8, 6–13.
Autres textes bibliques à lire en lien avec les gestes et les paroles de Jésus
rapportés par les récits de l’institution.
Exode 30, 1-10 : L’autel de l’encens ; Ez 43, 13-27 : L'autel ; Ez 45, 13-24.
Offrande pour le culte, purification, la Pâque ; Lévitique 4, 1-12 : Rituel du
sacrifice pour le péché ; Exode 24, 1-11 : Conclusion d'Alliance. 1 Co 11, 20 :
l’expression « Repas du Seigneur ». La « Fraction du pain » (Luc 24, 35 – Actes
2, 42, Actes 2, 46 ; 20, 11 : « Rompre le pain » ; dans St Jean « le Repas »
(Jn 21, 20). Festin des noces de l'Agneau (cf. Ap 19,9 ) dans la Jérusalem
céleste.


Conclusion d'Alliance : Ex 24, 4-11 : Moïse mit par écrit toutes les paroles
de Yahvé puis, se levant de bon matin, il bâtit un autel au bas de la montagne,
et douze stèles pour les douze tribus d'Israël. 5 Puis il envoya de jeunes
Israélites offrir des holocaustes et immoler à Yahvé de jeunes taureaux en
sacrifice de communion. Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des
bassins, et l'autre moitié du sang, il la répandit sur l'autel. Il prit le
livre de l'Alliance et il en fit la lecture au peuple qui déclara: "Tout ce que
Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons." Moïse, ayant pris le sang, le
répandit sur le peuple et dit: "CECI EST LE SANG DE L’ALLIANCE que Yahvé a
conclue avec vous moyennant toutes ces clauses. ... Ils contemplèrent Dieu
puis ils mangèrent et burent.

L'alliance nouvelle : Jr 31, 31-34 : Voici venir des jours -- oracle de Yahvé
-- où je conclurai avec la maison d'Israël (et la maison de Juda) une ALLIANCE
NOUVELLE. Non pas comme l'alliance que j'ai conclue avec leurs pères, le jour
où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d'Egypte -- mon
alliance qu'eux-mêmes ont rompue bien que je fusse leur Maître, oracle de
Yahvé! Mais voici l'alliance que je conclurai avec la maison d'Israël après
ces jours-là, oracle de Yahvé. Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je
l'écrirai sur leur coeur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple.
Ils n'auront plus à instruire chacun son prochain, chacun son frère, en disant:
"Ayez la connaissance de Yahvé!" Car tous me connaîtront, des plus petits
jusqu'aux plus grands -- oracle de Yahvé -- parce que je vais pardonner leur
crime et ne plus me souvenir de leur péché.

Quatrième poème du Serviteur : Is 53, 11-12 : A la suite de l'épreuve endurée
par son âme, il verra la lumière et sera comblé. Par sa connaissance, le juste,
mon serviteur, justifiera les multitudes en s'accablant lui-même de leurs
fautes. 12 C'est pourquoi il aura sa part parmi LES MULTITUDES, et avec les
puissants il partagera le butin, parce qu'il s'est livré lui-même à la mort et
qu'il a été compté parmi les criminels, alors qu'il portait le péché des
multitudes et qu'il intercédait pour les criminels.

Le festin eschatologique et l'écrasement de Moab : Is 25, 6 : Yahvé Sabaot
prépare pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes
grasses, un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vins dépouillés.

La Pâque : Ex 12, 14 : Ce jour-là, VOUS EN FEREZ MEMOIRE et vous le fêterez
comme une fête pour Yahvé, dans vos générations vous la fêterez, c'est un
décret perpétuel.

Les premiers nés et les Azymes : Ex 13, 9. Ce sera pour toi un signe sur ta
main, un MEMORIAL sur ton front, afin que la loi de Yahvé soit toujours dans ta
bouche, car c'est à main forte que Yahvé t'a fait sortir d'Egypte.

Les trois fêtes: Pâque, Semaines, Tentes : Dt 16, 3. Tu ne MANGERAS pas, avec
la victime, de PAIN FERMENTE; pendant sept jours tu mangeras avec elle des
azymes -- un pain de misère -- car c'est en toute hâte que tu as quitté le
pays d'Egypte: ainsi tu te souviendras, tous les jours de ta vie, du jour où tu
sortis du pays d'Egypte.

Ap 22, 17, 20 : L'Esprit et l'Epouse disent: "Viens!" Que celui qui entend
dise: "Viens!" Et que l'homme assoiffé s'approche, que l'homme de désir reçoive
l'eau de la vie, gratuitement… 20 Le garant de ces révélations l'affirme: "Oui,
mon retour est proche!" Amen, viens, Seigneur Jésus!

EXTRAITS DU CATECHISME DE l'EGLISE CATHOLIQUE SUR l'EUCHARISTIE
Les signes du pain et du vin
1333 Au coeur de la célébration de l'Eucharistie il y a le pain et le vin qui,
par les paroles du Christ et par l'invocation de l'Esprit Saint, deviennent le
Corps et le Sang du Christ. Fidèle à l'ordre du Seigneur l'Eglise continue de
faire, en mémoire de Lui, jusqu'à son retour glorieux, ce qu'il a fait la
veille de sa passion: "Il prit du pain...", "Il prit la coupe remplie de
vin...". En devenant mystérieusement le Corps et le Sang du Christ, les signes
du pain et du vin continuent à signifier aussi la bonté de la création. Ainsi,
dans l'Offertoire, nous rendons grâce au Créateur pour le pain et le vin (cf.
Ps 104,13-15 ), fruit "du travail de l'homme", mais d'abord "fruit de la terre"
et "de la vigne", dons du Créateur. L'Eglise voit dans le geste de Melchisédech,
roi et prêtre, qui "apporta du pain et du vin" ( Gn 14,18 ) une préfiguration de
sa propre offrande (cf. MR, Canon Romain 95: "Supra quæ").

1334 Dans l'Ancienne Alliance, le pain et le vin sont offerts en sacrifice
parmi les prémices de la terre, en signe de reconnaissance au Créateur. Mais
ils reçoivent aussi une nouvelle signification dans le contexte de l'Exode: Les
pains azymes qu'Israël mange chaque année à la Pâque, commémorent la hâte du
départ libérateur d'Egypte; le souvenir de la manne du désert rappellera
toujours à Israël qu'il vit du pain de la Parole de Dieu (cf. Dt 8,3 ). Enfin,
le pain de tous les jours est le fruit de la Terre promise, gage de la fidélité
de Dieu à ses promesses. La "coupe de bénédiction" ( 1Co 10,16 ), à la fin du
repas pascal des juifs, ajoute à la joie festive du vin une dimension
eschatologique, celle de l'attente messianique du rétablissement de Jérusalem.
Jésus a institué son Eucharistie en donnant un sens nouveau et définitif à la
bénédiction du pain et de la coupe.

1335 Les miracles de la multiplication des pains, lorsque le Seigneur dit la
bénédiction, rompit et distribua les pains par ses disciples pour nourrir la
multitude, préfigurent la surabondance de cet unique pain de son Eucharistie
(cf. Mt 14,13-21; Mt 15,32-39 ). Le signe de l'eau changé en vin à Cana (cf. Jn
2,11 ) annonce déjà l'Heure de la glorification de Jésus. Il manifeste
l'accomplissement du repas des noces dans le Royaume du Père, où les fidèles
boiront le vin nouveau (cf. Mc 14,25 ) devenu le Sang du Christ.

1336 La première annonce de l'Eucharistie a divisé les disciples, tout comme
l'annonce de la Passion les a scandalisés: "Ce langage-là est trop fort! Qui
peut l'écouter?" ( Jn 6,60 ). L'Eucharistie et la croix sont des pierres
d'achoppement. C'est le même mystère, et il ne cesse d'être occasion de
division. "Voulez-vous partir, vous aussi?" ( Jn 6,67 ): Cette question du
Seigneur retentit à travers les âges, invitation de son amour à découvrir que
c'est Lui seul qui a "les paroles de la vie éternelle" ( Jn 6,68 ) et
qu'accueillir dans la foi le don de son Eucharistie, c'est l'accueillir
Lui-même.


L'institution de l'Eucharistie
1337 Le Seigneur, ayant aimé les siens, les aima jusqu'à la fin. Sachant que
l'heure était venue de partir de ce monde pour retourner à son Père, au cours
d'un repas, il leur lava les pieds et leur donna le commandement de l'amour
(cf. Jn 13,1-17 ). Pour leur laisser un gage de cet amour, pour ne jamais
s'éloigner des siens et pour les rendre participants de sa Pâque, il institua
l'Eucharistie comme mémorial de sa mort et de sa résurrection, et il ordonna à
ses apôtres de le célébrer jusqu'à son retour, "les établissant alors prêtres
du Nouveau Testament" (Cc. Trente: DS 1740 ).

1338 Les trois évangiles synoptiques et S. Paul nous ont transmis le récit de
l'institution de l'Eucharistie; de son côté, S. Jean rapporte les paroles de
Jésus dans la synagogue de Capharnaüm, paroles qui préparent l'institution de
l'Eucharistie: Le Christ se désigne comme le pain de vie, descendu du ciel (cf.
Jn 6 ).

1339 Jésus a choisi le temps de la Pâque pour accomplir ce qu'il avait annoncé
à Capharnaüm: donner à ses disciples son Corps et son Sang:

Vint le jour des Azymes, où l'on devait immoler la pâque. (Jésus) envoya alors
Pierre et Jean: 'Allez dit-il, nous préparer la Pâque, que nous la mangions'...
Ils s'en allèrent donc ... et préparèrent la Pâque. L'heure venue, il se mit à
table avec ses apôtres et leur dit: 'J'ai désiré avec ardeur manger cette pâque
avec vous avant de souffrir; car je vous le dis, je ne la mangerai jamais plus
jusqu'à ce qu'elle s'accomplisse dans le Royaume de Dieu' ... Puis, prenant du
pain et rendant grâces, il le rompit et le leur donna, en disant: 'Ceci est mon
Corps, qui va être donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi'. Il fit de
même pour la coupe après le repas, disant: ''Cette coupe est la nouvelle
Alliance en mon Sang, qui va être versé pour vous' ( Lc 22,7-20 cf. Mt
26,17-29; Mc 14,12-25; 1Co 11,23-26 ).

1340 En célébrant la dernière Cène avec ses apôtres au cours du repas pascal,
Jésus a donné son sens définitif à la pâque juive. En effet, le passage de
Jésus à son Père par sa mort et sa résurrection, la Pâque nouvelle, est
anticipée dans la Cène et célébrée dans l'Eucharistie qui accomplit la pâque
juive et anticipe la pâque finale de l'Eglise dans la gloire du Royaume.


"Faites ceci en mémoire de moi"
1341 Le commandement de Jésus de répéter ses gestes et ses paroles "jusqu'à ce
qu'il vienne", ne demande pas seulement de se souvenir de Jésus et de ce qu'il a
fait. Il vise la célébration liturgique, par les apôtres et leurs successeurs,
du mémorial du Christ, de sa vie, de sa mort, de sa résurrection et de son
intercession auprès du Père.

1342 Dès le commencement l'Eglise a été fidèle à l'ordre du Seigneur. De
l'Eglise de Jérusalem il est dit:

Ils se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion
fraternelle, à la fraction du pain et aux prières... Jour après jour, d'un seul
coeur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs
maisons, prenant leur nourriture avec joie et simplicité de coeur ( Ac 2,42; Ac
2,46 ).

1343 C'était surtout "le premier jour de la semaine", c'est-à-dire le jour du
dimanche, le jour de la résurrection de Jésus, que les chrétiens se
réunissaient "pour rompre le pain" ( Ac 20,7 ). Depuis ces temps-là jusqu'à nos
jours la célébration de l'Eucharistie s'est perpétuée, de sorte qu'aujourd'hui
nous la rencontrons partout dans l'Eglise, avec la même structure fondamentale.
Elle demeure le centre de la vie de l'Eglise.

1344 Ainsi, de célébration en célébration, annonçant le mystère pascal de
Jésus "jusqu'à ce qu'Il vienne" ( 1Co 11,26 ), le peuple de Dieu en pèlerinage
"s'avance par la porte étroite de la Croix" ( AGD 1 ) vers le banquet céleste,
quand tous les élus s'assiéront à la table du Royaume.

1356 Si les chrétiens célèbrent l'Eucharistie depuis les origines, et sous une
forme qui, dans sa substance, n'a pas changé à travers la grande diversité des
âges et des liturgies, c'est parce que nous nous savons liés par l'ordre du
Seigneur, donné la veille de sa passion: "faites ceci en mémoire de moi" ( 1Co
11,24-25 ).

1357 Cet ordre du Seigneur, nous l'accomplissons en célébrant le mémorial de
son sacrifice . Ce faisant, nous offrons au Père ce qu'il nous a Lui-même
donné: les dons de sa création, le pain et le vin, devenus, par la puissance de
l'Esprit Saint et par les paroles du Christ, le Corps et le Sang du Christ: le
Christ est ainsi rendu réellement et mystérieusement présent.
1358
Il nous faut donc considérer l'Eucharistie:
- comme action de grâce et louange au Père,
- comme mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps,
- comme présence du Christ par la puissance de sa Parole et de son Esprit.


L'action de grâce et la louange au Père
1359 L'Eucharistie, sacrement de notre salut accompli par le Christ sur la
croix, est aussi un sacrifice de louange en action de grâce pour l'oeuvrre de
la création. Dans le sacrifice eucharistique, toute la création aimée par Dieu
est présentée au Père à travers la mort et la résurrection du Christ. Par le
Christ, l'Eglise peut offrir le sacrifice de louange en action de grâce pour
tout ce que Dieu a fait de bon, de beau et de juste dans la création et dans
l'humanité.

1360 L'Eucharistie est un sacrifice d'action de grâce au Père, une bénédiction
par laquelle l'Eglise exprime sa reconnaissance à Dieu pour tous ses bienfaits,
pour tout ce qu'il a accompli par la création, la rédemption et la
sanctification. Eucharistie signifie d'abord: action de grâce.

1361 L'Eucharistie est aussi le sacrifice de louange, par lequel l'Eglise
chante la gloire de Dieu au nom de toute la création. Ce sacrifice de louange
n'est possible qu'à travers le Christ: Il unit les fidèles à sa personne, à sa
louange et à son intercession, en sorte que le sacrifice de louange au Père est
offert par le Christ et avec lui pour être accepté en lui.


Le mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps, l'Eglise
1362 L'Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ, l'actualisation et
l'offrande sacramentelle de son unique sacrifice, dans la liturgie de l'Eglise
qui est son Corps. Dans toutes les prières eucharistiques nous trouvons, après
les paroles de l'institution, une prière appellée anamnèse ou mémorial.

1363 Dans le sens de l'Ecriture Sainte le mémorial n'est pas seulement le
souvenir des événements du passé, mais la proclamation des merveilles que Dieu
a accomplies pour les hommes (cf. Ex 13,3 ). Dans la célébration liturgique de
ces événements, ils deviennent d'une certaine façon présents et actuels. C'est
de cette manière qu'Israël comprend sa libération d'Egypte: chaque fois qu'est
célébrée la pâque, les événements de l'Exode sont rendus présents à la mémoire
des croyants afin qu'ils y conforment leur vie.

1364 Le mémorial reçoit un sens nouveau dans le Nouveau Testament. Quand
l'Eglise célèbre l'Eucharistie, elle fait mémoire de la Pâque du Christ, et
celle-ci devient présente: le sacrifice que le Christ a offert une fois pour
toutes sur la Croix demeure toujours actuel (cf. He 7,25-27 ): "Toutes les fois
que le sacrifice de la croix par lequel le Christ notre pâque a été immolé se
célèbre sur l'autel, l'oeuvre de notre rédemption s'opère" ( LG 3 ).

1365 Parce qu'elle est mémorial de la Pâque du Christ, l'Eucharistie est aussi
un sacrifice. Le caractère sacrificiel de l'Eucharistie est manifesté dans les
paroles mêmes de l'institution: "Ceci est mon Corps qui va être donné pour
vous" et "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon Sang, qui va être versé
pour vous" ( Lc 22,19-20 ). Dans l'Eucharistie le Christ donne ce corps même
qu'il a livré pour nous sur la croix, le sang même qu'il a "répandu pour une
multitude en rémission des péchés" ( Mt 26,28 ).

1366 L'Eucharistie est donc un sacrifice parce qu'elle représente (rend
présent) le sacrifice de la croix, parce qu'elle en est le mémorial et parce
qu'elle en applique le fruit:

(Le Christ) notre Dieu et Seigneur, s'offrit lui-même à Dieu le Père une fois
pour toutes, mourant en intercesseur sur l'autel de la Croix, afin de réaliser
pour eux (les hommes) une rédemption éternelle. Cependant, comme sa mort ne
devait pas mettre fin à son sacerdoce ( He 7,24; He 7,27 ), à la dernière Cène,
"la nuit où il fut livré" ( 1Co 11,13 ), il voulait laisser à l'Eglise, son
épouse bien-aimée, un sacrifice visible (comme le réclame la nature humaine),
où serait représenté le sacrifice sanglant qui allait s'accomplir une unique
fois sur la croix, dont la mémoire se perpétuerait jusqu'à la fin des siècles (
1Co 11,23 ) et dont la vertu salutaire s'appliquerait à la rédemption des péchés
que nous commettons chaque jour (Cc. Trente: DS 1740 ).

1367 Le sacrifice du Christ et le sacrifice de l'Eucharistie sont un unique
sacrifice: "C'est une seule et même victime, c'est le même qui offre maintenant
par le ministère des prêtres, qui s'est offert lui-même alors sur la Croix.
Seule la manière d'offrir diffère" (Cc. Trente, sess. 22a, Doctrina de ss.
Missae sacrificio, c. 2: DS 1743 ). "Et puisque dans ce divin sacrifice qui
s'accomplit à la messe, ce même Christ, qui s'est offert lui-même une fois de
manière sanglante sur l'autel de la Croix, est contenu et immolé de manière non
sanglante, ce sacrifice est vraiment propitiatoire" (ibid.).

1368 L'Eucharistie est également le sacrifice de l'Eglise. L'Eglise, qui est
le Corps du Christ, participe à l'offrande de son Chef. Avec Lui, elle est
offerte elle-même tout entière. Elle s'unit à son intercession auprès du Père
pour tous les hommes. Dans l'Eucharistie, le sacrifice du Christ devient aussi
le sacrifice des membres de son Corps. La vie des fidèles, leur louange, leur
souffrance, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du Christ et à sa
totale offrande, et acquièrent ainsi une valeur nouvelle. Le sacrifice du
Christ présent sur l'autel donne à toutes les générations de chrétiens la
possibilité d'être unis à son offrande.

Dans les catacombes, l'Eglise est souvent représentée comme une femme en
prière, les bras largement ouverts en attitude d'orante. Comme le Christ qui a
étendu les bras sur la croix, par lui, avec lui et en lui, elle s'offre et
intercède pour tous les hommes.

Dois-je me confesser à nouveau ?

Baptisé, m'étant détourné de l'Eglise pendant des années, je me suis converti de tout mon cœur et, après de longs mois d'hésitation, j'ai décidé de me confesser. Hier soir, j'ai assisté à une journée de pardon dans une paroisse. J'ai pu me confesser pour la première fois de ma vie de mes fautes passées... Je suis très content de l'écoute et des paroles prononcé par le prêtre.
Cependant je me demande si j'ai vraiment participé au Sacrement de réconciliation et reçu l'absolution de mes pêchés. Qu'en est il selon vous?

Cela est important pour moi, car je ne communie plus et me suis promis de communier à nouveau uniquement quand j'aurais reçu l'absolution.

Dois je me confesser à nouveau?
Merci de votre aide,


Je n'ai aucun doute que vous ayez reçu l'absolution et le pardon de Dieu.
Oui, il faut aller communier comme pour sceller ce retour vers le Seigneur.
Oui, il faudra aussi vous confesser de nouveau... A moins que vous ne soyiez
devenu un saint... Pour ma part, j'ai régulièrement recours à ce sacrement...
Parce que, bien que convertit, je reste et demeure un pécheur, en chemin vers
le Seigneur. J'imagine que ce sera la même chose pour vous, puisque c'est le
lot de tous les chrétiens et de tous les saints. Plus ils s'approchaient du
Seigneur, plus ils se rendaient compte de leur pauvreté et de leur indignité,
en même temps que de l'immense amour du Seigneur à leur égard.

Ne cessez surtout pas de vous confesser. Retournez à la source.

P. Pierre Deprecq

Ci-joint ce que le Pape Benoit XVI disait il y a quelques mois à des enfants.

Livia: "Saint-Père, avant le jour de ma Première Communion, je me suis
confessée. Je me suis ensuite confessée d'autres fois. Mais je voudrais te
demander: dois-je me confesser toutes les fois que je fais la Communion? Même
lorsque j'ai fait les mêmes péchés? Car je me rends compte qu'il s'agit
toujours des mêmes".

Je dirais deux choses: la première, naturellement, est que tu ne dois pas
toujours te confesser avant la Communion, si tu n'a pas fait de péchés graves
au point de devoir les confesser. Il n'est donc pas nécessaire de se confesser
avant chaque Communion eucharistique. Voilà le premier point. Cela est
seulement nécessaire dans le cas où tu as commis un péché réellement grave, où
tu as profondément offensé Jésus, si bien que l'amitié est interrompue et que
tu dois recommencer à nouveau. Ce n'est que dans ce cas, lorsqu'on est en état
de "péché mortel", c'est-à-dire grave, qu'il est nécessaire de se confesser
avant de faire la Communion. Voilà le premier point. Le deuxième: même si,
comme je l'ai dit, il n'est pas nécessaire de se confesser avant chaque
Communion, il est utile de se confesser avec une certaine régularité. Il est
vrai que nos péchés sont généralement toujours les mêmes, mais nous nettoyons
bien nos maisons, nos chambres, au moins chaque semaine, même si la saleté est
toujours la même. Pour vivre dans la propreté, pour recommencer; autrement, la
saleté ne se voit peut-être pas, mais elle s'accumule. Un processus semblable
est également vrai pour l'âme, pour moi-même, si je ne me confesse jamais,
l'âme est négligée et, à la fin, je suis toujours content de moi et je ne
comprends plus que je dois aussi faire des efforts pour devenir meilleur, que
je dois aller de l'avant. Et ce nettoyage de l'âme, que Jésus nous donne dans
le Sacrement de la Confession, nous aide à avoir une conscience plus nette,
plus ouverte et, aussi, à mûrir spirituellement en tant que personne humaine.
Il y a donc deux choses: se confesser n'est nécessaire qu'en cas d'un péché
grave, mais il est très utile de se confesser régulièrement pour cultiver la
propreté, la beauté de l'âme et mûrir peu à peu dans la vie.

Comment aider les fidèles à entrer dans l'adoration ?

Soyez sans crainte, c'est un prêtre qui vous soumet une question à son frère mieux informé. Lors de l'adoration eucharistique pour mieux signifier que celle ci s'origine à la célébration et renvoie à la célébration... ne croyez vous pas qu'il serait opportun de placer sur l'autel ou dans son environnement, assez prêt de "l'ostensoir", le livre de la Parole et un calice vide et la patène ?

Si je suis persuadé qu'il faut trouver des moyens pédagogiques et pastoraux pour
aider le peuple chrétien à ne pas séparer l'adoration eucharistique de sa
célébration, je ne suis pas sure que les moyens que vous proposiez soient les
meilleurs.

Il est certainement bon de lire ou de relire ce qui est écrit dans le "rituel
pour l'eucharistie en dehors de la messe" qui fait des propositions et son
commentaire autorisé publié récemment par le CNPL dans un nouveau guide
célébrer dont je vous recommande aussi la lecture.

Je vous donne ci-après un texte du Père Prétot, écrit récemment et qui donne
quelques rappels historiques et théologiques. A méditer aussi.
Bien à vous.

P. Pierre Deprecq

"Communion et adoration eucharistique", Guide pastoral du rituel de
l'eucharistie en dehors de la messe

Ce guide est publié par les Editions du Cerf, et vendu au prix de 12 €.

Si la célébration de l'eucharistie est le centre de toute la vie chrétienne
tant pour l'Eglise universelle que pour les communautés locales, selon
l'enseignement du concile Vatican II, il faut en tirer deux conséquences : tout
ne se limite pas à elle, puisque si elle en est le centre elle n'en est pas le
tout; elle doit avoir des prolongements dans les divers aspects de la vie
ecclésiale.

C'est dans cette perspective que ce Guide Célébrer aborde les pratiques
eucharistiques qui découlent directement de la célébration de la messe, et qui
se développent en dehors de celle-ci. Cela concerne essentiellement les
pratiques de communion et d'adoration: communion portée aux malades ou aux
absents, communion en viatique; adoration, exposition et procession du
Saint-Sacrement.

Dnas un langage simple et concret, ce guide aborde les fondements du culte
eucharistique, d'abord dans la messe, puis dans ses prolongements en dehors de
la messe (1ère partie), avant de traiter des questions concrètes et pratiques
d'un point de vue essentielelemnt pastoral (2ème partie) dans la communion et
l'adoration.

Ce Guide Célébrer est un véritable outil de réflexion et de formation,
complément des précédents (Guide célébrer n°6 «59 questions sur l'eucharistie»;
n° 9 et 10 «L'art de Célébrer»), et constitue un guide pastoral pour
l'utilisation du Rituel de l'eucharistie en dehors de la messe (Ed. CLD, 1983)
trop peu connu.

SOMMAIRE

Introduction

Première partie
Fondements
1. Le caractère central de l'eucharistie dans la vie chrétienne
2. Une messe adorable
3. Proposer la foi en la présence réelle : une approche
4. Les ministres de l'eucharistie
5. Le culte eucharistique en dehors de la messe : un peu d'histoire
6. Communion et dévotion


Deuxième partie
Propositions pastorales
7. La dimension ecclésiale de la communion
8. La pastorale de la communion des malades
9. Célébrer la communion portée aux malades
10. Le viatique
11. Communion communautaire, en dehors de la messe
12. Le culte eucharistique en dehors de la messe : l'intelligence qu'en donne le
Rituel
13. Les différentes formes de culte à rendre à l'eucharistie
14. le lien entre la célébration de la messe et l'exposition du Saint-Sacrement
15. Le lieu de la réserve : aménagement et disposition des lieux



ANNEXES
I : Chants pour l'adoration eucharistique
II : A propos de la communion aux ADAP
III : Déroulement type d'une ADAP
IV : Adoration eucharistique : trois propositions



INDEX THEMATIQUE

Sur l’adoration eucharistique

Le Fr Patrick Prétot, osb, directeur de l'Institut Supérieur de Liturgie de
l'Institut Catholique de Paris propose un exposé des repères docrinaux et
liturgiques à propos de l'Adoration Eucharistique.

Paris, 29 janvier 2005

Sur l’adoration eucharistique quelques propositions

Je m’adresse à des formateurs dans un exercice de discernement : il s’agit
d’aider les jeunes qui partiront pour les JMJ de Cologne à se situer dans la
foi de l’Eglise en se souvenant de l’adage Lex orandi, lex credendi : l’Eglise
croit comme elle prie. Le présent exposé cherchera donc à fournir des repères à
la fois doctrinaux et liturgiques pour une pratique qui connaît aujourd'hui,
notamment chez les plus jeunes, un attrait certain. Il n’est pas dans mon
projet de faire une analyse de type sociologique des motivations profondes qui
conduisent à ces retrouvailles. Toutefois, il me paraît essentiel de dire
d’emblée qu’à mes yeux, cette question est liée étroitement à deux questions
que l’on peut désigner comme touchant à la vie spirituelle.
En premier lieu, il n’est pas facile de tenir en silence. La contemplation de
l’hostie est, pour beaucoup, certainement une aide pour entrer dans la prière
silencieuse. En second lieu, il est encore plus difficile d’entrer en prière,
c’est-à-dire d’entrer dans une relation vivante avec un Dieu personnel. La
sensibilité des plus jeunes à ce que l’on appelle en théologie catholique la «
présence réelle », c’est-à-dire la présence du Seigneur sous les espèces
consacrées, est certainement liée à la soif de la prière qui habite nos
contemporains et en même temps, au défi de la foi dans le monde contemporain.
Car dans un monde paradoxal où le pluralisme religieux et l’indifférence
religieuse semblent faire corps pour rendre particulièrement rude le combat
spirituel, l’adoration eucharistique se présente comme une voie de grande
richesse pour nourrir la vie spirituelle.
Mgr Jacques Perrier, évêque de Lourdes, a sur ce point parfaitement mis en
lumière la question en écrivant : « L'adoration eucharistique me semble
aujourd'hui opportune pour caractériser la spiritualité proprement chrétienne.
La prière chrétienne est sous le signe du dialogue, du face-à-face, de
l'alliance. L'union n'est pas l'anéantissement du croyant. Le voyage vers
l'intérieur n'est pas la recherche des énergies spirituelles qu'il suffirait de
libérer. Or nous savons la séduction de ces méthodes d'intériorité, plus
psychologiques que proprement religieuses. L'adoration eucharistique n'est pas
la panacée. Elle comporte sûrement ses dangers, du moins ses limites. Mais elle
est une piste praticable, en particulier par les jeunes et tant de gens qui
disent "ne pas savoir prier". Ne nous en privons pas. Ne les en privons pas. »
C’est donc parce que l’adoration eucharistique est une voie privilégiée pour un
renouveau spirituel aujourd'hui, qu’il est essentiel d’en mesurer les risques
et les chances, mais aussi d’en favoriser une pratique à la fois pertinente et
bien située dans la tradition de l’Eglise.

1.- Un renouveau appuyé par le magistère
Le magistère romain dans les dernières années, notamment le Pape Jean Paul II
dans sa dernière encyclique Ecclesia de Eucharistia (17 avril, Jeudi Saint
2003) , mais aussi déjà Paul VI dans Mysterium fidei (3 septembre 1965) , a
rappelé avec insistance
l’importance et la valeur de la dévotion eucharistique.
Dans l’histoire, depuis le Moyen Age et le Concile de Trente, la place de la
dévotion au Saint Sacrement n’a pas toujours été identique : il y a
semble-t-il, des moments forts et d’autres qui le sont moins. On peut
considérer dans les périodes de forte « dévotion eucharistique » la deuxième
moitié du XVIIe et la première du XVIIIe mais aussi la seconde partie du XIXe
siècle et la première du XXe siècle, et ceci vaut non seulement pour
l’adoration eucharistique mais pour l’ensemble du culte du Saint Sacrement. A
l’époque contemporaine, après un temps de reflux assez net dans les années
1960-1980, ces pratiques ont été remises en avant, à partir des années 80-90,
en partie sous l’impulsion des communautés nouvelles. Elles connaissent
aujourd'hui un large développement incluant les paroisses et touchent fortement
les couches les plus jeunes des communautés chrétiennes, y compris parfois les
enfants. Nous sommes donc peut être entrés dans un de ces temps forts de la
dévotion eucharistique qui revient au long de l’histoire.
Jean Paul II, Encyclique Ecclesia de Eucharistia, Jeudi Saint, 17 avril 2003,
n.25 : « Le culte rendu à l'Eucharistie en dehors de la Messe est d'une valeur
inestimable dans la vie de l'Église. Ce culte est étroitement uni à la
célébration du Sacrifice eucharistique.
La présence du Christ sous les saintes espèces conservées après la Messe –
présence qui dure tant que subsistent les espèces du pain et du vin – découle
de la célébration du Sacrifice et tend à la communion sacramentelle et
spirituelle . Il revient aux pasteurs d'encourager, y compris par leur
témoignage personnel, le culte eucharistique, particulièrement les expositions
du Saint-Sacrement, de même que l'adoration devant le Christ présent sous les
espèces eucharistiques ». Il est bon de s'entretenir avec Lui et, penchés sur
sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf. Jn 13, 25), d'être touchés par
l'amour infini de son coeur. Si, à notre époque, le christianisme doit se
distinguer surtout par « l'art de la prière » , comment ne pas ressentir le
besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en
adoration silencieuse, en attitude d'amour, devant le Christ présent dans le
Saint- Sacrement ? Bien des fois, chers Frères et Soeurs, j'ai fait cette
expérience et j'en ai reçu force, consolation et soutien !

De nombreux saints nous ont donné l'exemple de cette pratique maintes fois louée
et recommandée par le Magistère . (…) L'Eucharistie est un trésor inestimable:
la célébrer, mais aussi rester en adoration devant elle en dehors de la Messe
permet de puiser à la source même de la grâce. Paul VI, (Encyclique Mysterium
fidei, 3 septembre 1965) Ce culte d’adoration dû au sacrement de l’Eucharistie,
l’Eglise l’a exprimé et continue de l’exprimer non seulement durant la messe
mais aussi en dehors de cette célébration ; elle conserve avec le plus grand
soin les hosties consacrées, les présente aux fidèles pour qu’ils les vénèrent
avec solennité et les porte en procession pour la joie des foules nombreuses.
63 De cette foi unique est née également la Fête-Dieu ; (…). 64 C’est pourquoi,
vénérables frères, Nous vous prions (…) de ne pas ménager les paroles et les
efforts pour promouvoir le culte eucharistique vers lequel, en définitive,
doivent converger toutes les autres formes de piété. 66 Que chaque jour, comme
c’est à souhaiter, les fidèles participent, nombreux et activement au sacrifice
de la messe, qu’ils se nourrissent de la sainte communion avec un coeur pur et
saint, et qu’ils rendent grâces au Christ notre Seigneur pour un si grand
bienfait. (…) De plus, que les fidèles ne négligent point au cours de la
journée de rendre visite au Saint-Sacrement qui doit être conservé dans les
églises en un endroit très digne, avec le plus d’honneur possible, selon les
lois liturgiques ; car la visite est envers le Christ notre Seigneur, présent
dans ce sacrement, une marque de gratitude, un gage d’amour et un hommage de
l’adoration qui lui est due. 67 Chacun comprend que la divine Eucharistie
confère au peuple chrétien une dignité incomparable. Car non seulement durant
l’oblation du sacrifice et quand se fait le sacrement, mais encore après, tant
que l’Eucharistie est gardée dans les églises et oratoires, le Christ est
vraiment l’Emmanuel, « Dieu avec nous ». Car jour et nuit, il est au milieu de
nous et habite avec nous, plein de grâce et de vérité (Jean 1, 14) ; il
restaure les moeurs, nourrit les vertus, console les affligés, fortifie les
faibles et invite instamment à l’imiter tous ceux qui s'approchent de lui, afin
qu’à son exemple ils apprennent à être doux et humbles de coeur, à chercher non
leurs propres intérêts, mais ceux de Dieu. Ainsi quiconque entoure le vénérable
sacrement d’une dévotion spéciale, et tâche d’aimer d’un coeur disponible et
généreux le Christ qui nous aime infiniment, éprouve et comprend pleinement,
avec beaucoup de joie intérieure et de fruit, le prix de la vie cachée avec le
Christ en Dieu (Col. 3, 3); il sait combien il est précieux de s’entretenir
avec le Christ, car il n’est sur terre rien de plus doux, rien de plus apte à
faire avancer dans les voies de la sainteté. 68 Vous savez aussi, vénérables
frères, que l’Eucharistie est gardée dans les églises et les oratoires comme le
centre spirituel de la communauté religieuse ou paroissiale, et même de l’Eglise
universelle et de l’humanité entière, car sous le voile des saintes espèces elle
contient le Christ, chef invisible de l’Eglise, rédempteur du monde, centre de
tous les coeurs, « par qui tout existe et par qui nous sommes (1 Cor. 8, 6) »
69 Par suite, le culte eucharistique porte avec force à développer l’amour «
social »; animés par cet amour, nous préférons le bien commun au bien
particulier, faisons nôtre la cause de la communauté, de la paroisse, de
l’Eglise universelle, et étendons la charité au monde entier, sachant que
partout il y a des membres du Christ.

2.- Un marqueur de sensibilités dans l’Eglise
La dévotion eucharistique est parfois perçue comme un marqueur de sensibilités à
l’intérieur du catholicisme français. Il y a ceux qui sont très favorables,
voire militants avec une sensibilité si vive à l’égard de l’adoration
eucharistique qu’ils semblent lui attribuer une importance plus grande que la
célébration elle-même. Il y a aussi ceux qui sont plus réservés et qui le
manifestent en invoquant le fait que le Christ a commandé de célébrer
l’Eucharistie (« Faites ceci en mémoire de moi ») et de communier (« prenez et
mangez… prenez et buvez ») mais qu’il n’a pas commandé d’adorer . Il y a aussi
un bon nombre qui n’ont qu’une pratique limitée en ce domaine, ou qui ne
connaissent ou ne comprennent pas bien ce que cela signifie. Ces différences de
sensibilité affectent les communautés chrétiennes : elles tiennent parfois aux
itinéraires et aux appartenances, mais aussi aux expériences faites et bien
souvent aux appartenances générationnelles. Il n’est pas toujours facile de se
comprendre et il est important de ne pas soupçonner a priori les différentes
attitudes sur ce point, de percevoir la pratique de l’autre comme une
déviation.

3.- Le discernement opéré par le Mouvement Liturgique et le Concile Vatican II
Les acteurs du Mouvement Liturgique, depuis la deuxième guerre mondiale
notamment, ont été globalement en retrait envers les manifestations de dévotion
eucharistique. Cette réserve s’explique avant tout par leur combat en faveur de
la « participation active » inspiré par le Pape saint Pie X (Motu proprio sur
la musique liturgique de 1903), repris par les papes Pie XI et surtout Pie XII
(Encyclique Mediator Dei, 1947) et qui a conduit à son affirmation solennelle
par le Concile Vatican II comme un principe fondateur de toute vie liturgique :
« La Mère Eglise désire fortement que tous les fidèles soient amenés à cette
participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui
est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu du
baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, "race élue,
sacerdoce royal, nation sainte, peuple que Dieu s’est acquis" (1P 2,9 ; cf.
2,4-5). Cette participation pleine et active de tout le peuple doit être
recherchée avec le plus grand soin dans l’oeuvre visant à restaurer et à
promouvoir la liturgie : elle est en effet la source première et en même temps
indispensable à laquelle les fidèles doivent puiser un esprit vraiment chrétien
; et c’est pourquoi les pasteurs d’âmes doivent chercher avec soin à l’atteindre
dans toute leur action pastorale, par la formation qui convient » (Vatican II,
Constitution sur la liturgie, n. 14)
De ce principe le Concile Vatican II tirait les conséquences à propos de la
célébration eucharistique en disant :
« L’Eglise s’applique avec un soin attentif à ce que les fidèles n'assistent pas
à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le
comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent consciemment,
pieusement et activement à l'action sacrée, se laissent instruire par la Parole
de Dieu, refassent leurs forces à la table du Corps du Seigneur, rendent grâces
à Dieu, et qu’offrant la victime sans tache non seulement par les mains du
prêtre, mais aussi en union avec lui, ils apprennent ainsi à s’offrir eux-mêmes
et soient conduits de jour en jour, par le Christ médiateur, à la perfection de
l’unité avec Dieu et de l’unité entre eux, pour que finalement Dieu soit tout
en tous » (Vatican II, Constitution sur la liturgie, n. 48) .
Le primat accordé, à juste titre, à la célébration communautaire de
l’Eucharistie conduisait certains à considérer que les manifestations de
dévotion risquaient de détourner les fidèles de cette « participation active »
aux célébrations en les enfermant dans une forme de piété individuelle au
détriment de la dimension ecclésiale de la vie liturgique.
Plus encore, l’adoration risquait d’installer dans une vision quelque peu
déséquilibrée du mystère eucharistique en mettant, de manière unilatérale,
l’accent sur la présence du Seigneur (ce que l’on appelle « présence réelle »
en théologie catholique) alors que la lex orandi – la loi de la prière,
c’est-à-dire ce que fait l’Eglise lorsqu’elle célèbre l’Eucharistie – met en
lumière le mémorial pascal par lequel nous offrons à Dieu le Père le sacrifice
du Christ, qui est en même temps le sacrifice d’action de grâces de l’Eglise,
et qui trouve son accomplissement dans la communion, source de notre unité.
C’est ce qu’exprime si bien la Prière eucharistique : « Faisant ici mémoire de
la mort et de la résurrection de ton Fils, nous t’offrons, Seigneur, le pain de
la vie et la coupe du salut, et nous te rendons grâce, car tu nous as choisis
pour servir en ta présence. Humblement, nous te demandons qu’en ayant part au
corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un
seul corps » (Prière eucharistique n. 2).
Pour certains liturgistes, l’adoration risquait donc de détourner les fidèles
d’une conception authentique de l’Eucharistie qui s’exprime dans la célébration
elle-même. Certains ont sans doute pensé que les retrouvailles avec la
participation active allaient faire tomber en désuétude des pratiques
dévotionnelles de leur jeunesse qu’ils avaient trouvées envahissantes et qui
semblaient en concurrence avec une vie liturgique déployée dans toute sa
plénitude .
L’adoration pouvait conduire également à des représentations faussées de la
présence réelle car la présence du Seigneur dans l’Eucharistie est une présence
dynamique, inséparable du geste par lequel le Christ se donne pour le salut du
monde : « L'Église a reçu l'Eucharistie du Christ son Seigneur non comme un
don, pour précieux qu'il soit parmi bien d'autres, mais comme le don par
excellence, car il est le don de lui-même, de sa personne dans sa sainte
humanité, et de son oeuvre de salut. Celle-ci ne reste pas enfermée dans le
passé, puisque “tout ce que le Christ est, et tout ce qu'il a fait et souffert
pour tous les hommes, participe de l'éternité divine et surplombe ainsi tous
les temps...” » .

On le voit, le Mouvement Liturgique du XXe siècle et le Concile Vatican II ont
exercé un véritable discernement théologique sur cette pratique et cela pour
préserver la foi en la présence du Seigneur sous les saintes espèces de toute
forme de déviation. On peut noter que la Constitution sur la sainte liturgie du
Concile Vatican II ne parle pas de l’adoration eucharistique, et cela même dans
le chapitre II consacré au mystère de l’Eucharistie. Mais elle est comprise
dans l’évocation générale des « pieux exercices » (SC 12 et 13), c’est-à-dire
des diverses manifestations de piété. Le n. 48 de la Constitution, cité
ci-dessus, est significatif car pour promouvoir la participation active à
l’action sacrée (sacram actionem conscie, pie et actuose participent), il
évoque son contraire en parlant de « spectateurs étrangers et muets ».

Le n. 55 de la Constitution participe également de cette réserve puisqu’il «
recommande fortement » la communion sacramentelle présentée comme la « parfaite
participation à la messe » (perfectior Missae participatio). Cette
recommandation pouvait trouver un appui dans le combat du mouvement
eucharistique du début du XXe siècle (Dom Vandeur) en faveur de la communion
fréquente.
Nous devons donc sans cesse nous interroger sur nos pratiques. Car à chaque
époque, l’Eglise a accompagné l’efflorescence de la dévotion en jouant sur les
multiples palettes des interventions pastorales depuis les incitations et les
encouragements jusqu’aux
mises en garde contre certaines déviations en passant surtout par des
prescriptions assurant la rectitude des pratiques. Comme par le passé, il
convient encore aujourd'hui d’accompagner le mouvement actuel en n’oubliant pas
le grand travail de discernement
effectué par nos prédécesseurs.

4.- Des repères doctrinaux
Pour rappeler brièvement le cadre doctrinal de cette réflexion, il est
intéressant de relire la manière dont le Catéchisme de l’Eglise Catholique
traite de cette question à l’intérieur du chapitre sur l’Eucharistie.

41.- Les catégories fondamentales : Mémorial, offrande et présence
L’exposé sur l’Eucharistie commence par poser les grands axes :
- l’Eucharistie est présentée comme sacrement institué par le Christ : ce qui
assure la permanence de sa substance à travers la diversité de ses formes ;
1356 Si les chrétiens célèbrent l'Eucharistie depuis les origines, et sous une
forme qui, dans sa substance, n'a pas changé à travers la grande diversité des
âges et des liturgies, c'est parce que nous nous savons liés par l'ordre du
Seigneur, donné la veille de sa passion: "faites ceci en mémoire de moi" (1Co
11,24-25).

- l’Eucharistie est ensuite abordée à partir de trois catégories fondamentales :
mémorial, offrande et présence ;
1357 Cet ordre du Seigneur, nous l'accomplissons en célébrant le mémorial de son
sacrifice. Ce faisant, nous offrons au Père ce qu'il nous a Lui-même donné: les
dons de sa création, le pain et le vin, devenus, par la puissance de l'Esprit
Saint et par les paroles du Christ, le Corps et le Sang du Christ : le Christ
est ainsi rendu réellement et mystérieusement présent.

- et enfin ces trois catégories sont mises en relation avec la foi trinitaire ce
qui conduit à l’inversion de l’ordre des deux premières pour rejoindre la
dynamique même de la Prière Eucharistique ;

1358 Il nous faut donc considérer l'Eucharistie :
- comme action de grâce et louange au Père,
- comme mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps,
- comme présence du Christ par la puissance de sa Parole et de son Esprit.

C’est dans la partie « présence du Christ », le troisième aspect du
développement sur l’Eucharistie que vient la question du culte eucharistique,
mais le mouvement du texte est tel qu’on ne peut séparer l’aspect de présence
des deux autres aspects, l’action de grâce et la louange d’une part, le
mémorial sacrificiel d’autre part.

Devant le développement actuel de la dévotion au Saint-Sacrement, il convient
donc de ne pas laisser s’affaiblir le lien essentiel entre ces trois aspects.
On doit en particulier toujours se demander en quoi et comment telle forme du
culte de la présence réelle renvoie ou ne renvoie pas aux deux autres aspects
d’action de grâce et de louange au Père et mémorial sacrificiel du Christ et de
son Corps.

42.- Une mise en perspective des pratiques dévotionnelles dans leur rapport à la
liturgie.
Le culte de l’Eucharistie fait l’objet d’un développement où l’on peut relever
quatre points majeurs :

1) Pour le n. 1378, la première forme d’adoration eucharistique en tant
qu’expression de la foi en la présence réelle est dans la messe elle-même et
par les gestes liturgiques eux-mêmes.

1378 Le culte de l’Eucharistie. Dans la liturgie de la messe, nous exprimons
notre foi en la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin,
entre autres, en fléchissant les genoux, ou en nous inclinant profondément en
signe d’adoration du Seigneur. « L’Eglise catholique a rendu et continue de
rendre ce culte d’adoration qui est dû au sacrement de l’Eucharistie non
seulement durant la messe, mais aussi en dehors de sa célébration : en
conservant avec le plus grand soin les hosties consacrées, en les présentant
aux fidèles pour qu’ils les vénèrent avec solennité, en les portant en
procession » (MF 56).
On doit donc valoriser la dimension d’adoration des gestes liturgiques.
L’adoration eucharistique s’exprime par l’attitude dans la liturgie :
l’attention à l’action liturgique, le silence intérieur, la communion à la
prière eucharistique, tous ces éléments et d’autres
sont essentiels pour goûter la célébration de l’Eucharistie.
La citation de l’encyclique Mysterium fidei de Paul VI présente alors le culte
eucharistique comme une extension dévotionnelle de la célébration, ce que
souligne à sa manière le Pape Jean Paul II : « La présence du Christ sous les
saintes espèces conservées après
la Messe – présence qui dure tant que subsistent les espèces du pain et du vin
– découle de la célébration du Sacrifice et tend à la communion sacramentelle
et spirituelle » .

Ceci constitue un critère de discernement invitant à ne pas proposer cette
pratique à ceux qui, n’ayant pas encore participé à la table eucharistique,
(jeunes enfants ou catéchumènes), ne peuvent percevoir dans toute sa plénitude
ce mouvement qui va de la célébration à l’adoration en passant par la communion
sacramentelle. En effet, pour que la pratique de l’adoration eucharistique
demeure en lien étroit avec le mémorial d’action de grâces, les fidèles doivent
percevoir de manière claire la précédence du don fait par Jésus de sa propre vie
à laquelle répond la démarche d’adoration. Par ailleurs, ce culte prend des
formes diverses, non seulement l’adoration, mais aussi les processions
eucharistiques. Ceci invite à cultiver une diversité de pratiques et à bien
assurer le lien de ces pratiques à la célébration. Sur ce point notamment, il
est décisif de valoriser le lien entre l’adoration et l’autel comme lieu du
mémorial eucharistique. De même, il convient de ne pas laisser s’effacer le
lien entre le culte eucharistique et le ministère ordonné, puisque « dans
l'économie du salut voulue par le Christ, le ministère des prêtres qui ont reçu
le sacrement de l'Ordre manifeste que l'Eucharistie qu'ils célèbrent est un don
qui dépasse radicalement le pouvoir de l'assemblée et qui demeure en toute
hypothèse irremplaçable pour relier validement la consécration eucharistique au
sacrifice de la Croix et à la dernière Cène » .

2) Le n. 1379 apparaît comme une sorte de prise de distance à l’égard de la
notion même de culte en insistant sur le motif qui a conduit l’Eglise à
conserver les espèces consacrées, en l’occurrence, la communion aux malades et
aux absents.

1379 La sainte réserve (tabernacle) était d'abord destinée à garder dignement
l'Eucharistie pour qu'elle puisse être portée aux malades et aux absents en
dehors de la messe. Par l'approfondissement de la foi en la présence réelle du
Christ dans son Eucharistie, l'Eglise a pris conscience du sens de l'adoration
silencieuse du Seigneur présent sous les espèces eucharistiques. C'est pour
cela que le tabernacle doit être placé à un endroit particulièrement digne de
l'église; il doit être construit de telle façon qu'il souligne et manifeste la
vérité de la présence réelle du Christ dans le saint sacrement.

Ceci induit le rapport essentiel entre ce culte et la dimension communautaire
mais aussi celle du service et de la charité envers les pauvres. On sait
combien cet aspect fut souvent au coeur des confréries du Saint-Sacrement ou
des mouvements de charité du XIXe comme par exemple dans les conférences Saint
Vincent de Paul fondées par Frédéric Ozanam. Ce critère du lien entre adoration
et charité est un critère permanent.

3) Le n. 1380 justifie le culte eucharistique à partir de l’offrande même du
Christ pour les siens ce qui est une manière de situer l’adoration
eucharistique comme réponse au don d’une présence et non comme un vis-à-vis
spéculaire qui pourrait prendre une forme subtile d’idolâtrie d’autant plus
délicate à mettre à jour qu’elle a toutes les apparences de la piété.

1380 Il est hautement convenable que le Christ ait voulu rester présent à son
Eglise de cette façon unique. Puisque le Christ allait quitter les siens sous
sa forme visible, il voulait nous donner sa présence sacramentelle ; puisqu'il
allait s'offrir sur la Croix pour nous sauver, il voulait que nous ayons le
mémorial de l'amour dont il nous a aimés "jusqu'à la fin" (Jn 13,1), jusqu'au
don de sa vie. En effet, dans sa présence eucharistique il reste
mystérieusement au milieu de nous comme celui qui nous a aimés et qui s'est
livré pour nous (cf. Ga 2,20), et il le reste sous les signes qui expriment et
communiquent cet amour : L'Eglise et le monde ont un grand besoin du culte
eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement de l'amour. Ne refusons pas
le temps pour aller Le rencontrer dans l'adoration, dans la contemplation
pleine de foi et ouverte à réparer les fautes graves et les délits du monde.
Que ne cesse jamais notre adoration ! (Jean Paul II, Lettre Dominicæ cenæ 3).

On notera que la citation de la Lettre Dominicae Cenae, « Jésus nous attend dans
ce sacrement de l'amour. Ne refusons pas le temps pour aller Le rencontrer dans
l'adoration » comporte le verbe « attendre » appliqué à Jésus et « rencontrer »
appliqué cette fois au fidèle. Contre toute conception statique de l’adoration,
ce jeu de langage inscrit une dynamique dont on pourrait manifester les
profonds enracinements évangéliques. Il est possible d’en tirer un critère de
discernement fondamental pour aujourd'hui : alors que nous sommes dans un monde
où l’attrait pour l’adoration eucharistique a peut-être son corollaire dans
l’extrême sensibilité à la question du mal et à l’absence de Dieu qu’elle
semble impliquer, il convient de valoriser que dans l’adoration, il s’agit
d’abord de nous rendre présents. Autrement dit l’adoration eucharistique est
une convocation.

4) Le n. 1381 en s’appuyant sur saint Thomas d’Aquin cité par le Pape Paul VI,
manifeste le lien intrinsèque entre le discernement de la présence réelle et
l’acte de foi.
1381 "La présence du véritable Corps du Christ et du véritable Sang du Christ
dans ce sacrement, 'on ne l'apprend point par les sens, dit saint Thomas, mais
par la foi seule, laquelle s'appuie sur l'autorité de Dieu'. C'est pourquoi,
commentant le texte de Lc 22,19 : 'Ceci est mon Corps qui sera livré pour
vous', saint Cyrille déclare: 'Ne va pas te demander si c'est vrai, mais
accueille plutôt avec foi les paroles du Seigneur, parce que lui, qui est la
Vérité, ne ment pas'" (Thomas d'A., IIIa, 75,1 cité par Paul VI, MF 18) :
Adoro te devote, latens Deitas, Quæ sub his figuris vere latitas: Tibi se cor
meum totum subjicit, Quia te contemplans totum deficit.
Visus, gustus, tactus in te fallitur, Sed auditu solo tuto creditur: Credo
quidquid dixit Dei Filius: Nil hoc Veritatis verbo verius.
On peut souligner que la référence à saint Thomas n’est pas sans signification :
comme l’a montré le P. Gy, la théologie thomiste est un effort théologique de
grande intensité et de grande portée métaphysique pour sortir d’une conception
dite parfois « réaliste » et qu’on peut qualifier de « matérialiste » de la
présence réelle . Ce lien entre l’acte de foi et la reconnaissance de la
présence réelle est de plus inséparable de la foi en la résurrection qui est la
pierre de touche de tout l’édifice comme le souligne le Pape Jean Paul II dans
Ecclesia de Eucharistia. En effet, la notion de « présence réelle » est liée
fondamentalement au mystère de la résurrection parce que « c’est en tant que
vivant et ressuscité que le Christ peut, dans l’Eucharistie, se faire “pain de
la vie” (Jn 6,35.48), “pain vivant” (Jn 6,51) » .
Il convient d’insister sur cet aspect qui constitue l’une des grandes
redécouvertes théologiques du XXe siècle . Car à travers cet enseignement, le
Pape permet à la théologie de la présence réelle, réaffirmée par Paul VI dans
Mysterium fidei , de se déployer dans son véritable lieu. La conversion
eucharistique dont le Concile de Trente affirme que la théologie de la
transsubstantiation traduit justement et exactement la portée , est inséparable
d’une vision unitaire du mystère pascal. Comme l’a souligné Bernard Sesboüé, «
Pâques est déjà mystère de parousie et l’eucharistie est sacrement de la
parousie, c'est-à-dire la parousie sacramentellement anticipée.
L’intelligibilité dernière de l’eucharistie vient de la fin. Cela a une
conséquence sur l’explication de la présence réelle, qui ne doit pas être
comprise comme un changement d’éléments situé dans la continuité de notre
espace-temps, mais comme « une présence qui vient de loin, qui vient de la fin
où le Christ a sa demeure permanente, d’où il rejoint l’Eglise terrestre » .
Dans un monde de la présence virtuelle généralisée, la question des
représentations de la présence – comment Jésus est-il dans le Saint-Sacrement ?
– n’est pas une question facile. Sur ce point, il convient de valoriser le lien
étroit établi par le Catéchisme au n.
1358 entre la présence du Christ dans l’Eucharistie d’une part et « la puissance
de sa Parole et de son Esprit » d’autre part. La perception de la nécessaire
dimension de foi dans la démarche de l’adoration eucharistique est étroitement
liée à une théologie conséquente de la présence du Christ dans sa Parole
conformément à SC 7, et à une pneumatologie conséquente. Car si le Christ se
rend présent à nous, c’est, depuis l’Ascension, toujours par son Esprit.
Le n. 1381 du Catéchisme, en appuyant sa démonstration sur une hymne liturgique
(le chant Adoro te devote) rappelle à sa manière, que la qualité des textes lus
ou chantés durant les temps d’adoration, mais aussi la place de la Parole de
Dieu dans cette démarche, constitue des lieux spécifiques où doit s’exercer une
véritable vigilance en ce domaine.
La suite du texte du Catéchisme revient à la messe elle-même en tant que banquet
pascal. On voit combien la considération de la présence réelle et le culte qui
s’y rattache est toujours liée étroitement à la célébration elle-même. Le culte
de la présence réel sera
donc d’autant plus fondé qu’il sera correctement situé dans l’ensemble de la vie
liturgique.

5.- Des repères pratiques
Parce que l’adoration eucharistique est une pratique à laquelle l’Eglise invite
les catholiques et parce qu’elle touche au sens du mystère eucharistique auquel
l’Eglise catholique attache la plus grande importance, l’Eglise a donné des
repères pour que cette pratique soit conforme à la foi. Ces repères ont fait
l’objet, dans le cadre de la réforme liturgique demandée par le Concile Vatican
II, de l’instruction Eucharisticum mysterium du 25 mai 1967 . A la suite de ce
texte, la Congrégation pour le culte divin a préparé une édition révisée du
Rituel de l’Eucharistie en dehors de la messe , un livre liturgique qui
concerne trois aspects de la vie chrétienne : la communion en dehors de la
messe (ch. 1er) ; la communion et le viatique portés au malade par un ministre
extraordinaire (ch. II) ; les différentes formes de culte à rendre à
l’Eucharistie (ch. III), ce dernier chapitre traitant de l’exposition de
l’Eucharistie, des processions et des congrès eucharistiques. Un chapitre IV
présente une série de lectures, de prières et de chants pour ces célébrations.
A propos de l’exposition de l’Eucharistie, on peut souligner que les notes
pastorales rappellent le principe fondamental suivant : « On veillera à ce que,
dans ces expositions, le culte rendu au Saint-Sacrement apparaisse clairement
dans la relation qui l’unit à la
Messe » (n. 82). C’est pourquoi, il est interdit de célébrer la Messe dans la
même nef de l’église, tant que dure l’exposition du Saint-Sacrement (n. 83).
On se bornera ici à souligner ce que le rituel prévoit durant le temps où le
Saint-Sacrement est exposé : il s’agit d’un véritable guide pour penser
l’animation d’un temps d’adoration.
« Pendant que le Saint-Sacrement demeure exposé, on organisera les prières, les
chants, les lectures de telle sorte que les fidèles, appliqués à la prière, ne
s’occupent que du Christ Seigneur.
Pour alimenter la prière profonde, on emploiera des lectures tirées de la sainte
Ecriture (cf. nn. 113-189) et accompagnées d’une homélie ou de brèves
exhortations, qui engagent à une meilleure appréciation du mystère
eucharistique. Il convient aussi que les fidèles répondent par le chant à la
parole de Dieu. Il est bon que l’on garde un silence sacré.
Devant le Saint-Sacrement longuement exposé, on peut encore célébrer une partie,
en particulier une heure principale, de la Liturgie des Heures. Celle-ci en
effet, étend aux diverses heures du jour les louanges et actions de grâce qui
sont offertes à Dieu dans la célébration de l’Eucharistie ; les supplications
de l’Eglise sont adressées au Christ et par lui au Père, au nom du monde entier
» (Rituel de l’Eucharistie en dehors de la Messe, n. 95 et 96).

6. – Trois remarques pour un discernement
Les trois remarques qui suivent entendent contribuer à soutenir le discernement
ecclésial qui sera toujours nécessaire mais qui l’est d’autant plus que nous
sommes dans un temps où beaucoup de jeunes et de moins jeunes sont peu
conscients des grands équilibres théologiques nécessaires à une vie spirituelle
authentique. On peut se souvenir en effet, que les grandes querelles du passé
sur les questions de vie spirituelle, par exemple les débats sur l’oraison au
XVIe ou sur la grâce au XVIIe siècle, nous rappellent l’importance décisive de
la relation entre théologie et vie spirituelle.

61.- Un risque d’instrumentalisation
Comme toute la liturgie, l’adoration eucharistique fait l’objet actuellement
d’un risque que l’on peut désigner par le terme d’« instrumentalisation ». Par
ce mot, on vise l’utilisation d’une pratique liturgique en vue d’un but,
éventuellement tout à fait louable, mais qui n’est pas intrinsèque à la
pratique elle-même. Le risque apparaît lorsque l’exposition du Saint-Sacrement
est destinée à créer une ambiance, à donner du poids à une manifestation ou
encore à favoriser le recueillement que l’on juge difficile à obtenir
autrement. Faut-il par exemple associer la célébration du sacrement de la
réconciliation avec l’exposition du Saint-Sacrement ou encore prévoir
systématiquement l’adoration permanente durant un grand rassemblement de jeunes
? On doit noter que ce risque concerne tout autant la célébration de
l’Eucharistie elle-même que l’on mobilise aussi bien pour enterrer - plus
solennellement ? - un homme d’Etat ou pour créer un événement à l’occasion
d’une rencontre.
Là encore, le Rituel de l’Eucharistie en dehors de la Messe est particulièrement
éclairant : « La piété qui pousse les fidèles à pratiquer l’adoration de la
sainte Eucharistie, les attire à participer plus profondément au mystère pascal
et à répondre avec reconnaissance au don du Christ qui, par son humanité, ne
cesse de répandre la vie divine dans les membres de son Corps. En s’attardant
auprès du Christ Seigneur, ils jouissent de son intime familiarité, et, devant
lui, ils épanchent leur coeur pour eux-mêmes et pour tous les leurs, ils prient
pour la paix et le salut du monde. En offrant leur vie entière au Père avec le
Christ dans le Saint Esprit, ils puisent dans cet admirable échange un
accroissement de leur foi, de leur espérance et de leur charité. Ils
entretiennent donc ainsi les bonnes dispositions qui leur permettent d’avoir
toute la dévotion voulue pour célébrer le mémorial du Seigneur et recevoir
fréquemment ce pain que le Père nous donne » (Rituel de l’Eucharistie en dehors
de la Messe, n. 80).
La visée profonde de l’adoration eucharistique est donc d’alimenter la vie
théologale par un contact étroit avec la personne du Christ Sauveur. Que cette
pratique favorise une expérience de la prière, c’est bien évident. Et c’est
sans doute ce qui fait son attrait aujourd’hui dans un temps où le combat de la
prière est rude. Mais il serait risqué de confondre le but avec des effets
seconds. De plus, dans le cas de l’adoration eucharistique, cette attitude
risque de creuser la distance entre l’adoration et la célébration qui en est la
source, au risque de favoriser des conceptions matérialistes de la présence
déliées de la dimension croyante si fortement affirmée par un Thomas d’Aquin.
Par ailleurs, pour éviter la confusion entre la célébration des sacrements et
ces pratiques de dévotion, il convient d’éviter d’associer trop étroitement,
voire d’intégrer dans une même démarche les deux aspects (par exemple un moment
d’adoration à l’intérieur de la célébration de la Messe) car chaque acte
liturgique doit être respecté dans sa dynamique propre.

62.- La manifestation d’une requête d’identité
Le renouveau de cette pratique en notre temps est lié à une hyper-sensibilité à
la présence réelle. Dans un monde où les identités religieuses sont mises à
rudes épreuves par le spectacle de la confrontation parfois violente de groupes
se réclamant d’idéaux religieux – un journal a titré récemment que l’école était
« malade de la religion » – la recherche de marqueurs d’identité est forte. La
confrontation permanente avec les autres religions valorise des marqueurs
symboliquement forts et extérieurement repérables de l’identité catholique.
Chez beaucoup de jeunes catholiques actuellement, l’Eucharistie, le Pape et la
Vierge Marie, constituent trois marqueurs d’identité. On connaît la dévotion
exprimée sous la forme des trois blancheurs. L’adoration eucharistique comme le
culte marial et l’attachement à la personne du Saint-Père participent de cette
volonté d’assurer et de manifester l’appartenance catholique. Pour que le culte
du Saint-Sacrement garde toute sa force, il convient donc de réfléchir à la
manière dont nos liturgies permettent de construire ces appartenances au Corps
de l’Eglise.

63.- Pour une attitude oecuménique
L’adoration eucharistique fut dans le passé surtout le signe des différences
confessionnelles entre les chrétiens. Il est important de ne pas l’oublier pour
être conforme à l’engagement oecuménique réaffirmé solennellement par le Pape
Jean Paul II dans l’encyclique Ut unum sint. On doit rappeler que cette
pratique, contestée par les réformateurs du XVIe siècle, n’appartient pas à la
pratique et à la sensibilité des églises orthodoxes.
Il ne faudrait pas voir dans l’attrait exercé par cette forme de dévotion sur
beaucoup de catholiques et notamment les plus jeunes, la marque d’une attitude
anti-oecuménique.
Mais précisément, parce que dans le monde actuel, les identités sont fragiles,
il convient de veiller à ce que les pratiques liturgiques et dévotionnelles ne
deviennent pas séparatrices, que les identités se construisent positivement et
non négativement. C’est à cette mesure que l’adoration eucharistique gardera sa
nature d’extension dévotionnelle de la célébration permettant d’approfondir la
réponse au don que Jésus a fait de sa vie sur la croix.
Sur ce point, il est certainement très important aujourd'hui de donner aux
nouvelles générations une formation liturgique solide permettant de saisir le
caractère historique des pratiques. Sans tomber dans le relativisme, il est
essentiel de prendre conscience qu’à chaque moment de son histoire, l’Eglise
sait puiser dans son trésor les vivres dont le peuple chrétien a besoin. Ceci
évite toute absolutisation de telle ou telle pratique.
Comme l’exprimait Mgr Jacques Perrier, évêque de Lourdes : « Nos contemporains
ont besoin de silence mais, simultanément, ils en ont peur. Il faut que leur
silence soit "meublé". Les musiques de fond sont le degré zéro de cette
occupation de l'esprit qui confine au lavage de cerveau. Par le signe
sacramentel de l'eucharistie, le silence n'est pas meublé. Il est habité par
une présence dont le signe matériel ne risque pas d'être pris pour la réalité
elle-même. Nous n'adorons pas un morceau de pain, fût-il aujourd'hui un peu
plus épais et un peu plus doré qu'autrefois.
L'adoration eucharistique des catholiques occidentaux ne peut-elle pas être
rapprochée de la vénération des icônes en Orient et de la Bible ouverte dans
les temples protestants ? »

Conclusion
L'adoration eucharistique est née au Moyen-Age en réponse à un ardent désir
manifesté dans le peuple chrétien, d'un contact prolongé et aimant avec la
présence du Seigneur dans le sacrement de son corps et de son sang. Au cours du
temps, l'Eglise a éprouvé la nécessité de réguler cette pratique comme en
témoigne le Rituel de l'eucharistie en dehors de la messe dont nous avons vu la
profondeur et l’intérêt.
La vigilance de l'Eglise sur cette pratique dévotionnelle tient à l'importance
du mystère auquel elle se réfère. En effet, c'est parce que l'adoration
eucharistique renvoie à la célébration et donc au mystère de l'Eucharistie, que
l'Eglise attache une grande importance à une forme de dévotion dont le Pape Jean
Paul II a rappelé la signification dans plusieurs documents récents.
L'intelligence de cette forme de culte implique notamment de relier sans jamais
les séparer ni les confondre, trois aspects majeurs :
- l'adoration eucharistique est une extension dévotionnelle de la célébration
qui est la forme première et fondamentale du culte que l'Eglise rend à son
Seigneur ;
- l'adoration eucharistique est une manière d'accueillir le don de la présence
du ressuscité - cf. Mt 28,20 : « Je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin
du monde » -, présence du ressuscité qui dépasse la seule présence sous le mode
eucharistique (cf. Constitution sur la liturgie, n. 7) ;
- l'adoration eucharistique s'inscrit dans la dynamique de l'échange sacramentel
où le don de grâce appelle la réponse croyante qui comprend notamment une
dimension éthique comme l'ont bien compris dans le passé les congrégations du
Saint-Sacrement (XVIIe siècle) ou plus récemment des apôtres de la charité
comme Frédéric Ozanam, Charles de Foucauld ou Mère Térésa. Dans un temps de
crise de la transmission et où les habitudes religieuses sont fragilisées, il
est essentiel de donner des repères qui soutiennent cette expression de la foi
qui est en même temps l’une des réponses possibles à la soif spirituelle qui
habite notre temps.

F. Patrick Prétot, osb, Institut Supérieur de Liturgie - Institut Catholique de
Paris

NOTES :
Cf. Mgr J. PERRIER, « L'adoration eucharistique : archaïsme ou actualité ? »,
Lourdes Magazine n. 92, juin 2000 ; ce texte repris sur le site Zenit.org le 21
juin 2000 constituait la base de réflexion d’un colloque sur l'adoration
eucharistique dont les actes ont été publiés dans LMD 225, 2001.
JEAN PAUL II, Lette encyclique Ecclesia de Eucharistia, L'Église vit de
l'eucharistie, Paris, Bayard /
Fleurus-Mame / Cerf, 2003.
PAUL VI, Encyclique Mysterium fidei, Paris, Centurion, 1965.
Cf. EdE n. 10 où le Pape dresse le tableau des lumières et des ombres de la
pratique eucharistique (« Malheureusement, à côté de ces lumières, les ombres
ne manquent pas. Il y a en effet des lieux où l'on note un abandon presque
complet du culte de l'adoration eucharistique »).
Cf. Conc. oecum. de Trente, Sess. XIII, Décret sur la très sainte Eucharistie,
can. 4: DS 1654; La Foi catholique, n. 748.
Cf. Rituale Romanum, De sacra communione et de cultu mysterii eucharistici
extra Missam, p. 36 (n. 80); Rituel de l'Eucharistie en dehors de la Messe, 2e
éd., AELF 1996, p. 67 (n. 80).
Cf. ibid, pp. 38-39 (n. 86-90); Rituel de l'Eucharistie en dehors de la Messe,
pp. 69-70 (n. 86-90).
Jean Paul II, Lettre apost. Novo millennio ineunte, n. 32: AAS 93 (2001), pp.
288; La Documentation catholique 98 (2001), p. 79.
« Qu'au cours de la journée 1es fidèles ne négligent point de rendre visite
au Saint-Sacrement, qui doit être conservé en un endroit très digne des
églises, avec le plus d'honneur possible, selon les lois liturgiques. Car la
visite est une marque de gratitude, un geste d'amour et un devoir de
reconnaissance envers le Christ Notre-Seigneur présent en ce lieu » : Paul VI,
Encycl. Mysterium
fidei (3 septembre 1965): AAS 57 (1965), p. 771; La Documentation catholique 62
(1965), col. 1647-1648.
Cf. S. AUGUSTIN, De genesi ad litteram., XI, 15, 20; PL 34, 437.
On entend parfois la phrase choc : « Jésus a dit "prenez et mangez", il n’a
pas dit "prenez et adorez" » ; ce type de référence aux Ecritures, qui s’appuie
sur des silences, est certainement insuffisant pour être vraiment pertinent : on
pourrait faire dire au Christ beaucoup de choses par ce genre de procédé.
VATICAN II, Constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum Concilium, dans
Le Concile Vatican II,
Edition intégrale définitive, préf. G. ALBERIGO, trad. R. WINLING, Paris, Cerf,
Coll. « Le magistère de
l’Eglise », 2003, p. 16-17.
Ibid., chapitre II : Le saint mystère de l’Eucharistie, n. 47 à 58, p. 29-33 ;
n. 48, p. 29.
Cf. par exemple, La vie eucharistique de l’Eglise, Cours et conférences des
Semaines Liturgiques, t. XII, Liège, 1934, Louvain, Abbaye du Mont-César, 1935,
notamment Dom B. CAPELLE, « La hiérarchie des actes eucharistiques », p. 42 et
E. DUMOUTET, « Le culte de la sainte réserve et son développement », p. 86-88
qui se fait l’écho de la tension tout en essayant de penser un lien possible
entre liturgie et adoration.
Catéchisme de l'Église catholique, n. 1085.
JEAN PAUL II, Lette encyclique Ecclesia de Eucharistia, L'Église vit de
l'eucharistie, n. 11.
Cf. Conc. oecum. de Trente, Sess. XIII, Décret sur la très sainte Eucharistie,
can. 4: DS 1654; La
Foi catholique, n. 748.
Cf. Rituel de l'Eucharistie en dehors de la Messe, 2e éd., AELF 1996, n. 80,
p. 67.
19 Cf. JEAN PAUL II, Lette encyclique Ecclesia de Eucharistia, L'Église vit de
l'eucharistie, n. 25.
Ibid., n. 29.
Cf. P.-M. GY, « L’office du Corpus Christi, oeuvre de S. Thomas d’Aquin », RSPT
69, 1985, 314-347, repris dans P.-M. GY, La liturgie dans l’histoire, Paris,
Cerf/Saint6paul, 1990, 223-243 qui met en évidence la résistance de saint
Thomas à l’égard de la théologie de la présence eucharistique, largement reçue
depuis le XIIe siècle, exprimée en termes de presentia corporalis (cf. ibid.,
p. 240-242) : « cette notion gêne saint Thomas parce qu’elle lui paraît liée à
une localisation » (ibid., p. 242).
Jean Paul II, n. 14.
Cf. J.-M. R. TILLARD, L’eucharistie, pâque de l’Eglise, Paris, Cerf, coll. «
Unam Sanctam », 44, 1964; F.-X. DURRWELL, L’eucharistie, présence du Christ,
Paris, Ed. Ouvrières, 1971; L’Eucharistie, sacrement pascal, Paris, Cerf, 1980;
G. MARTELET, Résurrection, eucharistie et genèse de l’homme, Paris, Desclée,
1972; R. JOHANNY, L’eucharistie, chemin de résurrection, Paris, Desclée, 1974.
PAUL VI, Mysterium fidei, n. 46-55, La Documentation catholique 62, 1965, col.
1633-1651.
CONCILE DE TRENTE, “Décret sur la très sainte Eucharistie”, ch. 4 et canon 2,
dans DENZINGER, Symboles et définitions de la foi catholique, sous la dir. de
P. HÜNERMANN et J. HOFFMANN, Paris, Cerf, 1997, n. 1642, p. 440 et Canon 2, n.
1652, p. 443-444.
B. SESBOÜE, « Eucharistie : deux générations de travaux », Etudes 355/7,
juillet 1981, p. 109, qui cite F.-X. DURRWELL, L’eucharistie sacrement pascal,
op. cit., p. 50.
SACREE CONGREGATION DES RITES, Instruction Eucharisticum mysterium du 25 mai
1967, AAS 59,
1967, 539-573 ; DC 64, 1967, 1091-1122 ; cf. J.M. R. TILLARD, LMD 91, 1967,
45-63.
Rituel de l’Eucharistie en dehors de la Messe, publié à Rome le 21 juin 1973
(Ordo de sacra communione et de cultu eucharistici extra missam), et dont une
1e version française, approuvée le 5 janvier 1978, a été publiée en 1983 et une
seconde le 26 mai 1996, Desclée-Mame 1996 (avec les modifications dues au Code
de 1983).
Cf. Mgr J. PERRIER, « L'adoration eucharistique : archaïsme ou actualité ? »,
Lourdes Magazine n. 92, juin 2000..
Cf. l'analyse des évêques de France dans la Lettre aux Catholiques de France
de 1996.


Voir aussi ; Cf. Mgr J. PERRIER, « L'adoration eucharistique : archaïsme ou
actualité ? », Lourdes Magazine n. 92, juin 2000 ; ce texte repris sur le site
Zenit.org le 21 juin 2000 constituait la base de réflexion d’un colloque sur
l'adoration eucharistique dont les actes ont été publiés dans LMD 225, 2001.

FRANCE/LOURDES/EUCHARISTIE: "NE NOUS NE PRIVONS PAS"
Réflexions de Mgr Perrier sur l'adoration eucharistique

ROME, mercredi 21 juin 2000 (ZENIT.org) - "L'adoration eucharistique : archaïsme
ou actualité ? ", c'est la question que pose d'emblée Mgr Jacques Perrier,
évêque de Tarbes et Lourdes et président du Comité français pour le Jubilé,
dans une réflexion sur l'adoration eucharistique publiée dans le numéro 92
(juin 2000) de "Lourdes Magazine".

Colloque à Lourdes
En effet, Lourdes organise, aujourd'hui 21 et demain 22 juin un Colloque sur ce
thème, qui correspond aussi à l'actualité romaine du Congrès eucharistique
international, accompagné de l'adoration perpétuelle dans les basiliques et de
nombreuses églises romaines. Samedi soir, 24 juin, les jeunes prépareront les
JMJ par une nuit d'adoration à Saint-Jean-du-Latran. Mgr Perrier analyse les
raisons du renouveau de l'adoration eucharistique et rapproche cette tradition
occidentale de la vénération des icônes en Orient ou de la Parole de Dieu dans
la tradition protestante. Nous reprenons le texte publié par Lourdes Magazine.
Les intertitres sont de la rédaction.

"L'adoration eucharistique : archaïsme ou actualité ?"


Engouement pour l'adoration eucharistique
"Il serait hypocrite de prétendre n'avoir aucune idée sur les raisons de cet
engouement (relatif !) pour l'adoration eucharistique. Certains chercheront ces
raisons dans le passé. Je préfère les chercher dans l'aujourd'hui : j'en vois
plusieurs. Une des fonctions du colloque sera de les critiquer, de les
illustrer, de les compléter.

La primauté de l'eucharistie est une sorte d'exclusivité
L'adoration eucharistique est un fruit du primat donné à la célébration
eucharistique. Les liturgistes déplorent le fait que, non seulement pour
l'opinion qui appelle "messe" tout office religieux, mais pour les catholiques
fervents, l'eucharistie soit devenue la seule forme de prière commune. La
primauté de l'eucharistie est une sorte d'exclusivité. Espérons que cette
manière de faire sera nuancée, sans que l'eucharistie en soit dévaluée. Mais si
nous prenons en compte les évolutions "longue durée", l'eucharistie occupe
aujourd'hui encore, pour le plus grand nombre, presque tout le champ :
l'adoration, en prolongement de la célébration, en est une suite. Cela n'est
pas scandaleux même si nous souhaitons que les chrétiens découvrent et
pratiquent d'autres formes de prière commune, comme la liturgie des heures.

Le silence n'est pas individualiste
Il est beaucoup reproché à nos célébrations d'être trop bavardes, cette remarque
ne visant pas seulement les sermons. Les pauses de silence sont brèves : il est
difficile de "s'y mettre". A peine entrés, nous sommes déjà sortis. Les
liturgistes rappellent d'ailleurs que les célébrations ne doivent pas être
interrompues. La liturgie est une action qui va son chemin. Mais le besoin de
silence existe. Et le silence n'est pas individualiste : les retraites en
silence tissent des liens très forts.

Adoration eucharistique, vénération des icônes et de la Bible
La troisième remarque s'enchaîne à la précédente. Nos contemporains ont besoin
de silence mais, simultanément, ils en ont peur. Il faut que leur silence soit
"meublé". Les musiques de fond sont le degré zéro de cette occupation de
l'esprit qui confine au lavage de cerveau. Par le signe sacramentel de
l'eucharistie, le silence n'est pas meublé. Il est habité par une présence dont
le signe matériel ne risque pas d'être pris pour la réalité elle-même. Nous
n'adorons pas un morceau de pain, fût-il aujourd'hui un peu plus épais et un
peu plus doré qu'autrefois. L'adoration eucharistique des catholiques
occidentaux ne peut-elle pas être rapprochée de la vénération des icônes en
Orient et de la bible ouverte dans les temples protestants ?

Le voyage vers l'intérieur
L'adoration eucharistique me semble aujourd'hui opportune pour caractériser la
spiritualité proprement chrétienne. La prière chrétienne est sous le signe du
dialogue, du face-à-face, de l'alliance. L'union n'est pas l'anéantissement du
croyant. Le voyage vers l'intérieur n'est pas la recherche des énergies
spirituelles qu'il suffirait de libérer. Or nous savons la séduction de ces
méthodes d'intériorité, plus psychologiques que proprement religieuses.

L'adoration et les jeunes
L'adoration eucharistique n'est pas la panacée. Elle comporte sûrement ses
dangers, du moins ses limites. Mais elle est une piste praticable, en
particulier par les jeunes et tant de gens qui disent "ne pas savoir prier". Ne
nous en privons pas. Ne les en privons pas."
ZF00062106

De même le n° 329 de la Revue Célébrer sur l’adoration eucharistique

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